Dans un entretien accordé au journal Les Echos, Vianney Mulliez, président de Ceetrus, co-investisseur dans le projet estime que l’État a « tiédi » son soutien. Il l’appelle à « faire preuve de courage politique ».

« Nous avons senti que ce soutien [de l’État] a tiédi », s’inquiète Vianney Mulliez, président de Ceetrus, co-investisseur du projet EuropaCity, dans un entretien accordé au quotidien Les Echos, en date du 24 septembre. En cause, selon lui : la « montée » du « débat sur l’artificialisation des terres », depuis cet été.

 

Pour rappel, ce projet de mégacomplexe de commerces et loisirs est porté par Ceetrus [filiale immobilière d’Auchan, ndlr] et un investisseur chinois (Wanda). Il doit voir le jour d’ici 2027 sur 80 hectares, dans une zone de 280 hectares située à Gonesse, entre les aéroports de Roissy et du Bourget.

 

Mais depuis l’annonce de ce projet en 2010, les oppositions sont nombreuses. Certains militants écologistes dénoncent notamment « un projet d’un autre temps qui bétonne des terres fertiles pour y construire un temple dédié à la consommation ». Plusieurs recours en justice ont été déposés par les opposants pour empêcher sa réalisation.

 

L’État discret sur ce dossier

Dans l’entretien accordé aux Echos, Vianney Mulliez appelle l’État à « faire preuve de courage politique ». Ce dernier n’a jamais pris de position claire sur ce projet. En juillet 2018, Nicolas Hulot alors ministre de la transition écologique et solidaire avait qualifié le projet de « folie des grandeurs ». Celui-ci avait par la suite démissionné en septembre 2018. « Je me surprends tous les jours à me résigner, tous les jours à m’accommoder des petits pas, alors que la situation universelle, au moment où la planète devient une étuve, mérite qu’on change de paradigme », avait-il expliqué sur France Inter.

 

En octobre 2018, Benjamin Grivaux alors porte-porte du gouvernement avait lui aussi émis des réserves à « titre personnel » sur EuropaCity estimant « qu’on n’est pas totalement dans l’air du temps et dans le sens de l’histoire avec ce type de projet ».

 

Une concertation menée récemment

Mais cette absence de position de l’État pourrait prochainement changer. Sur ce dossier, « la balle est désormais dans le camp d’Elisabeth Borne [ministre de la transition écologique et solidaire, ndlr] », estime Vianney Mulliez dans Les Echos. Cette dernière a été chargée de mener une concertation afin de « fournir promptement un avis éclairé sur l’avenir à donner à ce projet », rapportait Le Monde en septembre dernier.

 

Menée jusqu’à la mi-octobre, elle a été l’occasion pour les partisans et opposants d’Europacity de mener des actions pour réaffirmer leurs positions sur ce projet. Si l’État « devait renoncer [au projet], cela poserait une nouvelle fois la question de la parole de l’État, notamment vis-à-vis des grands investisseurs internationaux », estime Vianney Mulliez, avant d’ajouter « il ne faut pas qu’une instrumentalisation politique d’activistes écologistes conduise à oublier ceux qui vivent dans ce territoire ».