Après le rejet du budget primitif par quinze élus de la majorité au dernier conseil, l’équipe municipale se déchire. Ces derniers disent regretter la hausse des dépenses de fonctionnement, alors que le maire, lui, parle d’une manipulation du premier adjoint pour prendre sa place. Si le budget n’est toujours pas voté d’ici le 15 avril, il risque d’être mis sous tutelle par la préfecture.

Moins de deux ans après les élections municipales, la majorité de cette petite ville de 6000 âmes implose. D’un côté, le maire (LR) Luc Puech d’Alissac qui exerce son premier mandat et de l’autre, quinze élus, dont le premier adjoint républicain, Thomas Vatel. « C’est compliqué depuis le début », avertit ce dernier, soutenant qu’il n’est que le porte-parole de ce mouvement de mécontentement.
 
Malgré un « regard positif posé sur le travail de la municipalité jusqu’à maintenant », l’élu de droite dit ne pas être écouté par un édile qui « décide de tout, tout seul ». « La politique actuelle ne répond plus aux attentes des Magnytois », ajoute l’adjoint. Gestion du personnel incompréhensible, appel à des prestataires sans consultation, projets d’une prison pour jeunes et d’un méthaniseur à proximité du quartier de Blamécourt sont autant de points de rejet énumérés par Thomas Vatel. Quant à Luc Puech d’Alissac, il assure avoir « respecté tous ses engagements » depuis le début de son mandat.
 

« Trois quarts des investissements prévus pour 2022 seront coupés »

Luc Puech d’Alissac exerce son premier mandat de maire.

Ce climat tendu a trouvé son apogée au dernier conseil municipal du 7 avril. Quinze élus de la majorité ont rejeté le budget primitif pour l’année 2022 et un s’est abstenu. Ces derniers regrettent la hausse des frais de fonctionnement, notamment concernant l’enveloppe consacrée à l’énergie et aux lignes de fluides (électricité, gaz,…). « Durant notre campagne, nous avions dit que nous allions faire des économies sur le fonctionnement en faveur de l’investissement, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui », se justifie Thomas Vatel qui a reçu la délégation des finances fin février.
 
Une « surprise totale » pour le maire Luc Puech d’Alissac qui a dû mettre fin au conseil municipal plus tôt que prévu. « Thomas Vatel, en tant qu’adjoint aux finances, a présidé la commission finances et a présenté le rapport d’orientation budgétaire sans qu’il y ait de remarques particulières », se désole l’édile. Inquiet, le magistrat voit s’approcher dangereusement le 15 avril, date butoir pour voter un budget dans les communes de France.
 
En froid depuis une semaine, la majorité n’a toujours pas réussi à s’entendre pour éviter cette situation. « C’est fichu. À ma grande tristesse, nous courons à la mise sous tutelle », déplore Luc Puech d’Alissac, dépité. Dans le cas d’une mise sous tutelle décidée par la préfecture, seules les dépenses de fonctionnement pourraient être assurées par la municipalité le temps qu’un nouveau budget soit validé dans les mois à venir. « À cause de ça, trois quarts des investissements prévus pour l’année 2022 ser[aient]coupés », avertit le maire de droite.
 

Une passation de pouvoir plus à l’ordre du jour

Premier adjoint au maire de Magny-en-Vexin, Thomas Vatel conseiller départemental sur le canton de Vauréal.

« C’est une folie pour la ville », indique-t-il, dans la mesure où la construction du terrain de football, les travaux de voirie ou encore la rénovation de l’église vont être stoppés net. Et de surenchérir que cette crise est un prétexte provoqué par Thomas Vatel. « En manipulant des adjoints de la majorité, il veut me pousser à démissionner pour me succéder », affirme Luc Puech d’Alissac qui dit ne pas vouloir se battre. Pourtant, une passation de pouvoir en cours de mandat était déjà prévue depuis le départ. Suite à un accord verbal entre les deux hommes, le maire élu devait laisser sa place à son premier adjoint courant 2024.
 
Face à la dégradation de leur relation, plus question de démissionner pour l’édile, tant qu’il n’aura pas trouvé le successeur idéal. Luc Puech d’Alissac juge que Thomas Vatel « n’a ni l’étoffe, ni l’esprit » pour le remplacer. Un revers pour le principal intéressé qui se porte toujours candidat, « si on [lui]demande ». Mais, pour ne pas rentrer dans une « guerre de coq » et « éviter tout conflit », l’adjoint se dit prêt à ce qu’un autre élu soit choisi à la tête de la municipalité. « Je suis là pour protéger les habitants de la ville, pas pour faire carrière », assure-t-il.