Malgré un contexte d’inflation « record » et la poursuite d’une politique de désendettement, le département du Val-d’Oise compte augmenter ses investissements en 2023. Cette démarche profitera aux différentes mobilités, aux collèges et à l’aide aux communes. Mais cette enveloppe reste insuffisante aux yeux de la gauche qui parle d’un « rattrapage d’années de sous-investissements ».

La voie de la prudence à nouveau. Dans la continuité des années précédentes, c’est la stratégie affichée par la majorité du conseil départemental lors de la dernière séance plénière au moment de présenter ses orientations budgétaires pour 2023. En cause, selon la présidente (LR) du Val-d’Oise, Marie-Christine Cavecchi, « un contexte particulier » qui forcerait la collectivité à une gestion serrée de ses dépenses.
 
L’inflation « record » et l’explosion du coût de l’énergie et du gaz liée à la guerre en Ukraine n’y sont pas pour rien. La facture pour ces matières est plus chère de 8 M€ par rapport à 2022 et pèse dans le budget de fonctionnement du département. Celui-ci s’établirait à 1,22 Md€ cette année, compte-tenu également des diverses revalorisations salariales. Pour autant, c’est bien au domaine de la solidarité et du social, qui comprend le versement du RSA, que sera consacré plus de la moitié des dépenses de fonctionnement : un total de 715,5 M€, soit une augmentation de 7 % par rapport à 2022.
 

Un désendettement de 22 % en six ans

Le département pointe aussi du doigt les effets des réformes de la fiscalité, en particulier la suppression progressive de la taxe d’habitation. « L’architecture fiscale globale ne nous laisse que très peu de leviers désormais », regrette Marie-Christine Cavecchi qui se soucie, en amont, du désendettement du Val-d’Oise. Après avoir dépassé le milliard de dette en 2015 et 2016, la majorité veut avant tout s’en défaire. Une « stratégie financière vertueuse », comme le définit le vice-président délégué aux finances, Yannick Boëdec, qui a permis un désendettement de 21,7 % entre 2016 et 2022 (784 M€ de dette l’année dernière).
 
Cette vigilance a notamment été saluée par l’agence financière Fitch qui a donné au Val-d’Oise la note de « AA + », signe d’une santé financière et d’une bonne capacité de désendettement. « Cette note ne doit pas être l’alpha et l’oméga », souligne de son côté Cédric Sabouret qui siège à l’opposition. Et à l’élu de gauche de dénoncer une stratégie de désendettement comme seul fil directeur, en dépit des investissements : « nous ne sommes pas une entreprise mais une collectivité qui a pour mission les services publics dans un département avec des déséquilibres territoriaux ».
 

60 M€ pour les collèges

Pour autant, le conseiller départemental Yannick Boëdec dit vouloir poursuivre une politique de désendettement moins « prononcée » en 2023, histoire de favoriser les investissements. La majorité compte débloquer 230 M€, soit 32 M€ de plus qu’en 2022. Une démarche qui entre dans le cadre d’un plan pluriannuel d’investissement d’1,6 md € sur les années 2022-2028, voté il y a un an, dont les principaux bénéficiaires sont les collèges. Ces derniers devraient profiter d’une enveloppe de 60 M€, tandis que le plan vélo devrait être accéléré grâce à un budget de 5 M€. Le Val-d’Oise souhaite également aider les communes grâce à un fonds d’aide à l’investissement à hauteur de 30 M€.
 
« Les investissements proposés aujourd’hui ne sont rien d’autres que des investissements de rattrapage de ce qui n’a pas été fait ces dernières années », considère Cédric Sabouret, qui salue tout de même la stabilité financière du département. Il met notamment en évidence le manque de propositions en faveur de la transition écologique, ce qui « pourrait nous mettre dans une situation difficile ». L’élu siégeant à l’opposition n’en dira pas beaucoup plus mais compte bien intervenir « plus longuement » le jour du vote du budget, soit le 31 mars prochain.