Annie Ernaux et Jeanne Champagne dialogueront. Elles parleront de l’écriture, de l’adaptation pour le plateau d’un matériau textuel non théâtral, du passage du temps en soi-même, du rapport au passé, au présent et à l’avenir, le 22 janvier au Théâtre des Arts, Cergy.

L’écriture, pour Annie Ernaux, est une manière d’arrêter le temps. L’image du texte en train de s’écrire est pour elle celle de l’édification d’un lieu, lieu d’immersion dans la mémoire, dans le cacp_rencontre_ernaux_champagne__4souvenir d’époques révolues, d’états de la société, d’images personnelles. « Sauver quelque chose du temps où l’on ne sera plus jamais »… tels sont les derniers mots de son livre Les Années. Sauver ce qui disparaît, voilà pour Annie Ernaux la grande justification de l’écriture.

La relation d’Annie Ernaux et de Jeanne Champagne se tisse depuis plusieurs années. La metteure en scène a en effet adapté et porté au plateau L’Événement en 2000, La Femme gelée en 2002, Passion simple en 2014. Elle monte cette saison la première partie du livre Les Années, celle qui court des années 1940 aux années 1970. Elle saisit la valeur collective du « je » autobiographique d’Annie Ernaux et met en scène l’apprentissage d’une jeune femme dans la société en mutation de son époque. Faisant résonner l’intime et le social, Les Années plonge le lecteur/spectateur dans les réminiscences du passé.

 

Portée par Denis Léger Milhau, comédien dans Les Années, et par Emmanuelle Wion, la lecture de textes extraits de quelques-uns des ouvrages d’Annie Ernaux rythmera cette rencontre. Ces textes offrent une traversée de son œuvre. Ils permettent de révéler la transformation de l’écriture au fil du temps, d’interroger son évolution.

 
Comment envisager l’avenir quand pointe à l’horizon le retour d’une grande rigidité morale ? Telle semble être la question posée par Jeanne Champagne au texte d’Annie Ernaux qu’elle met en scène cette saison.

 

« Écrire, ce n’est pas laisser sa trace en tant que nom, en tant que personne.
C’est laisser la trace d’un regard, d’un regard sur le monde. »

Annie Ernaux

Photo © PPommat