Solitaire et immobile dans son fourreau rouge, Natalie Dessay nous captive, transformant la parole en véritable chant, les 16 et 17 mai à L’apostrophe – Théâtre des Louvrais.

© Christophe Raynaud de Lage

© Christophe Raynaud de Lage

Une femme attend un homme. L’homme est en retard. Et d’ailleurs, il ne viendra pas. Mais existe-t-il seulement… ? « Ce retard infime est-il le début d’un retard considérable ? » se demande le personnage de cette pièce qui, oscillant entre mélodrame sentimental et comédie métaphysique, évoque à la fois La Voix humaine de Cocteau et Oh les beaux jours de Beckett. Le temps passe et la fonte d’un lustre de glace emporte le flot des mots dans des images diluviennes d’une grande beauté. Dans l’écrin d’une scénographie fascinante, Natalie Dessay porte avec intensité le monologue du dramaturge et poète britannique Howard Barker. Ayant décidé de mettre un point final à sa carrière de soprano, la chanteuse fait, à l’invitation du metteur en scène Jacques Vincey, ses premiers pas au théâtre. Et quels pas !

Howard Barker / Jacques Vincey

« Quel que soit son ancrage, concret ou imaginaire, Und se situe à une limite, un point de rupture : quelque chose doit advenir. Derrière la fable de Barker, l’Histoire émerge d’un passé troué, fracturé, refoulé, transformé. Plutôt qu’une construction psychologique rationnelle, c’est un paysage intérieur qui se dessine avec ses cimes, ses brumes, ses gouffres. C’est un tissu mental et émotionnel, une trame psychique instable qui induit les digressions, associations, surgissements et glissements. C’est un flot de paroles, un flux d’énergie auquel il faut s’abandonner pour parvenir à cette suspension derrière laquelle se situe le gouffre — la mort ? La jouissance ? Und est une liaison entre l’informulable et la nécessité de dire. Les mots sont ses armes pour affronter le chaos, pour marcher sur les crêtes sans succomber au vertige. » Jacques Vincey

Rencontre avec l’équipe artistique
à l’issue de la représentation du 16 mai