Entendu par les juges d’instruction il y a 3 semaines, l’homme chez qui Adama Traoré s’était réfugié juste avant son arrestation, est accusé par la famille de la victime d’avoir fourni des déclarations « incohérentes, contradictoires et évolutives ». Une plainte pour « témoignage mensonger » a été déposée au parquet de Paris, ce jeudi 16 juillet. 

Quatre ans plus tard, l’affaire Adama Traoré connaît un nouveau rebondissement. Une plainte a été déposée par les parties civiles contre la dernière personne à avoir vu Adama Traoré en vie, en dehors des gendarmes. 

 

Auditionné le 2 juillet dernier, le témoin-clé aurait déclaré aux juges « qu’Adama Traoré ne souffrait pas de détresse respiratoire » et « ne respirait pas bruyamment avant l’interpellation ». Soit l’exact opposé de ses premières déclarations à la gendarmerie en août 2016, selon l’avocat de la famille, Me Yassine Bouzrou, selon qui l’homme de 38 ans avait qualifié Adama Traoré d’« homme essoufflé » qui n’« arrivait pas à parler » et « respirait bruyamment ». 

 

Il se serait d’ailleurs demandé si les « gendarmes ont mal compris » ses propos de l’époque, car Adama Traoré « n’a pas fait de bruit » lorsqu’il était sur le seuil de son appartement.

 

« Je vais mourir »

Son témoignage avait d’ailleurs suscité des interprétations contradictoires des parties prenantes. Les avocats des gendarmes interrogés après l’audition du 2 juillet dernier par l’AFP, y voyaient plutôt « un témoin confort[er]la version qui avait été la sienne précédemment, et notamment sur un élément extrêmement important qui est l’état d’épuisement dans lequel Adama Traoré arrive à son domicile ». Me Rodolphe Bosselut rapportait également que le témoin avait indiqué « qu’Adama Traoré lui aurait dit, avant que les gendarmes n’interviennent et ne l’interpellent, la phrase suivante : “ Je vais mourir ”».

 

Pour le témoin, le « stress » l’aurait fait « oublier » de mentionner ces éléments dans sa première audition par les gendarmes de l’IGGN en août 2016. Des déclarations qui pourraient bien remettre en cause les expertises médicales judiciaires selon lesquelles le pronostic vital du jeune homme était « engagé de façon irréversible » avant même son interpellation. 

 

La famille de la victime, ce samedi 18 juillet, au cours de la marche blanche organisée par la famille de la victime à Beaumont-sur-Oise, un peu plus de quatre ans après les faits.