Rencontre avec James Copley, chanteur charismatique du groupe Electro Deluxe, en concert à Cergy le samedi 10 décembre. Une voix fascinante dans un écrin de funk, un parcours de vie atypique, un optimisme à toute épreuve !

Par Fannie Joëts

 

Hugues LAWSON-BODY

Electro Deluxe – crédit : Hugues LAWSON-BODY

 

Comment as-tu rencontré Electro Deluxe?

Je suis arrivé en France, car j’étais responsable des relations publiques à Strasbourg pour une marque de fringues américaines. J’ai acheté une maison de vacances dans le sud et je jouais parfois dans les bars avec les copains pour le plaisir. Un soir, une fille m’a filmé et m’a proposé de me mettre en contact avec des connaissances dans l’électro. Au début, c’était simplement une histoire d’amitié, puis ils m’ont proposés d’écrire 2 morceaux pour l’album Play en 2010. Au fil des concerts, cela nous a paru une évidence que j’intègre officiellement Electro Deluxe. Cela a permis au groupe de créer une identité claire puisqu’ils partageaient la scène avec de multiples chanteurs invités depuis leur début. Personnelement, cela m’a permis de trouver enfin ma voie après quelques années d’existence. (Rires)

 

Aurais-tu imaginé que ton existence puisse prendre ce tournant à l’aube de la quarantaine?

Jamais de la vie ! Et pourtant, je ne cache pas que je viens d’un foyer musical. Mon père était chanteur de gospel-country, une espèce de Johnny Cash qui glorifiait Dieu. Tous les week-ends de mon enfance, dans les années 70, nous partions en tournée, en famille, mais il n’était pas question de devenir musicien professionnel, ça c’était pour les bourgeois, pas pour les paysans comme nous. À l’époque, je ne chantais pas avec eux, ça ne m’intéressait pas, mais c’est évident que ce fut une très bonne éducation scénique, car les « preachers » là-bas sont de vrais show-mens et il semblerait que cela transparaît dans mes représentations.

 

Hugues LAWSON-BODY (2)

Hugues LAWSON-BODY (2)

Comment ton univers musical s’est il façonné ?

J’ai grandi à Cincinnati, à la frontière entre le nord et le sud des Etats-unis, j’ai été influencé par un large éventail de styles musicaux comme la musique country, le rock psychédélique des années 70 qu’écoutaient mes frères et beaucoup de musique afro-américaine car c’était la culture de tous mes amis d’enfance, j’ai été bercé par cette musique dans les « booms » des années 80. Concernant le chant, pour la petite anecdote, il y avait dans mon lycée un chef de chorale nationalement connu, un chanteur lyrique professionnel qui, pour arrondir ses fins de mois, donnait des cours dans notre établissement. Il savait que j’étais un « Copley » et que je faisais partie d’une famille de chanteur donc lorsqu’il a appris que j’avais choisi l’option “cuisine” pour ma première année, juste histoire d’être entouré de jolies filles (rires), il m’a forcé à rentrer dans la chorale et il est devenu une sorte de deuxième père pour moi. Avec lui j’ai chanté du lyrique une heure par jour durant mes 4 années de lycée, c’est ce qui m’a permis de fonder ma base de technique vocale. C’était un homme incroyable pour moi sachant que ma famille est originaire du sud des Etats-Unis, dans les montagnes du Tennessee, où les gens ont peu de culture et cet homme m’a fait découvrir l’art, la littérature, l’opéra et la musique classique, c’est aussi grâce à lui que j’ai eu envie d’aller à l’université.

Ton look actuel de dandy à la longue barbe grisonnante interpelle, et fait penser aux hipsters te considères-tu comme tel?

Non, je suis trop vieux pour être un hipster ! (Rires)

 

Je pensais davantage aux hipsters des années 30-40…

Ah ! The Beat Generation, alors là oui, ça me parle beaucoup. Je suis très branché Kerouac et Henry Miller, qui étaient complètement inspirés par la musique jazz afro-américaine, et c’est rigolo que tu dises ça, parce que j’ai vraiment cherché à tracer leurs pas avant d’arriver en France.

Electro Deluxe - Crédit Hugues LAWSON-BODY

Electro Deluxe – Crédit Hugues LAWSON-BODY

En tant que natif américain, peux-tu nous donner ton sentiment sur l’élection de Donald Trump à la Présidence des États-Unis?

Je suis énormément déçu et même, à la limite, je ressens de la honte pour mon pays, mais ce n’est pas du tout une surprise. Je ne peux pas prétendre être un spécialiste de la vie des noirs américains, mais je pense que pendant 8 ans, une certaine catégorie de gens a caché un peu mieux que d’habitude son racisme. C’est donc effectivement choquant pour ceux qui considéraient que nous étions dans une période de « post-racism », comme si la seule élection d’Obama avait suffi à tout effacer. Mais comme je suis un homme d’espoir, je veux croire que cela provoquera un sursaut en Amérique et en Europe aussi. Peut-être que les Français réfléchiront un peu mieux avant le premier tour…

Le mot de la fin ?

Love trumps hate (L’amour triomphe de la haine).