Opposée depuis près d’une décennie à la construction de logements sociaux sur un terrain boisé dont elle estime qu’il doit être protégé, l’association des Trois Tilleuls, a obtenu gain de cause auprès des juges. De son côté, la mairie compte bien faire appel de cette décision.

Le terrain avait déjà été défriché en 2016, provoquant la colère de l’association.

 

« C’est une excellente nouvelle qui conforte ce qu’on dit depuis le début, se réjouit Yves Blouin, président de l’association des Trois Tilleuls. Depuis l’annonce du projet, l’association Les Trois Tilleuls s’oppose à la commune de Vauréal et au bailleur Domaxis à propos de la construction logements sociaux sur un terrain de la rue Amédée de Caix de Saint-Aymour. Initié par l’ancien maire Bernard Morin, ce projet comptait initialement une cinquantaine de logements avant d’être abaissé à 22 après une première intervention de l’association.

 

Dans son jugement rendu le 2 février dernier, le tribunal administratif de Cergy-Pontoise a annulé le permis de construire accordé à la ville en 2018. Les juges ont estimé que l’opération de défrichage menée en 2016 était illégale. « C’était une opération totalement illégale, car la procédure de défrichement n’a jamais été acceptée et n’aurait jamais pu être acceptée », soutient le président des Trois Tilleuls.

 

« Le moindre mètre carré naturel est précieux ! »

 

Pour les militants, le site possède une valeur écologique non négligeable. « On est sur un emplacement sous trame verte doté d’une faune intéressante qui nécessite donc un renforcement des corridors écologiques. Ici, on y trouve par exemple des chevreuils, des crapauds ou encore des chouettes. En détruisant ce terrain, on coupera cette trame en deux et la biodiversité du secteur sera en danger », affirme Yves Blouin.

 

Si le président de l’association des Trois Tilleuls regrette le défrichage de la zone, « les dégâts » ne sont « pas irréversibles » selon lui : « Ils ont détruit en 48 heures un bois qui a mis 35 ans pour atteindre l’état dans lequel il était. Je crains de ne jamais revoir de mon vivant cette zone telle que je l’ai connue. Le moindre mètre carré naturel est précieux ! »

 

Le permis de construire annulé, l’association espère passer à autre chose et souhaite travailler en collaboration avec la maire afin de trouver un autre terrain sur lequel construire : « On aimerait se mettre autour d’une table avec Madame Couchot à propos des logements sociaux. On travaille notamment sur plusieurs projets de réhabilitation de terrains déjà existants en ville. »

 

La ville prône la mixité sociale

 

« Je suis surprise par la décision du tribunal », confie Sylvie Couchot, maire (DVG) de Vauréal. Mais cette dernière ne compte pas renoncer pour autant  et annonce vouloir faire appel. « Nous avions fait la demande d’une autorisation de défricher à la préfecture mais on nous a répondu que nous n’en avions pas besoin. Et maintenant nous sommes condamnés car on ne possédait pas d’autorisation. Tout cela est kafkaïen,», déclare la maire avec lassitude.

 

Elle rappelle aussi que le terrain est situé en zone constructible dans le plan local d’urbanisme : « Vers 2014-2015, le plan local d’urbanisme avait été approuvé et personne, pas même les Trois Tilleuls, ne nous avait attaqués suite à cette décision. »

 

Pour la maire, ce projet reste un moyen  « d’encourager la mixité sociale » dans la commune. Elle souhaite d’abord construire à cet emplacement pour sa proximité avec une école « dont les effectifs descendent chaque année. » Mais l’urgence selon Sylvie Couchot reste le manque de logements sociaux à Vauréal, puisqu’elle évoque « plus de 600 demandeurs » dans la commune. « Avec les prix de l’immobilier qui ne cessent de grimper et les banques qui refusent de prêter, comment voulez-vous que des gens avec un faible revenu puissent trouver un domicile ? », s’indigne-t-elle.