Alors que les juges d’instruction parisiens pensaient en décembre dernier avoir clos leurs investigations sur la mort du jeune homme, ces derniers vont ordonner une nouvelle expertise médicale.

Nouveau rebondissement dans l’affaire Adama Traoré. Alors que le mois dernier, l’AFP rapportait que les juges d’instruction parisiens avaient terminé leur enquête sans prononcer de mise en examen à l’encontre des gendarmes, l’Agence France Presse annonce que ces mêmes juges ont rouvert leurs investigations le 13 mars dernier et vont ordonner une nouvelle expertise médicale.

 

Cette réouverture de l’enquête est intervenue au lendemain du versement au dossier d’un nouveau rapport d’expert, réalisé à la demande de la famille d’Adama Traoré, qui avait décidé de contre-attaquer craignant un non-lieu. Ce document vient contredire les conclusions de l’enquête sur le décès du jeune homme, survenu en juillet 2016, à Beaumont-sur-Oise, près de deux heures après son interpellation, jusqu’ici attribué à son état de santé antérieur.

 

Ce dernier met en cause la technique employée par les forces de l’ordre qui aurait conduit à un « syndrome asphyxique aigu » et au décès du jeune homme de 24 ans. Toujours dans ce rapport, les experts estiment qu’il faut « se poser la question de l’asphyxie positionnelle ou mécanique ». Des conclusions à l’opposé d’un précédent rapport, daté d’octobre 2018, qui avaient conclut à « l’évolution naturelle d’un état antérieur » du jeune homme, atteint d’un « trait drépanocitaire ».

 

Si ce rapport ne peut être considéré comme une expertise judiciaire aux yeux des juges car les quatre médecins des hôpitaux de Paris qui en sont à l’origine, n’ont pas été désignés par les magistrats, ne figurent pas sur les listes d’experts auprès des cours d’appel ou de la Cour de cassation et n’ont pas prêté serment, leurs conclusions les ont néanmoins incités à ordonner une nouvelle expertise pour trancher.

 

« Les juges d’instruction se sont enfin rendu compte que les experts qu’ils avaient désignés précédemment avaient effectué un travail médiocre », a déclaré l’avocat de la famille d’Adama Traoré, Me Yassine Bouzrou à l’AFP.

 

De son côté, la défense des gendarmes mis en cause dans la mort du jeune homme avait dénoncé mi-mars le choix de la famille, qui a fait de cette affaire un symbole des « violences policières », de privilégier une « instruction médiatique ». Elle évoque également des conditions « plus que nébuleuses » quant à l’établissement du rapport médical réalisé à l’initiative des proches d’Adama Traoré.