Accusé d’avoir tué sa femme de 14 coups de couteau devant leur fils cadet de 6 ans, l’homme de 58 ans a été condamné jeudi à 20 ans de réclusion par les assises du Val d’Oise. 

« Il s’est octroyé le droit de lui retirer sa vie devant le plus jeune. Il a volé la moitié de la vie d’une femme qui avait pas 40 ans, la vie d’une maman mais surtout il a retiré à cinq enfants leur maman ». C’est avec ses mots que l’avocat général a conclu jeudi en fin de journée ses réquisitions avant de demander 20 ans de réclusion criminelle. Au terme d’un procès qui aura duré trois jours, la cour d’assises est allée dans le sens du ministère public puisque c’est la peine qui a été prononcée à l’encontre de l’accusé de 58 ans. « Je comprends la douleur de ma famille et de mes enfants. Je m’excuse. Je n’avais pas l’intention de tuer ma femme », a-t-il déclaré avant que la cour ne se retire pour délibérer. « Je comprends leur colère. Je suis vraiment désolé du fond de mon cœur. Si c’était quelque chose que je pourrais réparer mais malheureusement je ne peux pas revenir en arrière. »

Une émancipation qu’il n’aurait pas supportée

 

Dans la soirée du 4 février 2012, à Bruyères-sur-Oise, l’homme va s’en prendre à sa femme Aïssatou. Il va la poignarder de 14 coups de couteaux alors qu’elle est au téléphone avec une cousine. Depuis un moment, le couple traversait une crise. La femme de 40 ans d’origine sénégalaise voulait s’émanciper, ce que n’aurait pas supporté son mari. Dans sa plaidoirie, l’avocat de l’accusé a d’ailleurs parlé d’un choc culturel. « Ce choc entre la culture d’origine et la culture occidentale a entraîné un profond ressentiment, a souligné Me Sylvain Dumay. Sa femme voulait son émancipation, s’évader de cette coutume pesante. Il y a un fossé qui s’est créé et ce fossé a été le terreau de ce drame ».

 

« La seule et unique question est : Pourquoi ? », Me Gallon, avocat des enfants

 

Juste avant de commettre le pis, la cousine de la victime a rapporté à la cour que le mari d’Aïssatou lui avait demandé où se trouvait les passeports et les cartes d’identité. « Plus qu’un problème de papier, c’est un problème de pouvoir qui s’est joué dans cette famille », a déclaré Me Jean-François Gondard, l’avocat de la famille d’Aïssatou. Pour Me Christian Gallon, le représentant des enfants de la mère de famille, dans cette affaire, il n’est pas question de « coutume » ou « de religion ». « C’est un crime de droit commun. On est en présence d’un homme qui ne supportait plus sa femme et qui l’a tuée », a affirmé l’avocat. Et de conclure par une interrogation : « La seule et unique question est : « Pourquoi ? » J’espère qu’un jour [l’accusé] sera capable d’y répondre pour ses enfants, je n’en suis pas persuadé ».