Outre le Vexin qui réunit le plus de communes l’ayant placée en tête, Marine Le Pen s’affirme aussi dans l’est du département, et notamment au sein de la 9e circonscription (cantons de Gonesse, Goussainville et Luzarches). Pour les élus de ce territoire, le résultat de ce scrutin relève plutôt de la « contestation » que de l’adhésion à l’extrême-droite.

36. C’est le nombre de communes val-d’oisiennes qui ont plébiscité la candidate Marine Le Pen pour présider le pays, soit plus du triple que lors de la dernière élection. Malgré une franche victoire dans le département du désormais réélu Emmanuel Macron, avec ses 66,15 % de voix, sa principale adversaire peut se targuer d’avoir gagné six points de plus comparé à 2017. Une avancée qui se vérifie d’autant plus au niveau national puisque l’extrême-droite a obtenu au soir du second tour son meilleur score pour une élection présidentielle (41,5 %).
 
« Nos idées ne cessent de progresser et n’ont jamais été aussi fortes », s’est récemment félicitée la fédération RN du Val-d’Oise sur son compte twitter. Et force est de constater qu’aussi bien dans les villes où Marine Le Pen arrive en tête que dans celle où elle est battue, ses résultats s’améliorent. C’est le cas dans 171 communes du département sur les 184 qui le constituent.
 

« Ici, le vote RN a toujours été important »

La candidate du Rassemblement national a même réussi à récupérer quinze villes qui l’avaient placée en tête il y a cinq ans lors du premier tour mais qui lui avaient fait barrage au second. La moitié de ces communes se situe dans le Vexin, à l’image de Chars, Omerville ou encore Aincourt. Les autres se trouvent plutôt dans l’est du Val-d’Oise, notamment dans la neuvième circonscription qui réunit les cantons de Goussainville, Gonesse et Luzarches. Ces communes ont toutes moins de 5000 habitants, preuve de l’ancrage rural de Marine Le Pen, autant à l’échelle de l’hexagone qu’à celle du Val-d’Oise.
 
Celle de Roissy-en-France, forte d’environ 3 000 âmes, en fait partie. Logée à équidistance entre l’aéroport international Paris CDG et Vaud’herland, bastion où le score frontiste a été le plus important du Val-d’Oise (82,05 %), la ville est plutôt « à l’aise économiquement, avec de bons services publics », glisse son maire (SE), Michel Thomas. « Ici, le vote RN a toujours été important. Il y a certains thèmes de campagne qui ont reçu bon accueil, tels que la retraite, le pouvoir d’achat et la sécurité », indique l’édile. Et d’ajouter que le résultat de Marine Le Pen (52,24% au second tour) ne serait pas la marque d’un rejet du parti En Marche mais plutôt celui de son président, Emmanuel Macron.
 

« Le défi est de diminuer cette défiance vis-à-vis des politiques »

Au contraire, pour le maire de Fontenay-en-Parisis, Roland Py (SE), ce rejet serait le fait d’une ambiance générale. Le vote est aussi souvent donné à l’extrême-droite dans cette commune de 2 000 âmes, si bien qu’elle a gagné 11,5 points entre les présidentielles de 2017 et de 2022 (52,2%). La ville ayant connu un renouvellement de la population il y a une dizaine d’années, composée en partie de personnes « fuyant les quartiers urbains », les Fontenaysiens sont de nouveaux propriétaires qui « se font du souci par rapport à la délinquance ». Les caméras de surveillance installées à leur demande au sein de l’espace public en témoignent. « C’est plus le symptôme d’un mal-être que du militantisme », suppose Roland Py.
 
« C’est un vote de contestation plutôt que d’adhésion », surenchérit Zivka Park (LREM), députée de la 9e circonscription. Balayant d’un revers la responsabilité du parti dans la progression de l’extrême-droite à l’échelle du département et de l’État, la marcheuse parle d’une exaspération de la population depuis « longtemps ». Si elle considère qu’il n’y a pas plus de raison de voter Marine Le Pen ici qu’ailleurs, Zivka Park juge essentiel que son parti continue à « expliquer, convaincre et échanger » avec les habitants. Un constat partagé par Emmanuel Macron, lui qui s’est rendu au marché cergyssois de Saint-Christophe, ce mercredi 27 avril. « Le défi de demain est d’essayer encore une fois de diminuer cette défiance vis-à-vis des politiques », admet celle qui se porte à nouveau candidate pour les prochaines élections législatives.