On pourrait le qualifier de danseur d’acrobaties. Entre jeux de simulacre et jeux de vertige, Yoann Bourgeois met le corps au cœur de situations pour le moins instables, avec « Celui qui tombe » : instabilité maximale au théâtre des Louvrais à Pontoise, vendredi 18 et samedi 19 décembre.

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Soumis à la force centrifuge, six corps en déséquilibre embarquent sur une plateforme qui tangue et craque de tout son bois. Comme un bout du monde, métaphore d’un univers instable, ce plateau suspendu accueille l’équilibre, le déséquilibre, l’oscillation des corps, la chute… Et comme au cirque, on retient son souffle ! Yoann Bourgeois, danseur et circassien, poursuit sa recherche autour du point de suspension. Pour lui, l’acteur « est vecteur de forces qui passent par lui. Il est traversé, il est agi par des flux qu’il traduit comme il peut. »

 

La presse / Médias
Portrait de Yoann Bourgeois dans l’émission « L’humeur vagabonde » • par Kathleen Evin – France Inter – 23/11/2015
« C’est l’idée de la chute qui guide le spectacle. Et pourtant quel envol ! Voici des hommes et des femmes en état de grâce, réunis par Yoann Bourgeois, qui témoigne une fois encore d’une intelligence sensible et magnifique du mouvement»• par Nathalie Yokel pour La Terrasse – septembre 2015.

 

celuiquitombe_01Interview
Quelle aura été la « piste » de départ pour cette création ?
« Avec ce projet, je cherche à approfondir une théâtralité singulière en radicalisant un parti pris : une situation naît d’un rapport de forces. La scénographie que j’ai conçue pour ce projet est un sol, un simple plancher mobilisé par différents mécanismes – l’équilibre, la force centrifuge, le ballant… – Six individus, sorte d’humanité minimale, seront sur ce sol, et tenteront de tenir debout. Ils réagiront aux contraintes physiques, n’initiant jamais le mouvement. C’est dans le corps à corps entre cette masse et telle ou telle contrainte qu’une situation apparaîtra. La multiplicité de principes physiques entraînera une multiplicité de situations. Les situations que j’appelle sont d’un statut tout particulier, disons : polysémiques. Je cherche à situer mon théâtre sur cette crête aiguë où la chose apparaît. »

Ta vision du cirque passe par la notion de « non-agir » plutôt que par la manipulation. Qu’est-ce que cette distinction te permet de dire ?
« Mon intention est d’affiner radicalement mon geste en misant sur l’acuité d’un principe essentiellement circassien : l’acteur est vecteur des forces qui passent par lui. Il est traversé, il est agi par des flux qu’il traduit comme il peut. Si ce geste est un geste de cirque, c’est aussi parce qu’il participe d’une représentation particulière de l’homme : de même que nous pensons que l’homme n’est pas au centre de l’univers, il n’y a pas de raison qu’il soit au centre de la scène. Sur ma piste idéale, l’homme coexiste sur un plan horizontal au côté des animaux, des machines, etc. sans les dominer. En repositionnant ainsi les choses, l’humanité me semble autrement bouleversante. »

Comment travailles-tu ?
« Nous avons créé notre compagnie pour maintenir un processus de travail permanent. Voilà quatre ans que celle-ci est née. À mes côtés, une petite équipe s’est engagée comme moi en misant à long terme. C’est notre rapport au temps que nous essayons de penser. Nous privilégions un processus expérimental, empirique. Nous inventons nos méthodes au fur et à mesure que nous avançons, elles ne préexistent pas. Nous aimons commencer par des esquisses. Certaines tiennent debout toutes seules et deviennent des numéros. Après quatre années de création, je vois aussi se dessiner quelque chose comme une constellation de petites formes gravitant autour d’une notion centrale : le point de suspension. J’ai voulu dernièrement donner un nom à cette recherche sans fin : « tentatives d’approches d’un point de suspension ». Je suis très attaché à une dimension de création vécue dans sa plus large amplitude. Ce sont d’abord des aventures de vie extraordinaires. Chaque projet artistique détermine son mode, son régime d’existence ».
Propos recueillis par Laurent Goumarre.

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Création Cie Yoann Bourgeois

Conception, mise en scène scénographie  Yoann Bourgeois

Assisté de Marie Fonte

Interprétation  Mathieu Bleton, Julien Cramillet, Marie Fonte, Dimitri Jourde ou  Jean-Baptiste André, Élise Legros, Vania Vaneau ou Francesca Zivianni

Lumière Adèle Grépinet

Son Antoine Garry

Costumes Ginette

Réalisation scénographie Nicolas Picot, Pierre Robelin et Cénic Constructions

Direction technique Pierre Robelin

Régie générale David Hanse

Régie plateau Alexis Rostain • régie lumière Magali Larché ou Julien Louisgrand

Régie son Benoît Marchand

Remerciements Julien Clément, Boris Lozneanu et Vincent Weber pour leur regard complice, Caroline Blanpied, Aurélie Coulon, Emmanuel Robin, Christine Prato et le bureau de la Compagnie Yoann Bourgeois, la société Avab et l’ensemble des équipes de la MC2 de Grenoble.