Cette liaison ferroviaire, sur les rails depuis 2010, doit relier la Picardie à l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle. Opposés au projet qu’ils jugent inéquitable pour les Val-d’Oisiens, les élus locaux demandent des garanties.

Après des années de débat, le gouvernement a tranché et confirmé lundi 7 septembre la réalisation de la liaison ferroviaire Roissy-Picardie. « Le projet contribuera à renforcer l’attractivité et le dynamisme des territoires de l’Amiénois, du Sud des Hauts-de-France et du Nord-Est du Val d’Oise, tout en favorisant le report modal vers le ferroviaire dans une perspective de développement durable », s’est félicité la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili.

 

L’objectif est de créer une section de 6,5 kilomètres entre Vémars et Marly-la-Ville, afin de relier la ligne à grande vitesse au Nord-Est de Paris à la ligne existante Paris Gare du Nord-Creil-Amiens/Saint-Quentin. D’ici 2025, le projet doit ainsi permettre aux Amiénois de rejoindre directement la gare TGV de Roissy et de profiter de destinations plus lointaines comme Strasbourg, Lyon, ou encore Marseille.

 

Le projet lancé en 2010 doit permettre de connecter la Picardie au réseau à grande vitesse à partir de l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle.

 

« On voit passer les trains des autres, mais il serait temps qu’on s’occupe un peu de nous »

Si cette décision ravit logiquement les élus picards, plusieurs élus du Val-d’Oise s’estiment délaissés. « On voit passer les trains des autres mais il serait temps qu’on s’occupe un peu de nous », soupire Pierre Barros, maire (DVG) de Fosses. En effet, le TGV ne s’arrêtera pas sur la ville, mais rejoindra directement Roissy pour se connecter à la Ligne à grande vitesse.

 

La SNCF assure que des aménagements sont tout de même prévus sur la gare partagée avec Survilliers, pour permettre aux usagers de rejoindre directement l’aéroport en TER. Car à l’heure actuelle, les Val-d’Oisiens sont obligés de passer par la Gare du Nord pour s’y rendre. Deux trains par heure de pointe et un train par heure creuse sont proposés en l’état. Mais les élus du Val-d’Oise attendent des garanties. « Il faut que ce soit fait », prévient l’édile de Fosses. L’arrêt prévu à Survilliers-Fosses « n’est pas financé », s’agaçait en janvier dernier Anthony Arciero. Et le conseiller départemental (LR) du canton de Goussainville de surenchérir : « la tarification [pour les voyageurs de cette gare]n’est pas arrêtée. Il faut qu’elle soit au même tarif que celle du Passe Navigo ».

 

Selon les élus du département, ce projet reste moins avantageux pour les val-d’oisiens que celui du projet alternatif du barreau de Gonesse qu’ils portent depuis une dizaine d’années. Abandonné par l’État en 2018, il consistait à raccorder le RER D de la gare de Villiers-le-Bel-Gonesse-Arnouville à la gare RER B du Parc des Expositions de Villepinte (93).

 

Avec le report annoncé de la ligne 17 du Charles de Gaulle Express, Pierre Barros estime que « le niveau de service fourni dans les transports en commun de la région n’est pas à la hauteur ».

 

Par ailleurs, la liaison Roissy-Picardie doit passer par Vémars, Saint-Witz ou encore Villeron, ce qui « lacère encore un peu plus le territoire », d’après l’édile. « Entre l’aéroport, les autoroutes, les TGV ou les installations électriques… Les terrains agricoles sont coupés en douze, ce qui complique sérieusement l’activité des agriculteurs ». « On va nous prendre 200 hectares de terres agricoles sans nous demander si nous sommes d’accord ou pas alors que l’on nous fait des pieds et des mains pour que l’on conserve des terres agricoles sur territoire », s’insurge Pascal Doll, le nouveau président (LR) de l’agglomération Pays de France qui succède à Patrick Renaud.

 

En attendant, l’enquête d’utilité publique se poursuit et devrait rendre ses premières conclusions l’année prochaine. À terme, la SNCF attend près de 3,4 millions de voyageurs par an, dont les deux tiers pour les transports du quotidien.

 

La réaction de Pascal Doll, président de Roissy-Pays de France lors d’un récent entretien suite à son élection. L’interview complète, prochainement sur notre site.