Le mouvement social porté par 7 salariées de cet établissement privé a pris fin ce lundi 16 mai. S’il se solde par des ruptures conventionnelles, elles estiment avoir joué un rôle de « lanceuses d’alerte ».

133 jours. C’est le temps qu’aura duré le mouvement de grève lancé le 3 janvier dernier par des soignantes de l’Ehpad privé du château de Neuville-sur-Oise, avant d’arriver à un dénouement le lundi 16 mai. Faute d’obtenir des avancées sur leurs revendications, les salariés vont quitter l’établissement à travers des ruptures conventionnelles, après validation par l’inspection du travail. « La situation de pourrissement était telle qu’il était impossible pour nous de revenir », juge Siham Touazi, infirmière dans l’établissement depuis 12 ans.

 

Initialement au nombre de dix, puis passé au nombre de sept, les salariés, infirmières mais aussi aides-soignantes, dénonçaient une direction exerçant un management « violent », des conditions de travail « toxiques », et une « maltraitance organisée ». Selon elles, l’établissement prônait notamment « une rationalisation des coûts du personnel et des matières premières ».

 

Le préfet du Val-d’Oise a également joué un rôle dans le dénouement de ce conflit, après le déplacement du président de la République à Cergy Saint-Christophe. Un événement auquel la gréviste s’est rendue, et a pu exprimer ses revendications à Emmanuel Macron. « Le lendemain de sa visite, il a appelé les services de la préfecture pour leur demander où ça en était […] C’est à partir de là que le préfet a commencé à être médiateur », raconte Siham Touazi, également représentante CGT.

 

Les conclusions d’une enquête de l’ARS attendues prochainement

Maigre consolation pour les grévistes, elles peuvent se réjouir d’avoir obtenu le lancement d’une enquête par l’Agence régionale de santé. « L’ARS et le département sont venus enquêter le 4 mars, cette enquête a été longue, avec beaucoup de témoignages des familles. […] Mais les résultats devraient être imminents », fait savoir Siham Touazi.

 

« Nous avons fait notre travail, on a démontré qu’il y avait quelque chose qui clochait dans les Ehpad », estime Siham Touazi. « Nous sommes des lanceuses d’alerte nous étions en grève 15 jours avant la sortie du livre ‘Les fossoyeurs’ [enquête sur la gestion des Ehpad du groupe Orpéa, ndlr] ». « On donne de l’argent public à des établissements à but lucratif et on ne leur demande pas de rendre des comptes sur la prise en charge de leurs résidents, sur le management, sur la qualité, sur la qualité des soins », ajoute l’infirmière.

 

Quant aux perspectives, celle-ci explique que les 7 futures ex-salariées de l’Ehpad du Château sont « éprouvées physiquement et psychologiquement ». « Nous avons besoin de nous poser, nous poser les bonnes questions. ‘Est-ce qu’on a encore envie de refaire ce métier ?’ On ne sait pas », conclut Siham Touazi.