Dans « C’est une légende », Raphaël Cottin propose une traversée en six chapitres de l’histoire de la danse, depuis le XVIIe siècle jusqu’à aujourd’hui, les 14 et 15 octobre au Théâtre des Arts.

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Sur la voix off d’une comédienne, deux danseurs donnent à voir, par le corps, la naissance de la danse académique puis les éclats de sa modernité au cours du XXe siècle. Du ballet de cour de Louis XIV à la danse-théâtre de Pina Bausch en passant par l’idéal de liberté d’Isadora Duncan, la pédagogie de Rudolf Laban et Alwin Nikolaïs… toutes les figures phares y sont ! C’est une légende… ou l’histoire de la danse sur un plateau.

Raphaël Cottin aime créer des spectacles de danse qui racontent la danse. En 2012, il présentait sur le plateau de L’‐Théâtre des Arts la conférence‐spectacle Cursus, dans laquelle il faisait le récit, non sans humour, des aléas de la vie de danseur.

 

La danse et ses éclats de modernité
« Comment la danse vient-elle bouleverser son époque ? Quels échos résonnent aujourd’hui de ces éclats de modernité ?À travers plusieurs chapitres et autant de personnages clefs de l’histoire de la danse, je souhaite présenter au public notre étrange métier, qui met en scène la danse contemporaine. Narrative, abstraite, minimaliste ou plus « bavarde », elle est à la fois le fruit d’une diversité historique et de chaque contexte qu’elle a traversé ; elle possède aujourd’hui de nombreux visages qui interpellent possiblement chacun d’entre nous. Au fil de ces chapitres «légendés», racontés en voix off par la comédienne Sophie Lenoir, d’autres sujets se révéleront : l’état de danse des corps, la dynamique et les couleurs du mouvement, mais aussi la façon qu’a la danse d’entrer dans la vie d’une société, de la noblesse du 17e siècle aux enfants des écoles du 20e… Les danseurs Antoine Arbeit et Nicolas Diguet se prêtent au jeu de ces transformations et rendent visite à cet art entré officiellement dans la modernité à l’aube du 20e siècle. Ils traversent, le temps d’une citation détournée ou d’une danse « à la manière de », la force des danses concrètes et démonstratives, la magie des illusions que permet la scène et le mystère que propose l’entrée dans l’abstraction, pour suggérer en fait cette idée toute simple : profitez de la poésie du mouvement ! « La danse, c’est pour les autres (et pour les filles)! ». C’est une légende que beaucoup ont affirmée et affirmeront encore. C’est une légende qui sera malicieusement détournée…

 


Pourquoi le jeune public ?
C’est peut-être lorsqu’on est enfant qu’on croit le plus ce que l’on vous dit. C’est lorsque j’étais enfant qu’on m’a laissé entendre que je pouvais faire de la danse, que je pouvais voir de la danse. En sortant de scène, je rencontre souvent de jeunes spectateurs, non pas jeunes en âge mais jeunes en expérience en tant que « public ». Ils témoignent tous de ressentis, d’impressions concrètes plus ou moins bien vécues, tantôt surpris par ce qu’ils ont découvert, tantôt timides ou réservés, comme s’ils s’excusaient de « ne pas avoir compris ». Les discussions avec le public, sur le vif ou lors de rencontres organisées par les théâtres, transforment ses impressions. Elles permettent, j’espère, à chacun de se sentir accueilli et concerné, sans avoir besoin de rien d’autre que de ses yeux, ses oreilles et sa curiosité, sans avoir besoin de comprendre, sans avoir besoin de ressentir la même chose que son voisin. Les spectacles jeunes publics permettent à ce processus de germer et de s’ancrer plus solidement. Comme « aller en classe verte », « faire une sortie au musée » ou « apprendre à lire », voir le spectacle vivant est, ou devrait être, un pilier de l’éducation. Il construit la curiosité, interroge l’intuition, déclenche l’enthousiasme ou l’indifférence et sans nul doute invite au voyage ! Proposer un spectacle jeune public ayant justement pour sujet ce qui me construit depuis l’enfance, c’est concilier mes désirs de chorégraphe et mes madeleines de Proust…»
Raphaël Cottin