Valérie Pécresse, présidente LR du Conseil Régional d’Ile-de-France, a fait part de son projet d’augmenter le prix du Passe Navigo unique, actuellement fixé à 70 euros, si Manuel Valls ne tient pas sa promesse de trouver des ressources pérennes pour son financement après 2017. De quoi s’attirer les foudres de la gauche qui pointe un nouveau coup porté aux usagers des transports franciliens.

Navigo

Adopté par la gauche juste avant les élections régionales de décembre 2015, le Pass Navigo unique à 70 euros pourrait vivre ses dernières semaines. Valérie Pécresse vient d’évoquer la possibilité d’une hausse à 80 ou 85 euros de l’abonnement pour permettre l’équilibre économique de la mesure. Lors d’une table ronde organisée avec les élus du Syndicat des transports d’Ile-de-France (Stif), la présidente de la Région Ile-de-France a pointé le « coût exorbitant » du Pass Unique, 440 millions d’euros, et jugé que « pour y faire face, l’exécutif régional [l’ancienne majorité de gauche] a sous-évalué le coût de la mesure et totalement improvisé son financement », à quelques semaines du premier tour des élections régionales.

 

Soutien massif à droite…

 

Une position soutenue par l’ensemble du groupe de la majorité régionale, composé des élus de la droite et du centre. Si celui-ci n’envisage pas la fin du Pass Navigo unique, il pourrait donc décider de mettre les voyageurs franciliens à contribution si aucune solution n’est trouvée pour assurer le financement de la mesure à moyen terme. Tout repose désormais sur l’hypothèse d’un coup de pouce du gouvernement, promis par Manuel Valls, coupable selon la majorité d’avoir soutenu la création du Pass Navigo unique à 70 euros, tout en connaissant ses difficultés de financement. « Le Premier ministre, lui-même, l’avait reconnu et avait permis le financement du Passe Navigo pour 2016, tout en s’engageant auprès de Valérie Pécresse à proposer des pistes de financement pérennes », assure la majorité, qui entend donc mettre la pression sur le chef du Gouvernement, en menaçant de créer une « taxe Valls » pour compenser ce manque à gagner.

 

… et levée de boucliers à gauche

 

Le groupe socialiste au conseil régional a rapidement fait part de son opposition, par la voix de ses trois administrateurs au Stif, estimant que « sans amélioration concrète pour les franciliens en matière d’offre de transport et en terme de qualité de service, rien ne justifie une augmentation du Pass Navigo ». Les élus PS Isabelle Beressi (95), François Kalfon (77) et Jonathan Kienzlen (94) accusent Valérie Pécresse de vouloir financer son « plan-route qui sera présenté lors de la séance du Conseil régional des 7 et 8 juillet prochain », plutôt que d’investir en faveur des transports en commun.

 

Du côté des élus Front de Gauche, on rappelle l’engagement de campagne de la nouvelle présidente LR de la Région de « maintenir le Pass Navigo à tarif unique sans augmenter les impôts et sans jouer avec le pouvoir d’achat des Franciliens ». Une attaque de plus contre les usagers des transports pour le groupe : « Depuis son élection, la droite régionale a utilisé l’argument du non financement du Pass unique pour supprimer à 110 000 Franciliens bénéficiaires de l’AME la tarification sociale, aggravant ainsi leur précarité. Elle a ensuite prétendu trouver 100 millions d’euros grâce à un plan anti-fraude ». Pour le Front de Gauche, il existe ainsi « d’autres sources de financement ». Outre « une baisse de la TVA transport de 10 à 5,5% », ses élus prônent une « augmentation du versement transport payé par les entreprises », notamment avec une hausse à 3,5% dans les zones les plus favorisées économiquement. « Ces deux recettes permettraient d’obtenir plus de 500 millions d’euros par an », estime le FdG.

 

Enfin, face aux problèmes de financement rencontrés par la région dans le cadre de sa politique de modernisation des transports en commun, le groupe FN-IDF Bleu Marine appelle à « des choix de bon sens pour éviter de s’attaquer toujours aux mêmes ». L’extrême droite propose ainsi « de financer le plan de 700 nouvelles rames en piochant dans le budget pharaonique du Grand Paris Express » ainsi qu’une « politique de contrôle systématique à l’entrée des gares ».

 

« Les usagers n’ont pas à payer les promesses non tenues de la gauche » pour l’association Grande Couronne Capital

Dans un communiqué, les présidents des conseils départementaux du Val d’Oise, de l’Essonne, de la Seine-et-Marne et des Yvelines, demandent à Manuel Valls « de débloquer les financements promis pour garantir le tarif unique et permettre de maintenir les investissements prioritaires dans les transports en Ile-de-France pour améliorer la qualité de service aux usagers ». Réunis au sein de l’association Grande Couronne Capital, les quatre départements jugent que « les transports en Ile-de-France, délaissés depuis des années, doivent être une priorité absolue pour le Gouvernement, en soutien de la Région, pour améliorer la qualité des déplacements de tous les Franciliens, leur accessibilité vers l’emploi, leur cadre de vie au quotidien et garantir leur pouvoir d’achat ».