Alors que les centres-villes des moyennes et petites communes souffrent toujours plus d’un manque d’attractivité au fil des années, des villes comme Bessancourt et Montigny-lès-Cormeilles engagent des travaux d’aménagement pour y pallier. Diversification des commerces, piétonnisation des rues ou encore extension d’espaces verts sont au programme.

Le maire de Bessancourt, Jean-Christophe Poulet, a peur que le centre-bourg se vide de ses derniers commerces

« On a envie que ce lieu reste fédérateur », souffle Jean-Christophe Poulet, maire (DVG) de Bessancourt. La commune de 7000 âmes se lance dans la restructuration de son centre-ville pour qu’il gagne « en cachet et en valeur ajoutée ». Restauration de l’église Saint-Gervais-et-Saint-Protais, ravalement de la façade de la mairie, création de 130 m² de nouveaux commerces et de 23 logements, extension des espaces verts, etc. L’entreprise devrait s’achever dans six ans, financée par la ville, l’État, la région et le département.
 
« Après ces deux années de crise sanitaire, nous avons compris que les gens veulent retrouver de la proximité et réinvestir leur commune », explique l’édile. Un constat confirmé par le sixième baromètre du centre-ville del’institut CSA qui montre un fort attachement des habitants au centre-ville, et ce depuis plusieurs années. Pourtant, cette même étude indique que 40 % des personnes interrogées trouvent que la qualité de leur centre-ville tend à décliner. Un chiffre en hausse de 10 points par rapport à 2016.
 

Des centres qui souffrent de désertification commerciale

Soucieux d’y pallier, le gouvernement a lancé en 2017 un plan national « Action cœur de ville ». En allouant une enveloppe de 5 Mds d’€ sur cinq ans à 222 collectivités sélectionnées, l’État espère « améliorer les conditions de vie des habitants des villes moyennes et conforter le rôle moteur de ces villes dans le développement du territoire ». Dans le Val-d’Oise, les communes de Persan, Beaumont-sur-Oise et Gonesse ont été retenues.
 
Une aide bienvenue car le manque d’attractivité dont souffrent les communes de moins de 100 000 habitants s’illustre notamment par un taux de vacances des commerces important, qui est passé de 8 % à 12 % en quelques années, d’après le site gouvernemental vie publique. Mis à part Argenteuil, toutes les communes valdoisiennes sont dites de taille moyenne ou petite. « Nous avons peur que si on ne redynamise pas le centre-bourg, il se vide de ses derniers commerces », partage Jean-Christophe Poulet. Et pour cause, plus d’un tiers des personnes ayant répondu au baromètre du CSA affirment que ceux-ci sont primordiaux pour animer un centre-ville.
 

« Cela fait plusieurs années que nous réfléchissons à une refonte »

Cette désertification commerciale s’accompagne bien souvent d’une hausse du chômage, d’un manque d’attrait touristique, d’une baisse des équipements et des services, ou encore d’une diminution du nombre de logements. De quoi inquiéter les municipalités qui souhaitent insuffler « un nouvel élan qui permettra à la ville de connaître un développement positif », partage le maire (MDP) de Montigny-les-Cormeille, Jean-Noël Carpentier.
 

Montigny-lès-Cormeilles n’a pas de centre-ville.

Et le cas ignymontain est bien particulier car il est justement dépourvu d’un cœur de ville, la commune étant traversée en son centre par… la départementale RD 14. Bordé d’enseignes commerciales datant des années 1980, cet aménagement « est un modèle dépassé qui ne répond plus aux attentes des consommateurs », s’inquiète l’élu progressiste. « Cela fait plusieurs années que nous réfléchissons à une refonte », révèle ce dernier, ne cachant pas qu’il souhaite aussi apaiser la circulation automobile.
 
Un tout nouveau centre-ville doit ainsi sortir de terre le long du boulevard Victor Bordier. Faisant la part belle aux piétons et aux mobilités douces, il devrait accueillir 800 logements et de nouveaux services (crèche, cabinet médical, commerces de proximité, groupe scolaire, restaurant, etc.) à horizon 2030, d’après la municipalité. Un projet rendu possible en partie grâce à la participation de l’État qui a alloué à la ville une enveloppe de 2 M€, dans le cadre d’un appel à projets « Repenser la périphérie commerciale ». « Nous sommes dans une phase de concertation avec la population », indique Jean-Noël Carpentier.
 

« On repart dans une spirale négative »

Six ans plus tôt, l’ancienne municipalité de Luzarches, dirigée par l’édile (DVC) Damien Delrue, a multiplié les mesures pour dynamiser le centre-ville de la commune. Ce « maire bulldozer », comme il aimait se surnommer, n’a pas hésité à agiter son droit d’injonction au nez des commerçants et des propriétaires pour les inciter à rénover leur devanture ou à ravaler leur façade. Les rues ont aussi été repavées et plusieurs places de stationnement supprimées, pour « rendre le centre-ville plus chaleureux et accueillant », argue l’ancien adjoint au maire, Eric Richard.
 
Quatre ans après la fin de ces travaux, celui qui siège aujourd’hui dans l’opposition dresse un bilan mitigé. Lui qui n’a pas été reconduit pour un second mandat regrette que la nouvelle municipalité n’ai pas suivi la même politique d’aménagement. « Nous avons à nouveau des commerces qui ferment. On repart dans une spirale négative », regrette l’élu. Parlant des travaux d’aménagement comme d’un « écrin que la ville doit constamment alimenter », il déplore le peu d’événements organisés dans la commune et le manque de diversification de ses commerces. Contacté, l’actuel maire Michel Mansoux n’a pas souhaité répondre.