Air France va quitter en 2026 l’aéroport d’Orly et regrouper ses vols à Paris-Charles-de-Gaulle. Un coup dur pour les Valdoisiens qui habitent sous les couloirs aériens et qui réclament une diminution des vols pour limiter les nuisances liées au bruit et la pollution.

Ce n’est pas une bonne nouvelle pour les riverains de l’aéroport de Roissy. La compagnie Air France vient d’annoncer qu’elle va quitter en 2026 l’aéroport d’Orly et reporter ses vols… sur Paris-Charles-de-Gaulle. Les liaisons d’Air France vers Pointe-à-Pitre, Fort-de-France, Saint-Denis de La Réunion, mais aussi Toulouse, Marseille et Nice ne seront plus opérées depuis Orly. Ces destinations seront alors desservies par la compagnie à bas coût d’Air France, Transavia, qui restera sur l’aéroport historique d’Orly.

 

« La nouvelle est un choc »

 

Pour les Valdoisiens qui habitent sous les couloirs aériens de Roissy, cela signifie davantage de trafic, de bruit et de pollution. Pour Françoise Brochot, présidente de l’Advocnar (Association de Défense contre les Nuisances Aériennes), un collectif de riverains qui réclame un plafonnement des vols et un couvre-feu la nuit, « la nouvelle est un choc. On n’avait pas besoin de ça » tonne l’habitante de Soisy-sous-Montmorency (Val d’Oise). Le 9 mai dernier, associations de riverains et élus avaient alerté le ministre des Transports, Clément Beaune, pour faire baisser le trafic de 500.000 mouvements d’avions en 2019 à 440.000, soit une baisse de 13%. Le ministre avait promis d’étudier les différents scénarios de plafonnement des vols, et la mise en place d’un couvre-feu, comme cela est déjà le cas à Amsterdam.

 

« Ce n’est pas cohérent avec la promesse de Clément Beaune »

 

La nouvelle du report des vols d’Orly vers Roissy met en colère l’Advocnar. « Je suis étonné que Clément Beaune laisse faire. Le transfert des vols sur Paris-Charles-de-Gaulle va complètement à l’encontre d’un plafonnement. On part déjà sur une augmentation du trafic au niveau de celui de 2019, et en plus, on nous rajoute des vols supplémentaires ! Il y a vraiment un problème. Ce n’est pas cohérent avec la promesse du ministre ». L’Advocnar travaille avec les associations d’Orly pour connaître l’impact chiffré du nombre de vols supplémentaires que va engendrer la décision d’Air France. L’association a déjà demandé un rendez-vous avec la directrice générale d’Air France, Anne Rigail, « pour avoir des éléments factuels ».

 

« On veut évidemment des restrictions la nuit, mais aussi de jour »

 

Concernant les différents scénarios de plafonnement promis par Clément Beaune en mai dernier, « des lettres de mission ont bien été envoyées aux Préfets qui sont chargés de chapeauter les études d’impact. Un cabinet d’études a été désigné et une phase d’audition a été menée en septembre » explique François Brochot. Les compagnies aériennes doivent également être auditionnées pour faire des propositions. Concernant Roissy, la présidente de l’Advocnar estime qu’une réunion de restitution pourrait se tenir autour du mois de novembre. L’association s’est d’ailleurs étonnée que les propositions de restrictions concernaient essentiellement les vols de nuit. « On veut évidemment des restrictions la nuit, mais aussi de jour. Il semble qu’il y a eu quelques déperditions entre la lettre de mission du ministre et le questionnaire que l’on a reçu », indique Françoise Brochot.

 

Le combat continue

 

Du côté des élus, le sénateur socialiste Rachid Temal s’est étonné de la décision d’Air France sur son compte X (ex-Twitter) : « les riverains ne peuvent pas être les variables d’ajustement de stratégie d’entreprise ». Le sénateur a d’ailleurs déposé un texte au Sénat qui prévoit « le couvre-feu et la limitation du nombre de rotations d’avions ». Lors d’une question au gouvernement sur « le respect de ses engagements », Rachid Temal a constaté que la réponse de l’exécutif « n’est pas à la hauteur de l’enjeu : protéger la santé et la vie des riverains. Nous allons poursuivre le combat ! »