Quinze communes ou agglomérations du Val-d’Oise ont fait le choix de fournir à leurs agents municipaux des caméras-piétons. Portés en évidence par ces derniers, ces boîtiers ont pour but d’apaiser les relations entre police et administrés ou de servir de preuves en cas de débordement.

Souriez, la caméra-piéton vous filme à Sannois. Depuis le mois de mars, les dix policiers municipaux de cette commune de 27 000 habitants patrouillent avec ces petits boîtiers appelés aussi caméra mobile, ou encore caméra d’intervention. Discrète et légère, elles sont attachées sur la poitrine ou l’épaule de l’agent, bien en évidence. Une petite pression du policier et un voyant rouge s’allume, signifiant que l’intervention est filmée. « Lorsqu’il y a un débordement d’un côté, comme de l’autre, l’enregistrement fait foi », affirme Laurence Trouzier-Evêque, adjointe au maire de Sannois, déléguée à la sécurité.

Si l’administré doit être prévenu en amont quand il est enregistré, il ne peut pas s’y opposer. Envoyées en direct au commissariat ou en différée au moment du chargement du boîtier, les images peuvent seulement être visionnées par une personne affectée à cela, tel que le chef de police municipale, en cas de procédure judiciaire, administrative ou disciplinaire. Elles sont ensuite supprimées six mois plus tard, « période nécessaire à la prévention et à la détection des infractions pénales », explique la CNIL (commission nationale de l’informatique et des libertés). À ceci près qu’elles sont parfois utilisées dans des centres pour former les agents aux méthodes d’interpellation au sein de l’espace public.

 

« Le but est aussi de leur donner de bonnes conditions de travail »

 

En vigueur depuis 2016 au sein de la police nationale et de la gendarmerie, les policiers municipaux ont dû attendre deux ans pour porter une caméra-piéton. « Leur métier est compliqué donc notre volonté, en tant qu’élu, est de leur fournir les meilleurs moyens possibles », s’exprime la Sannoise Laurence Trouzier-Evêque. Une opération chiffrée à 5000 € pour six boîtiers, en complémentarité des armes létales dont ils disposent déjà. « On a été très longtemps en carence d’agents municipaux donc le but est aussi de leur donner de bonnes conditions de travail pour les fidéliser », ajoute l’élue de droite avant de pointer

 

Le rôle de plus en plus important d’une police municipale

« Il n’est pas rare que la police municipale appelée en renfort arrive sur place avant la police nationale. Et avec le manque d’effectifs policiers, sa mission a évolué. Elle peut intervenir sur certains contrôles par exemple », glisse l’édile (DVG) Jean-Louis Marsac. Cela faisait longtemps que ce dernier voulait équiper les huit agents de caméras mais, avant l’été 2021 et la distribution de nouveaux boîtiers plus performants, « il y avait des problèmes de qualité du produit ». Convaincu par le caractère dissuasif qu’entraîne son port lors d’une intervention, le maire de gauche apprécie aussi la preuve qu’apporte ces images quand deux versions contradictoires sont racontées par la police et la population.

 

Un système jugé également « extrêmement efficace » par le président (LR) de l’agglomération Val Parisis, Yannick Boëdec. « Surtout pour protéger nos policiers parce qu’il y des interventions où nous recevons de plus en plus de plaintes et des remontées de pseudo violence policière. (…) Souvent, on s’aperçoit que les propos des interpellés sont quelque peu exagérés », Yannick Boëdec. Remplaçant en partie les caméras de vidéosurveillance qui ne peuvent être déployées sur toutes les voiries du territoire, les boîtiers mobiles sont portés par la brigade intercommunale de cette agglomération au sud du Val-d’Oise.

 

« Ça nous permet d’avoir une vue périphérique de l’intervention »

Arborées également depuis quelques mois par les agents pontoisiens, les caméras-piétons pourraient notamment aider à améliorer la pratique policière sur la voie publique. « Ça nous permet d’avoir une vue périphérique de l’intervention puisque nous sommes toujours par équipe de deux ou trois », soutient un policier qui souhaite garder son anonymat. À visée pédagogique dans ce cas-là, le fait de filmer « cadre mieux l’intervention et peut faire redescendre les tensions quand il y a un départ injurieux. Les relations sont plus calmes et il y a moins de négociations ». D’autant que le policier municipal dit constater une amplification de la violence à l’égard de sa profession, et ce pendant et après les multiples périodes de confinement.

 

« Les caméras-piétons vont apporter un apaisement clair entre la population et la police. Les interventions seront plus simples à effectuer », juge aussi le directeur de la police municipale de Saint-Ouen-l’Aumône. Cette commune teste depuis à peine quelques jours l’utilisation de cet outil, en vue d’une adoption définitive dès la fin du mois de juin. La municipalité prend ainsi le même chemin des quatorze autres villes ou collectivités du Val-d’Oise à utiliser les caméras-piétons : Cergy, Cormeilles-en-Parisis, Magny-en-Vexin, Sannois, Villiers-le-Bel, Pierrelaye, Val-Parisis, Champagne-sur-Oise, Ermont, Herblay-sur-Seine, Menucourt, Montigny-lès-Cormeilles, Pontoise et Roissy.