Lors de son déplacement dans le Val-d’Oise vendredi dernier, Jean Castex est revenu sur la construction d’une deuxième prison dans le nord du département. Envisagée dans un premier temps à Belloy-en-France, elle devrait finalement être implantée à Bernes-sur-Oise. Le maire regrette « l’absence de concertation de l’État ».

C’est officiel depuis vendredi dernier. Ce jour-là, Jean Castex était en visite dans le Val-d’Oise afin de présenter un plan en 17 mesures pour « donner une nouvelle force » au département. Levant le voile sur plusieurs projets, notamment liés aux transports, il a évoqué l’édification d’un nouveau centre pénitentiaire sur le territoire.

 

« Nous implanterons une maison d’arrêt à Bernes-sur-Oise, ce qui permettra de créer 750 emplois et d’accueillir de nouvelles familles », a déclaré le Premier ministre, succinct. Une décision qui acte définitivement l’abandon de l’ancien lieu pressenti, situé à Belloy-en-France. Fortement opposés à travers leur collectif « Belloy sans prison », les élus et les riverains s’étaient mobilisés à coup de manifestations et d’une pétition rassemblant 3000 signatures.

 

Jérôme Chevallier, conseiller municipal de la ville de près de 2200 habitants, se « satisfait de l’issue du combat ». S’il ne se réjouit pas de voir le projet déplacé ailleurs dans le Val-d’Oise, ce dernier se dit « solidaire » des Bernois.

 

Désengorger les centres pénitenciers

 

Cette seconde maison d’arrêt intervient dans le cadre du « Plan de 15 000 places », décidé en 2018 par le gouvernement, dans le but de désengorger les centres pénitenciers. Il s’agirait de la deuxième prison du département, venant compléter celle d’Osny qui est actuellement saturée à plus de 130 %.

 

D’une capacité de « 750 places », selon le maire (SE) de Bernes-sur-Oise, Olivier Anty, la maison d’arrêt sera située à 2,5 km du centre de la commune, sur une parcelle de 17 ha « appartenant à l’État » détaille-t-il. Une précision qui a de l’importance puisqu’elle empêcherait la ville de s’opposer à la construction de l’édifice. « Le préfet dispose de l’autorité nécessaire pour valider ce projet », regrette l’édile.

 

« Un projet construit de façon unilatérale »

 

Qualifiant cette nouvelle de « désagréable », le maire de Bernes-sur-Oise, déplore « l’absence de concertation ». « Ce projet est construit de façon unilatérale », dit-il. Cela n’est pas sans rappeler le cas de la commune de Belloy qui n’avait pas été prévenue au préalable non plus. « Ça nous était tombé dessus », évoque Jérôme Chevallier.

 

Comparant l’État à « un rouleau compresseur », Olivier Anty compte se battre « pour défendre les intérêts » de la petite commune de 2700 âmes. Il a d’ores et déjà publié un communiqué engagé, le jour même de l’annonce de Jean Castex, et appelle les habitants à s’exprimer.

 

Nombre de ces derniers ont d’ailleurs créé le collectif « Bernes sans prison », regroupant 980 membres sur Facebook. Une pétition en ligne est en cours et comptait 450 signatures ce lundi 10 mai.