Les épreuves du baccalauréat auraient dû débuter le 17 juin, mais elles ont été remplacées par l’évaluation des notes du contrôle continu. Les jurys d’harmonisation se réunissent depuis le lundi 22 juin pour apprécier la situation de chaque candidat.

C’est une première depuis sa création en 1808, les mythiques épreuves écrites du baccalauréat n’auront pas lieu cette année. Pour des raisons sanitaires, le gouvernement a annoncé en avril dernier leur remplacement par la prise en compte du contrôle continu. Les élèves sont donc évalués à partir de la moyenne des notes obtenues lors des deux premiers trimestres.

 

Un contrôle continu sous le signe de la « bienveillance »

« On était dans le doute » confie un élève de terminale ES à Pontoise. « Lors de l’annonce de Jean-Michel Blanquer [ministre de l’Éducation nationale, NDLR], on ne savait plus pour qui, ni pourquoi bosser », précise-t-il. Les cours se sont maintenus tant bien que mal à distance pendant le confinement, même si chaque candidat pouvait d’ores et déjà anticiper sa note potentielle du baccalauréat.

 

Depuis le 22 juin, les jurys d’harmonisation se réunissent pour étudier les dossiers de 71 295 élèves inscrits dans l’académie de Versailles. Pour déterminer la note finale, les livrets scolaires ainsi que l’avancée du programme au cours de l’année sont mis à disposition des professeurs de façon anonyme. Des « fiches établissement » ont également été mises en place pour renseigner le jury sur les taux de réussite et de mentions attribués au lycée concerné lors des trois dernières années.

 

La « bienveillance » évoquée dans le bulletin officiel du 15 juin doit guider le jury du baccalauréat qui « peut décider de revaloriser certaines notes » au vu du niveau d’engagement des élèves ainsi que pour garantir un pourcentage de réussite équivalent aux sessions précédentes pour chaque établissement. Les résultats seront publiés sur le site du ministère de l’Éducation nationale le mardi 7 juillet 2020.

 

« Une année très particulière »

« Le problème c’est que c’est un bac par lycée », s’inquiète Ophélie Sauger, professeure au lycée Rousseau de Montmorency et représentante du syndicat Force Ouvrière qui dit avoir « peur que la réussite de cette édition soit utilisée pour pérenniser l’abandon de l’épreuve écrite ». « Pour moi, c’est une bonne évolution » juge un lycéen à Notre-Dame-de-la-Compassion de Pontoise, et d’ajouter « le bac on peut le rater, ça ne donne pas le niveau d’une année ».

 

Cette modification exceptionnelle de l’épreuve intervient alors que la réforme du bac adoptée l’année dernière reste contestée par de nombreux professeurs. Des actions de protestation avaient notamment eu lieu en janvier dernier dans le Val-d’Oise au moment de passer les E3C, nouvelles épreuves de contrôle continu. La réforme du lycée prévoit, en effet la suppression des filières générales ainsi que l’introduction du contrôle continu dans la note finale du baccalauréat. Les bacheliers de cette année sont donc les derniers à avoir connu la version classique de l’examen.

 

Ceux qui n’auraient pas leur bac cette année, devront passer l’examen dans sa nouvelle monture avec certains aménagements. Les concernés pourront notamment conserver certaines de leurs notes. « C’est une année très particulière où les redoublements seront plus difficiles », résume Didier Arlot, président de la FCPE Val-d’Oise. Pour ces raisons, les taux de réussite pourraient alors être supérieurs cette année. Une situation qui n’inquiète pas le lycéen de Pontoise souhaitant rester anonyme, pour qui « la valeur du bac avait déjà baissé, parce qu’avec Parcoursup chacun sait avant le bac dans quelle école il est reçu ».