Avec cinquante artistes et dix concerts en plein air dans le décor enchanteur du domaine de Villarceaux, embarquement immédiat pour un fascinant voyage à São Paulo, l’actuelle capitale musicale du Brésil, le 4 septembre à Chaussy, dans le cadre du Festival d’Île de France.

by Nicole Heiniger Villarceaux

C’est la plus grande mégapole du continent américain : São Paulo, gigantesque carrefour où onze millions d’habitants partagent chaque jour leurs cultures, leurs expressions et leurs influences. Une bagatelle à l’échelle de ce pays-continent, le plus peuplé et le plus grand d’Amérique latine, qui ne sait pas faire dans la demi-mesure. Et en musique, ce gigantisme s’exprime par une créativité étourdissante.

À São Paulo, immense forêt de béton, fleurit une scène musicale extravertie, portée par une même génération d’artistes qui revendique entre autres, liberté, multiculturalisme, amours plurielles ou une identité afro, encore trop souvent malmenée au niveau national. Dans la continuité de leurs aînés de la Musique populaire brésilienne, ils créent une musique mutante qui se nourrit de ses racines et croque à pleines dents dans les styles qui font danser la planète.

Lors de cette journée au domaine de Villarceaux, le Festival d’ile de France présente un aperçu de cette bouillonnante scène pauliste. Un peu de bossa et de samba, mais surtout beaucoup de hip-hop, d’afropunk, de jazz ou de rock, si ces étiquettes ont encore un sens dans le grand shaker brésilien du XXIe siècle…

 

CrioloCriolo by Caroline Bittencourt Villarceaux

Caetano Veloso dit de lui qu’il “est peut-être la figure la plus importante de la scène brésilienne actuelle”. Lui, c’est Criolo, un rappeur quarantenaire anti-matérialiste, à qui la musique a permis de canaliser un magma d’émotions en fusion. Il a grandi à Grajaú, une ville périphérique de la gigantesque São Paulo dans laquelle il a été longtemps éducateur social. Consacré en 2012 avec No Na Orelha, un album plus chanté que rappé, plusieurs fois primé au Brésil et en Europe, Criolo continue dans Convoque Seu Buda (2014) de raconter la rue, ses victimes et sa poésie brute.

 

Tulipa Ruiz

En parallèle de sa vie de chanteuse Tulipa Ruiz mène une carrière de dessinatrice de presse, travaillant notamment pour la version brésilienne du Monde diplomatique. Après s’être fait connaître du grand public en 2010 avec Efêmera, un joli disque de bossa, elle a reçu le Latin Grammy Award du meilleur album pop pour Dancê, son troisième album, enregistré dans les studios de Red Bull à São Paulo. Totale réinvention d’elle-même, de son répertoire et de son interprétation, il lui permet de s’affirmer comme une des grandes voix du Brésil actuel.

 

Bixiga 70

Originaire du quartier métissé de Bixiga, le groupe puise son inspiration dans l’afrobeat de Fela Kuti, la polyrythmie d’Afrique de l’ouest et, côté Brésil, dans l’éclectisme de Chico Science ou Gilberto Gil. Il y a aussi du latin jazz dans ce big band instrumental qui navigue entre le meilleur de la samba soul brésilienne, les bandes originales des films de la Blaxploitation, la cumbia colombienne et des réminiscences du label guinéen Syliphone… Vive le grand brassage de São Paulo !

 

Demônios da Garoa

Pour planter le décor, on pourrait dire que Demônios da Garoa est rentré dans le Guiness Book comme l’ensemble vocal le plus ancien du Brésil encore en activité ! Fondé au début des années 1940 par deux enfants passionnés de musique, le groupe a vite fait de remporter des concours radiophoniques, et de composer certains grands succès de la samba. Aujourd’hui, les fondateurs historiques ne sont plus, mais leurs successeurs font vivre dans la joie un répertoire qui appartient désormais à tous les Brésiliens !

