En 2014, Jean-Noël Carpentier (MdP) avait été réélu de justesse avec seulement quelques voix d’avance sur son rival Modeste Marques (SE). Entre l’arrivée d’une nouvelle candidate, Jeanne Docteur (SE), et des changements d’étiquetage politique, l’issue de ces élections s’annonce tout aussi indécises entre les quatre listes en course. 

Les dents risquent, une fois de plus, de grincer lors des résultats des municipales à Montigny-lès-Cormeilles le 15 et 22 mars prochains. En 2014, l’actuel maire, Jean-Noël Carpentier (50,11% des voix) avait été élu sur le fil du rasoir au second tour face à Modeste Marques (à l’époque LR : 49,89% des voix). Un léger avantage qu’il doit, en partie, au report des voix de Pascal Videcoq (PCF) (11,72% des voix au premier tour) pour barrer la route au candidat de droite.

 

Jean-Noël Carpentier vers un troisième mandat ? Copyright Assemblée nationale – 2016

Jean-Noël Carpentier nuance ces résultats serrés de 2014 qui ont eu lieu dans « un contexte très défavorable à la gauche ». « Les rapports de force étaient très serrés, aujourd’hui  nous ne sommes pas dans le même contexte et surtout, nous avons un bilan positif ! », affirme l’ancien député, qui a préféré son siège de maire après l’entrée en vigueur de la loi sur le non-cumul des mandats en 2017.

 

Maire depuis 2009 après le retrait de Robert Hue, il met en avant le bilan de son deuxième mandat : « Nous avons réalisé l’ensemble de notre programme. Je pense à la végétalisation de la ville, on a rénové l’ensemble des voies, tous les Ignymontains sont à moins de cinq minutes à pied d’un bois qui fait cinq hectares, 0% d’augmentation d’impôt et on a même fait baisser les tarifs municipaux durant tout le mandat », précise le maire en course pour un troisième mandat. 

 

Nouveauté pour cette campagne des municipales, Jean-Noël Carpentier est soutenu par En Marche. Mais il tient à préciser que ce n’est pas le seul parti à être derrière lui. « Il faut être clair avec les citoyens, je suis soutenu par En Marche, certe, mais aussi par le Parti Socialiste, Urgence Écologie  et de nombreux autres citoyens. Ma liste rassemble des gens de sensibilités diverses et variées, il n’y a pas que En Marche ». Des soutiens qu’il n’a pas cherché à avoir d’après lui. « Ce sont des soutiens naturels » précise-t-il.

 

«On a été trahi, par le comportement qu’il a eu vis-à-vis de nous»

 

C’était en partie grâce aux consignes de vote de Pascal Videcoq,  pour le second tour, que Jean-Noël Carpentier avait pris son billet pour devenir maire en 2014. Aujourd’hui, le candidat PCF affirme avec fermeté que « cette fois-ci, il n’y aura pas de report des voix » au second tour, quelle que soit l’issue du premier. « L’alliance » avait barré in extremis la route à Modeste Marques, mais pendant les six ans qui viennent de s’écouler, des divergences fermes ont fait leur apparition entre le maire et Pascal Videcoq. 

Pascal Videcoq candidat PCF

 

 « On a été trahi, par le comportement qu’il a eu vis-à-vis de nous. À deux reprises on lui a proposé de travailler ensemble, il a refusé et on a des points de désaccord assez important sur ses méthodes de travail. Il nous a tourné le dos, notamment sur les choix budgétaires qui ne correspondaient pas à ce nous avions conclu à l’entre-deux tour », s’offusque Pascal Videcoq.

 

Le candidat PCF est nostalgique d’une période où Montigny-lès-Cormeilles avait une orientation plus ancrée à gauche notamment avec le mouvement initié par Robert Hue : « l’Union de la gauche ». Pascal Videcoq estime qu’ « il y a un changement politique radical au niveau de cette ville » avec Jean-Noël Carpentier et se donne pour objectif de « redonner à Montigny-lès-Cormeilles de vraies couleurs de gauche ». Ce dernier souligne avec conviction : « Nous sommes la seule liste qui affichons fièrement nos couleurs, avec un soutien EELV, PCF et GS, une liste plurielle citoyenne et de gauche ».

 

« Si vous voulez mon avis concernant ces élections à Montigny-lès-Cormeilles, les cartes sont rebattues, rien ne prévaut de ce qui peut se passer au premier tour », constate Pascal Videcoq.

 

Une droite diluée

 

Déjà présent en 2014, Modeste Marques, est de nouveau en course. Encarté UMP, il s’était porté candidat sous la bannière DVD. Depuis, il a rendu sa carte en 2019 et se présente comme un candidat résolument « sans étiquette ». « Je ne suis plus encarté, car il y a eu un rapprochement qui s’est amorcé au sein de la Fédération LR du Val-d’Oise et le Rassemblement National. Des prises de décisions sur le sujet, qui m’ont décidées à quitter le parti », précise Modeste Marques. Mais il ne cache pas avoir « toujours eu une orientation centre-droit »

Modeste Marques, vers un premier mandat ?
Source : Facebook du candidat

 

« On a constitué une liste sans étiquette politique. (…) C’était déjà le cas en 2014, même si à l’époque j’étais encarté. On est vraiment sur une liste d’intérêt local avec un souci d’améliorer le quotidien des Ignymontains » précise Modeste Marques. Ce dernier s’agace de l’orientation politique attribuée par la préfecture à sa liste :  « Ils m’ont mis l’étiquette DVD cette année, mais je ne comprend pas pourquoi ».

 

À un cheveu d’accéder à la tête de la mairie de Montigny-lès-Cormeilles en 2014, Modeste Marques est très critique au sujet du bilan de son adversaire : « Il y a un problème, beaucoup de promesses non tenues…on a fait une liste, il y en aurait 22 qui ne seraient pas respectés ». « Depuis deux ans, nous avons fait un réel travail de terrain pour être au plus proche des Ignymontains, avec des colistiers qui sont des personnalités de chaque quartier. » précise-t-il.

 

« Ce n’est pas l’étiquette qui fait l’homme »

 

Si les trois candidats présents en 2014 sont toujours en lice, une quatrième candidate sans étiquette fait son apparition dans la course à la mairie de Montigny-lès-Cormeilles, Jeanne Docteur, conseillère départementale de la majorité de droite du Val-d’Oise.

 

Premières municipales pour Jeanne Docteur – Source : Facebook de la candidate

Nouvelle actrice dans le paysage local ignymontain, elle avait soutenu Modeste Marques en 2014, et s’est décidée à se lancer dans la course à la mairie. « On est un groupe d’une dizaine de femmes, qui faisait un constat négatif sur la ville. On s’est dit « on est en train de parler entre nous … c’est bien beau de critiquer, mais on va le faire, on va y aller.»»  Ex-LR  elle se déclare désormais aussi sans étiquette. « On est une liste plurielle et nous, notre étiquette, c’est « les Ignymontains » » souligne-t-elle et elle ajoute : « Ce n’est pas l’étiquette qui fait l’homme, il y a des bons et des mauvais partout…réunissons-nous et arrêtons d’être dans une case, faisons ce que nous avons envie de faire »

 

Concernant le maire sortant, elle est catégorique : « je suis en désaccord avec tout… Rien ne va ! ». Son maître mot pour sa campagne : le vivre ensemble. « Moi, c’est l’humain d’abord et c’est tous les Ignymontains, pas seulement une catégorie de personne…nous c’est vraiment le vivre ensemble. »