Combat de nègre et de chiens évoque le chaos du monde, le chaos de notre humanité, le 12 octobre au Théâtre 95.

12 octobre - combat-de-negre-Quelque part en Afrique. L’arrêt d’un chantier. Un pont qui restera inachevé. Des gardiens sur des miradors, une porte qui claque, un coup de feu, un chien qui aboie, un camion qui roule trop vite, un geste maladroit, une parole qui blesse, un ouvrier mort.

Quatre personnages, quatre vies piégées dans un enclos. Épiés par des gardiens invisibles, ils murmurent des sons étranges, des paroles inaudibles, tissant des frontières les protégeant de l’extérieur et, dans le même temps, les empêchant de s’échapper. La pièce de Koltès fait écho à la fascination de Laurent Vacher pour les westerns. Combat de nègre et de chiens est un miroir de notre époque, de notre début de siècle, confus, en manque de repères. Trop souvent violent. Dans ce trouble, l’exaltation du texte de Bernard- Marie Koltès s’impose à nous comme une urgence. Il fait surgir de l’obscurité nos personnalités troubles, nos lâchetés, nos égoïsmes…

Bernard-Marie Koltès ne cesse d’être mis en scène depuis sa mort en 1989. Sa faculté à saisir l’essentiel d’une époque, « le chaos du monde, de notre humanité » pour reprendre les termes de Laurent Vacher, justifie probablement l’engouement qu’il suscite encore et toujours… Son théâtre met à nu les mécanismes qui règlent et dérèglent la condition humaine : désir, violence, révolte, oppression… C’est donc là, quelque part en Afrique sur ce chantier inachevé, que les quatre protagonistes vont se livrer combat. Combat de mots aussi, avec toute l’impétuosité de la langue de Koltès.