 

Metá Metá

Metá Metá signifierait “trois en même temps” en yoruba, une langue parlée dans le golfe de Guinée et dont on retrouve quelques mots dans le candomblé, le vaudou brésilien. Pour des musiciens de São Paulo, contrairement à ceux de Bahia, s’intéresser aux orixás, les divinités du candomblé, est pour le moins inhabituel… Mais pour le trio pauliste qui recherche la transe à travers le free jazz, les afrosambas, les percussions traditionnelles ou l’afrobeat, tout est bon pour titiller l’au-delà.

 

Os Mulheres Negras

Né dans la décennie 1980, Os Mulheres Negras cultive le goût de l’absurde et de l’irrévérence. Autoproclamé « le troisième plus petit big band du monde », ce duo caustique reprend les différents genres de musique populaire brésilienne avec simplicité et dérision. En trente ans de carrière (interrompue par une longue pause), ils ont sorti deux albums mythiques. Depuis 2012, André Abujamra (voix, guitare) et Mauricio Pereira (voix, saxophone) traînent leur dégaine à la Laurel et Hardy dans tous types de lieux au Brésil : librairies, festivals ou théâtres de poche, devant un public hilare et conquis.

 

Guilherme Kastrup

En vingt ans de carrière, Guilherme Kastrup a accompagné de nombreux musiciens en tant que percussionniste, batteur, mais aussi ingénieur du son et réalisateur. Il a sorti en 2013 son premier album solo en forme de manifeste, Kastrupismo, où les percussions traditionnelles, le pandeiro et le berimbau côtoient le piano, l’électro, le jazz et les musiques improvisées. Il dirige aujourd’hui à São Paulo le studio Toca do Tatu, qui accueille de nombreux musiciens indépendants, et autres rénovateurs de la Musique populaire brésilienne.

 

DJ Mam

Quand il mixe, DJ Mam s’amuse. Il se déplace avec ses disques, des instruments (triangles, cloches) et des accessoires. Le temps d’une soirée, il se transforme en supporteur d’équipe de foot, prêtre vaudou, grand chef à plumes, fêtard chapeauté, sambiste… DJ incontournable des soirées de São Paulo et de Rio, DJ Mam voyage aussi dans le monde entier, sourire immense derrière les platines, pour donner à entendre sa bonne humeur communicative et entraîner les danseurs sur la piste.

 

Discographie sélective

Metá Metá Nouvel album à paraître (Jazz Village) fin août 2016

Metá Metá Metal Metal feat. Tony Allen (Mais Um Discos) 2014

DJ Mam « Eu cheguei na Mauá » nouveau single à paraître en juillet 2016

DJ Mam Sotaque Recarregado (Brazilian Lounge Música) 2015

Criolo, Convoque Seu Buda (Sterns Music) 2015

Criolo, Nó Na Orelha (Sterns Music) 2012

Tulipa Ruiz, Dancê (Pommelo Produções) 2015

Bixiga 70, III (Glitterbeat records) 2015

Guilherme Kastrup, Kastrupismo (Núcleo Contemporâneo) 2013

Demônios da Garoa, Vem Cantar Comigo (Ao Vivo) 2012

Os Mulheres Negras Música Serve Pra Isso (Warner Music) 1990

 

 

5 scènes, 50 artistes, 10 concerts en plein air de 12h30 à 18h.

Espaces pique-nique et espace ludothèque (tout public)

 

Criolo – Rap, hip-hop

Tulipa Ruiz – Pop, rock indé

Bixiga 70 – Big band, latin jazz, afro-samba

Metá Metá – Jazz, afro-punk, be-bop

Os Mulheres Negras – Indé-pop, musiques improvisées

Guilherme Kastrup – Jazz, musiques improvisées

Demônios da Garoa – Samba pauliste

DJ MAM – DJ, percussions et voix

 

Le jour du concert

Pique-nique – amenez votre panier et profitez des espaces mis à votre disposition dès 12h30

Restauration légère

De 13h à 17h – Jeux d’Amérique du Sud et Centrale avec Le jeu pour tous (Cergy)

Navettes depuis Paris et Cergy

 

Avec le soutien de Brasil Music Exchange, Brazilian music internationalization project, dans le cadre d’un partenariat entre BM&A (Brasil, Music & Arts) et Apex-Brasil (Brazilian Trade and Investment Promotion Agency) Bruno Boulay, consultant