Frédéric Costallat, danseur et chorégraphe en résidence à Visages du monde à Cergy depuis la saison dernière, explore un univers qui lui est cher : celui de l’exil, le 24 mars au Théâtre 95.

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Après Exilé, Frédéric Costallat crée au Théâtre 95 Port d’attache, second volet d’un triptyque qui intègrera aux parties dansées des textes, et notamment du slam… Comme il l’avait fait il y a deux ans avec la compagnie cergyssoise Pro Phenomen, Joël Dragutin collaborera quant à lui à la dramaturgie.

La démarche très personnelle d’un jeune chorégraphe à découvrir…

 

Chorégraphie de Frédéric Costallat
Collaboration dramaturgique de Joël Dragutin

Texte/Slam de Djafar Lakrouz

Photo © Mathieu Jumelet

 

 

Cette pièce parle de la déchirure qu’est l’exil, de ce long voyage, des arrivées parfois chaotiques qu’ont vécues nos ainés contraints de s’expatrier, et enfin du silence dans lequel ils se sont murés pour s’intégrer… être le plus discret possible dans le but de donner une chance à leur enfants de réussir.

Qu’on soit pied noir, d’Irlande, d’Afrique ou d’ici, cette histoire est la même à toutes les époques.

A travers l’histoire d’une famille, Frédéric Costallat souhaite raconter les souffrances de celles et ceux qui se retrouvent aux frontières, arrivés par bateau ou par d’autres moyens, ne connaissant pas, ou peu, nos coutumes face à une administration implacable et sourde aux tristesses qui ont poussées tant d’êtres à fuir leur(s) terre(s) ; partis la peur au ventre, pour cet ailleurs plein de promesse.

01-900x400Cette pièce veut donner la parole à ceux qui n’ont jamais rien dit, pour mieux se fondre dans la masse, pour faire de la France leur « Port d’Attache ».

Après une formation au CNR de Lyon en classique et contemporain, Frédéric Costallat travaille ensuite avec les chorégraphes Abou Lagraa et Denis Plassard. La création chorégraphique commence pour lui dès 2005 avec son premier projet intitulé Gospel. Peu après, en résidence à Lyon, il créera trois pièces chorégraphiques qui lui permettront d’affirmer son propre langage chorégraphique : Élégance, Lettre d’amour et (Petite) Danse entre Amis.

Alliant la sensualité, l’esthétique à une certaine vitalité, ses créations entre 2009 et 2012 Nuit d’Orient et Dolce Vita marieront le jazz à la danse classique, à la danse contemporaine également.

En 2010, il crée la compagnie de danse Black Bakara. Actuellement en résidence à Visages du Monde, il développe la construction de sa propre identité chorégraphique en explorant l’univers de l’exil.

 

Note d’intention de Fréderic Costallat

C’est un paquet de vieilles photos jaunies, enfoui dans une malle que toute la famille voulait croire perdue depuis 23 ans. Un cousin a immortalisé sur pellicule les derniers moments d’insouciances de mes parents  à Kinshasa. En cette fin de juillet 1992, mes parents espèrent encore pouvoir rester là, alors la famille  sourit, on fait bonne  figure. Ils refusent encore l’idée de devoir tout abandonner, là, dans cette ville, dans ce pays, où mon père a trouvé refuge à 18 ans en fuyant la France.

Mais, le retour en France sera inévitable, cruel et brutal ; la France, un pays, à la fois inconnu pour nous, et pourtant faisant bien partie de notre histoire…. À l’arrivée, on nous a pris pour des privilégiés, et parfois mal acceptés. Alors pour nous protéger, nos parents se sont murés dans le silence, pour se fondre, s’intégrer…

Le rideau est tombé sur la vie là-bas et pendant 23 ans ils ne parleront presque plus du Zaïre.

Cette pièce ouvre enfin ce rideau, leur donne de nouveau la parole, et nous aide à renouer avec notre famille restée sur place, et à retisser les liens brisés par cet exil forcé.

C’est l’histoire d’une blessure, celle d’une famille parmi tant d’autres contrainte de quitter un pays pour un autre, afin d’avoir une chance de vivre, et qui fait de la France son port d’attache.

C’est l’histoire de tous les déracinés !