C’est le péché mignon de Jean-Pierre Muller, maire et conseiller général de Magny-en-Vexin : il ne sait pas « faire court ». Pour l’aider à corriger ce défaut, comme au collège nous chronométrons chaque année sa performance. Ainsi le dimanche 14 janvier 2007, il avait réussi a ne pas dépasser 35 minutes. Il faut dire que le maire profite chaque année de son discours pour donner son jugement sur l’état du monde, un peu comme Georges Bush. Un futur secrétaire général de l’ONU ?

Secrétaire général de l’ONU ?

Le dimanche 15 janvier 2005, accueillant Mme Myriam Radjavi, présidente élue des Moudjahidins du Peuple installés à Auvers-sur-Oise, il en était encore à 47 minutes, montre en main. Événement rare, il nous avait fallu prévoir une publication sur deux semaines pour venir à bout de la substantifique moelle de son discours fleuve. Cette année 2006 on pouvait employer le terme de « rechute » car, comme nous l’avons écrit l’année précédente, le dimanche 16 janvier 2005 il s’était montré raisonnable : 32 minutes et 27 secondes. Si vous ne nous croyez pas, relisez l’article très documenté de l’Écho paru page 19 le mercredi 19 janvier 2005. Et pourtant, il devait faire face à une actualité internationale majeure : le tsunami. Jean-Pierre Muller, très en forme, avait réussi à l’expédier en onze minutes seulement.

32 minutes en 2005

Et l’annonce de l’ouverture du second collège du canton, à Bray-et-Lû, ne l’avait pas davantage fait sortir des cordes.

C’est en 2004 que nous avons décidé de créer une sorte d’observatoire de la logorrhée (1) du maire de Magny-en-Vexin, observant qu’il ne savait pas davantage « faire court » dans les éditoriaux du bulletin municipal.
Cette année-là, le discours des vœux avait duré plus d’une heure et il était urgent d’attirer son attention sur le fait que les Magnytois viennent surtout pour discuter entre amis et voisins, boire un coup et manger quelques canapés. Nous pensions donc faire œuvre utile en pressant le maire de conclure dès l’introduction passée, sachant que, comme un journaliste, il écrit dans l’urgence et le stress son texte fleuve, passant généralement une nuit blanche à farfouiller dans ses coupures de presse et ses notes, pour aboutir deux ou trois heures du moment fatidique.

Eh bien, force est de constater que nous avons tort : les Magnytois ont apprécié dimanche de voir M. Muller implorer les Farc et leur farouche chef Manuel Marulanda de délivrer Ingrid Bétancourt, nous émouvoir de la récente sortie de Clara Rojas et Consuelo Gonzalez, citer judicieusement le poète Guillaume Apollinaire, revenir sur la tragédie de Bénazir Bhutto, sans oublier le sort d’une autre femme remarquable, Aung San Suu Kyi.

La bannière des femmes martyrisées

Plaçant son discours de vœux sous la bannière des femmes martyrisées, le maire a recueilli l’assentiment d’une très grande part de la salle au point qu’à la fin, il a bénéficié d’une « standing ovation ».
Nous en avons conclu que les Magnytois ne l’ont pas trouvé trop long et commençons à nous décourager de chronométrer Jean-Pierre Castro. Non, pardon : Hugo Muller…

Jean-François DUPAQUIER
Echo Régional du 16 janvier 2008

(1) Logorrhée : selon le dictionnaire, besoin irrésistible, presque morbide, de parler.