Alors que le nombre de cas positifs à la Covid-19 atteint des sommets en France, et particulièrement dans le Val-d’Oise, le gouvernement garde les établissements scolaires ouverts. Les enseignants dénoncent un protocole sanitaire contraignant et une école au « bord de la rupture ». À ce titre, des syndicats de professeurs appellent à la grève nationale, ce jeudi 13 janvier.

Le Val-d’Oise bat le triste record du plus haut taux d’incidence jamais enregistré en France métropolitaine, avec ses 4 043 cas positifs pour 100 000 habitants, selon Santé publique France. La faute au variant Omicron, « plus contagieux », pointe du doigt Olivier Véran, ministre de la santé, qui représente 95 % des contaminations dans le département. Malgré cette cinquième vague, le gouvernement veut maintenir les écoles ouvertes, « quoiqu’il en coûte », au regret du syndicat des enseignants SNUIPP. « Ce n’est juste plus possible » pour ces derniers qui appellent à un mouvement de grève nationale ce jeudi.
 
Ils dénoncent le protocole sanitaire actuellement en vigueur dans les établissements scolaires. Et pour cause, celui-ci ne prévoit plus la fermeture systématique des classes élémentaires dès la détection de trois cas positifs, comme cela était le cas avant les fêtes. Aujourd’hui, lorsqu’un élève est positif, tous ses camarades doivent se faire tester trois fois. Tant que ces derniers apparaissent négatifs, l’élève peut retourner en cours. Jean-Michel Blanquer a décidé d’alléger le protocole en autorisant, depuis mardi 11 janvier, l’usage des autotests à la place des antigéniques et des PCR, imposés auparavant lors du premier test. De plus, les élèves cas contacts peuvent maintenant rester en classe jusqu’à l’heure de la sortie scolaire.
 

469 contaminations confirmées de personnel

L’annonce est insuffisante pour les syndicats d’enseignants qui maintiennent leur mobilisation nationale prévue demain. Une grève qui s’annonce très suivie, les militants ayant estimé que 75 % des instituteurs vont y participer. Le corps enseignant est « au bord de la rupture » et se sent « méprisé » par ces « nouvelles règles qui arrivent constamment », explique Nolwenn Clark, institutrice valmondoise. « On a des classes gruyères avec plusieurs enfants absents qui ne sont jamais les mêmes. On ne peut pas enseigner dans ces conditions », regrette celle qui préférait l’ancien protocole pour éviter les contaminations des élèves et enseignants.
 
Dans l’école élémentaire où elle travaille, « trois de [ses]collègues sur cinq sont malades. Il n’y a pas de remplaçant donc les classes doivent fermer ». Cette situation est loin d’être marginale. D’après l’académie de Versailles, à peine quatre jours après la rentrée scolaire, 1801 classes étaient déjà fermées dans les départements du Val-d’Oise, des Yvelines, de l’Essonne et des Hauts-de-Seine. Au même moment, la circonscription comptait 6 644 cas positifs d’élèves, ainsi que 469 contaminations confirmées de personnel.
 

« La pédagogie ne s’improvise pas »

Pour Dominique Oudot, professeur au lycée Camille Claudel, à Vauréal, la « crise sanitaire vient accentuer des problèmes qui existaient déjà », en exacerbant le « manque structurel d’enseignant ». Selon le syndicat national des enseignements de second degré (SNES), dont Dominique Oudot est co-secrétaire, 7 490 postes d’enseignants dans les collèges et lycées ont été supprimés depuis 2018. De quoi expliquer les difficultés de remplacements en France durant ce temps de crise sanitaire. « 8 % des professeurs sont actuellement absents », a indiqué ce mardi, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, au micro de France 2.
 
Le manque de moyens et de matériels pour affronter sereinement cette cinquième vague participe notamment à la déstabilisation des établissements scolaires. « On demande des masques FFP2, des purificateurs d’air, des autotests, etc. pour assurer notre sécurité », explique le syndiqué vauréalien. « On doit improviser alors que la pédagogie ne s’improvise pas. Cela renforce le stress chez les familles et les élèves », ajoute-t-il. Même problème pour l’institutrice Nolwenn Clark qui se voit seulement fournir des masques en tissus par la direction. Pour y remédier, l’Éducation nationale dit avoir commandé 55 M de masques chirurgicaux afin d’équiper les personnels, avec des premières livraisons prévues pour la mi-janvier.