Opérationnels depuis plusieurs semaines, ces centres, aménagés pour certains sur des parkings, ont testé plusieurs centaines de patients à risque dans le Val-d’Oise. Les résultats sont inquiétants. 

Le téléphone n’arrête pas de sonner”, confie le docteur Chaouki. Médecin biologiste au laboratoire d’analyses médicales d’Herblay-sur-Seine, il inaugurait mercredi matin la première antenne de prélèvements dédiée au Covid-19 sur la commune. Située sur le parking du gymnase des Naquettes, la structure diffère des autres centres d’urgence ou de consultation qui se multiplient dans le département. Son but n’est pas de soulager les urgences, ni les cabinets médicaux, mais bien de dépister des patients triés sur le volet. 

 

Un dépistage en voiture

Les premiers patients ont été dépistés ce mercredi matin, sur le parking du gymnase des Naquettes à Herblay. 

Nous ne prenons que des patients sous prescription médicale et respectant les critères définis par l’Agence régionale de santé”, prévient le docteur Chaouki. Coûteux et pas suffisamment produits, les tests sont réservés aux personnes présentant des symptômes du Covid-19 et souffrant de maladies chroniques comme le diabète, l’immunodépression ou l’insuffisance cardiaque. La priorité est donnée aux soignants. “On pourra peut-être élargir le nombre de personnes testées à l’avenir mais pour l’instant, ce n’est pas possible”, ajoute-t-il.

 

De plus, “le fait que les patients doivent avoir vu un médecin avant de venir nous permet d’avoir plus d’informations sur eux et de réserver le peu de tests qu’on a aux personnes à risque”, justifie le responsable du site. Il précise d’ailleurs qu’il se réserve le droit de refuser ceux en bonne santé ou n’ayant que des symptômes grippaux. 

 

Les patients respectant les critères sont invités à se rendre au parking et à rester dans leur véhicule. Le médecin et les trois infirmières bénévoles qui l’accompagnent, procèdent alors aux prélèvements par voie naso-pharyngée. “On en a pour une dizaine de minutes à peu près”, juge le médecin. Ces derniers sont ensuite envoyés dans un laboratoire de Saint-Denis qui centralise la plupart des tests d’Île-de-France et du Val-d’Oise. 

 

L’établissement appartient à Biogroup, le numéro deux français des laboratoires d’analyses médicales qui compte 75 centres de dépistage du même type en Île-de-France. Comme à Herblay, les laboratoires font les prélèvements depuis un parking aménagé. C’est le cas de Sannois, Taverny, Domont, Argenteuil ou encore Méry-sur-Oise où une centaine de tests ont été référencés en dix jours. Et les premiers résultats ne sont pas rassurants.

 

“On oscille entre 60 et 70% de personnes testées positives au Covid-19”

Le docteur Bonan, responsable du site mérysien, est catégorique : “On oscille entre 60 et 70% de personnes testées positives au Covid-19”. Des chiffres qui pourraient même être plus élevés selon le médecin biologiste : “Il existe probablement des faux négatifs liés aux prélèvements, car ils sont très douloureux et les patients ne se laissent pas toujours faire. Et puis le virus ne se trouve pas toujours dans le naso-pharynx mais parfois au niveau pulmonaire”. Ce dernier estime d’ailleurs “[qu’il] faudrait tester tout le monde dans l’idéal pour savoir qui confiner ou pas”. Une stratégie recommandée par l’Organisation mondiale de la santé, dès le début du confinement, qui s’envisage peu à peu au sommet de l’État. Le ministre de la santé, Olivier Véran, annonçait mercredi 1er avril une capacité de 20 000 tests par jour et “jusqu’à 50 000” à la fin du mois. (Parfait !)

 

Du côté de Cormeilles-en-Parisis, la situation est tout aussi alarmante. “Nous n’avons pas de statistiques précises mais il y a beaucoup de cas positifs”, estime docteur Allali, pharmacienne biologiste et responsable du laboratoire d’analyses de la commune. Là aussi, une centaine de dépistages ont été mis en place “depuis plusieurs semaines”, nous précise-t-elle. Parmi les personnes infectées, nombreux seraient des soignants. “C’est logique puisqu’ils sont en première ligne”, poursuit la pharmacienne biologiste. 

 

Lorsque cela arrive, le patient est prévenu et dirigé vers les structures adéquates. “C’est plus compliqué lorsqu’il s’agit de résidents d’Ehpad, note le docteur Chaouki, car on doit procéder aux tests de toutes les personnes qu’ils ont croisés”. 

 

Le 1er avril, on comptait 1369 décès liés au Covid-19 en Île-de-France, dont 156 dans le Val-d’Oise selon les chiffres de l’observatoire régional de santé de l’institut Paris Région.