Le syndicat Sud Santé du groupe hospitalier Carnelle Portes de l’Oise se mobilise contre la fusion administrative annoncée de l’ensemble des sites du GHT NOVO. Pensée pour éviter les « lourdeurs bureaucratiques » par la direction, les grévistes s’inquiètent des possibles « mutations des salariés » et d’une « perte de l’offre de soin de proximité » à venir.

Ils ne sont pour l’instant que quelques-uns à suivre l’appel à la grève générale, lancé par le syndicat Sud Santé du Groupe Hospitalier Carnelle Portes de l’Oise. Le secrétaire départemental adjoint, Laurent Picon, reste confiant et espère qu’il y aura un effet boule de neige. « Nous avons aussi demandé à la CGT et à l’UNSA de nous rejoindre, car on est plus fort à plusieurs. On attend encore leur retour », glisse ce dernier. L’objectif est clair pour le syndicat : s’opposer à la fusion administrative des hôpitaux du GHT NOVO.
 
La direction souhaite rassembler le centre hospitalier de Pontoise (CHRD), le groupement hospitalier intercommunal du Vexin (GHIV) et le groupe hospitalier Carnelle Portes de l’Oise (GHCPO) au sein d’une seule et même entité juridique. Et cela, afin de « supprimer les lourdeurs bureaucratiques induites par la gestion de trois établissements juridiques (…) et de renforcer les filières de prise en charge médicale », soutient la direction. Une fusion qui fera de cette nouvelle structure, « l’un des plus grands hôpitaux français hors CHU, avec un budget annuel de 511M d’€ », argue-t-elle.
 

« Offrir une réponse adaptée aux besoins de la population »

Finalisant un long processus de rapprochement, cette unification « est le fruit d’un cheminement et de collaborations multiples », ajoute le groupe NOVO. Cela fait huit ans que ces trois établissements, composés de six hôpitaux, ont « emprunté un parcours commun ». En 2014, une direction commune et une communauté hospitalière de territoire sont créées, permettant de mutualiser certaines fonctions ou encore d’effectuer des transferts de compétences. Deux ans plus tard, la structure NOVO est érigée.
 
Les services médicaux ainsi coordonnés sur l’ensemble du territoire « ont permis de mieux organiser les prises en charge et d’offrir une réponse adaptée aux besoins de la population », se targue la direction. Selon elle, c’est notamment grâce à la mise en commun des équipes de soin de chaque établissement que le service de chirurgie a pu être consolidé et modernisé. Avant, « cette activité était compromise à l’hôpital de Beaumont-sur-Oise, en raison de départs de médecin ».
 

Une fusion administrative annoncée pour janvier 2023

Loin de partager ce sentiment, le syndicat Sud Santé dénonce cette politique de regroupement. « Nous avons perdu quantité de lits en quatre ans, des services ont disparu en plein covid… », s’inquiète le secrétaire adjoint, Laurent Picon. Pour rappel, l’hôpital de Beaumont a vu son service de réanimation fermer en 2019, ce qui avait entraîné la création d’un comité de défense de l’établissement. « Or, nous sommes dans un bassin de population relativement pauvre qui n’a pas les ressources de se déplacer à Pontoise pour se soigner », pointe Sud Santé qui accuse également une perte de « 300 emplois en quatre ans », par mutation, mise à disposition ou démission, du fait du rapprochement des trois établissements.
 
Goutte d’eau qui fait déborder le vase, la fusion administrative des trois sites hospitaliers voudrait dire plus de « mobilité des agents », soutient le syndicat. Si la direction assure qu’il n’y aura pas de mobilité forcée, Laurent Picon martèle que les employés ont construit leur vie autour de l’hôpital au sein duquel ils travaillent actuellement. Or, affirmant que « dès qu’il y a fusion, il y a des fermetures », ce dernier s’attend de nouveau à « des mutations multiples pour les salariés, une perte d’emplois et d’accès au soin de proximité ».
 
À ce titre, le syndicat Sud Santé ne compte pas s’arrêter à la grève générale. Prenant le rôle de lanceur d’alerte, ces représentants du personnel vont envoyer un courrier au ministre de la Santé, au sénateur et député de la circonscription, ainsi qu’aux maires du bassin de population de Beaumont-sur-Oise. De son côté, la direction du groupement NOVO prévoit de présenter le projet de fusion administrative aux conseils de surveillance des trois établissements de santé en juin prochain. L’objectif fixé est une mise en œuvre à compter du 1er janvier 2023.