En grève depuis le début du mois de janvier, une dizaine d’employés de cet établissement pour personnes âgées continue de dénoncer des conditions de travail « toxiques » et le manque de moyens matériels pour assurer la qualité des soins. La direction, quant à elle, conteste les accusations dont elle fait l’objet.

Le piquet de grève est planté depuis un mois au sein de l’Ehpad du château de Neuville-sur-Oise. Près de dix agents de l’établissement, principalement des infirmières, se relaient toujours devant les grilles pour dénoncer les méthodes de management de la direction « violentes » et « toxiques ».
 
Soutenus et épaulés par la CGT, ils avancent des revendications plus précises qu’au début du mouvement. Si au départ, les manifestants revendiquaient essentiellement « de pouvoir travailler tranquillement » et de ne plus subir des « plannings anarchiques », ces derniers demandent aujourd’hui plus de moyens matériels pour prendre soin des patients, une revalorisation salariale, ainsi que le recrutement de nouveaux salariés.
 

« Nous sommes dans une maltraitance organisée »

D’après Siham Touazi, infirmière au sein de cet Ehpad depuis 12 ans, la direction prône « une rationalisation des coûts du personnel et des matières premières ». « Il y a un retentissement sur les résidents », regrette celle qui dit découvrir la culture de la lutte sociale par la force des choses. Selon cette dernière, une infirmière peut se retrouver seule plusieurs heures à gérer une centaine de résidents, par manque de personnel. Une situation qui « pousse à la faute professionnelle », dépeint l’employée. « Nous sommes dans une maltraitance organisée », surenchérit-elle.
 
Dans une lettre distribuée aux Neuvillois le 18 janvier dernier, la directrice de l’établissement, Delphine Demazière, s’excuse de la « gêne occasionnée par la grève ». Elle s’y défend en soulignant « que les salariés se sont vus offrir depuis plusieurs années des plannings répondant à leurs contraintes personnelles plus qu’aux nécessités de l’établissement, accompagnés de conditions salariales nettement au-dessus des conditions conventionnelles ».
 
Ajoutant que la maison pour personnes âgées est sous tension depuis le début de la crise sanitaire, la gestionnaire indique que « l’activité subit un sérieux ralentissement ». « Deux unités sont aujourd’hui fermées, ce qui correspond à une perte d’activité de près de 46 lits sur les 142 lits que compte l’Ehpad », explique cette dernière. De fait, leur marge de manœuvre serait « plus que minime s’agissant des revendications salariales ».
 

Une troisième rencontre entre les deux parties prévue le 2 février

D’autant plus qu’aux yeux de Delphine Demazière, « la pression qui est faite, nourrie de propos diffamants, ne [leur]laisse pas d’autres choix que d’endurer cette situation ». Tout en assurant que le dialogue social demeure ouvert, la direction dénonce « cette manière de procéder de la part des grévistes » et « conteste en bloc les accusations de mépris et de malveillance dont [elle est]l’objet ». En une trentaine de jours, la direction et les salariés contestataires ne se sont donné rendez-vous qu’à deux reprises.
 
Dernière rencontre en date, ce lundi 31 janvier, en présence de l’inspection du travail. « Le climat était tendu », révèle la salariée Siham Touazi. Résultat, une étude sur les risques psychosociaux doit être réalisée tout comme les formations et les congés payés doivent dorénavant être honorés. Pourtant, la gréviste garde un goût amer puisque les négociations n’ont pas pu aboutir à de meilleurs plannings. « On n’a clairement rien gagné. Il y a seulement un peu de droit et de légalité qui ont été rétablis, le reste on a rien obtenu », désespère Siham Touazi qui n’abandonne pas le piquet de grève. Et ce, « au moins jusqu’à ce mercredi », jour où les deux partis doivent à nouveau voir l’inspection du travail.