Une étonnante construction se niche au coeur de la ville de l’Isle-Adam. Avec son toit en forme de pagode et ses couleurs éclatantes, ce pavillon a tout d’une construction chinoise et pourtant il n’a jamais été construit par un habitant de l’Empire du Milieu. Son bâtisseur est français, receveur général des finances de Montauban et issu d’une noble famille installée sur l’Isle-Adam depuis la fin du 17ème siècle.

Bien à l’abri dans son écrin de verdure, le pavillon chinois de l’Isle-Adam veille sur la ville depuis plus de 200 ans. Ce pavillon en forme de pagode est édifié par un riche héritier d’une dynastie de financiers et de mécènes, Pierre Jacques Bergeret. En 1778, il achète à son cousin le domaine de Cassan, une immense propriété comprenant un château sur une ile, des étangs, des prairies et des marécages. Aidé par son ami le peintre Jean-Honoré Fragonard, Bergeret transforme le château, crée un parc à l’anglaise et fait construire le pavillon. D’inspiration chinoise, il reflète les gouts de son époque. En cette fin du 18ème siècle, la Chine fascine l’Occident. La mode est alors aux fabriques chinoises. A la différence des « folies » qui sont des lieux de plaisance, les fabriques invitent à la réflexion, à la contemplation.

A l’origine, le pavillon chinois n’est qu’un élément du parc imaginé par Pierre Jacques Bergeret. Plus d’une quinzaine d’autres fabriques plus imposantes étaient prévues. Pris dans la tourmente de la Révolution française, Bergeret ne pourra achever son projet. Le pavillon chinois sera la seule fabrique construite. Construit sur une base en pierre servant de déversoir à un étang, le petit pavillon en bois n’en reste pas moins une invitation au voyage.

En 1803, Pierre Jacques Bergeret revend son domaine. Au fil des décennies, deux nouveaux châteaux verront le jour mais les bombardements alliés de 1944 sonneront le glas du domaine qui tombe dans l’oubli. En 1971, la ville de l’Isle-Adam rachète le pavillon et le restaure pendant 4 ans. Une deuxième restauration sera nécessaire en 2008. Classé monument historique en 1965, c’est l’une des 4 dernières fabriques du 18eme siècle réalisées en France.