Accusant ses adjoints de comportements abusifs, le maire a annoncé sa démission samedi dernier, au sein d’une lettre destinée aux santeuillais. Déroutés, l’équipe municipale et certains habitants ne comprennent pas ce départ précipité.

Pierre Derouillac avait été élu lors des dernières élections municipales de juin 2020. C’était son premier mandat.

Coup dur pour le village vexinois de Santeuil. Ce samedi 3 avril, quatre mois après son homologue José Mendez dans la commune voisine de Perchay, Pierre Derouillac, maire SE a annoncé sa démission. Un an à peine après son arrivée, il explique les raisons de son départ dans un courrier distribué dans toutes les boîtes postales de la commune.

 

Élu lors des élections municipales de 2020, Pierre Derouillac exerçait son mandat en pointillé du fait d’importants soucis de santé. Il s’est absenté pour une durée de trois mois au total. Lorsqu’il reprend son rôle, au mois de janvier 2021, il dit constater « une gestion exclusive de ses adjoints » sur des dossiers où sa « responsabilité est engagée ». Se considérant mis de côté, il aurait subi des « réflexions déplacées ».

 

L’ex-édile dénonce un climat de « dénigrement permanent » au sein de l’équipe municipale en révélant « la réalité de [son]vécu ». Il parle notamment d’une réunion en mairie où personne ne lui a porté secours après un saignement de nez. C’est suite à cet événement qu’il a décidé de démissionner. « J’ai trouvé ça inhumain. La mairie est un stress énorme. Je ne voulais pas retourner une troisième fois au bloc », réagit-il. La lettre à charge accuse les quatre adjoints au maire de comportements abusifs à son égard et vis-à-vis du personnel municipal.

 

« Il y a des tensions depuis le début des élections »

 

Selon le maire démissionnaire, l’ambiance municipale serait telle que la secrétaire de la mairie aurait déposé plainte pour harcèlement moral. Ce climat serait aussi à l’origine du départ du cantonnier en poste depuis 21 ans. Un choc pour les habitants qui le considèrent comme un « enfant du village ».

 

« Le personnel communal n’a pas accepté notre mandat. Il reste attaché à l’équipe sortante », nuance Florent Ambrosino, premier adjoint au maire. Réfutant les critiques portées à son encontre et à celle des autres adjoints, il dit avoir « impliqué [ Pierre Derouillac, ndlr] sur les grandes décisions » et avoir été en contact avec lui durant ses temps de convalescence. L’adjoint ne comprend pas la posture de l’édile. « Les accusations sortent de nulle part », déplore-t-il.

 

« Il y a des tensions depuis le début des élections », regrette un habitant de Santeuil. Triste de cette ambiance délétère ébranlant la quiétude de la commune de moins de 700 âmes, il est « surpris » du départ anticipé du maire. Daniel Katola, président du foyer rural de la mairie, surenchérit et se dit « déçu » de la violence des propos tenus par Pierre Derouillac. Il regrette « l’absence de discussion ».

 

Depuis l’envoi de la lettre, le premier magistrat refuserait de se confronter à son équipe municipale et ne participerait plus aux réunions, d’après son premier adjoint. Sa démission est toujours en attente d’être acceptée par la préfecture du Val-d’Oise. « J’ai demandé un entretien pour accélérer la procédure. Il est temps de faire des élections partielles afin d’élire un nouveau maire et de nouveaux adjoints », confesse Florent Ambrosino, résigné.