Rendue au mois de mai, cette expertise aurait été annulée par la justice pour vice de procédure. Elle mettait hors de cause les gendarmes dans le décès d’Adama Traoré à Persan en 2016, peu de temps après son interpellation.

Depuis 2016, la famille du jeune Beaumontois défile chaque année pour réclamer justice.

La bataille des expertises n’est pas prête de s’achever. Depuis le début de l’affaire en 2016, quatre expertises judiciaires ont été diligentées par la justice. Ce mardi, la justice a décidé d’annuler la dernière en date « pour raisons procédurales », d’après une source judiciaire consultée par l’AFP. 

 

Rendue au mois de mai, elle dédouanait les auteurs de l’interpellation de toute responsabilité dans le décès du jeune homme. Les médecins avaient notamment conclu qu’« Adama Traoré n’est pas décédé d’asphyxie positionnelle mais d’un œdème cardiogénique », causé par « l’association d’une sarcoïdose pulmonaire [une pathologie rare, ndlr], d’une cardiopathie hypertrophique et d’un trait drépanocytaire [une maladie génétique, ndlr] ». Le « contexte de stress intense et d’effort physique, sous concentration élevée de tétrahydrocannabinol [le principe actif du cannabis, ndlr] » a également été mentionné dans le rapport. 

 

L’annulation de cette expertise médicale par la justice est une bonne nouvelle pour la famille d’Adama Traoré qui défilait cet été à Beaumont-sur-Oise, comme chaque année depuis la mort du jeune homme. Leur avocat, Me Yassine Bouzrou, avait dénoncé le 15 juin dernier une violation du code de procédure pénale et demandé l’annulation de cette expertise très contestée par les parties civiles, s’interrogeant sur une « tentative d’escroquerie » au jugement, selon l’AFP. 

 

Le ténor du barreau soulignait à l’époque que les trois médecins ayant rédigé ce rapport, avaient fait appel à un confrère cardiologue sans le mentionner dans l’expertise ou sans en demander l’autorisation au juge d’instruction. Les magistrats n’en avaient été informés que début juin, via un courrier envoyé par un des médecins de l’expertise qui concédait avoir pris avis auprès d’un tiers. 

 

Une nouvelle expertise médicale attendue en janvier

 

« Les experts sélectionnés par les juges d’instruction ont violé les dispositions du code de procédure pénale », s’est félicité Me Bouzrou sur Twitter. Le collectif « La vérité pour Adama » va plus loin en qualifiant cette expertise de « mensongère » et préfère s’appuyer sur les deux rapports successifs de quatre médecins choisis par la famille. Ces derniers mettent en cause les forces de l’ordre auxquelles ils reprochent un « plaquage ventral » aux conséquences mortelles, alors que les gendarmes ont toujours contesté avoir utilisé cette technique.

 

 

De leur côté, Me Rodolphe Bosselut, Pascal Rouiller et Sandra Chirac Kollarik qui défendent les militaires, ont préféré temporiser en affirmant à l’unisson que « cette annulation ne s’appuie pas sur la teneur des conclusions des experts, mais sur un défaut de respect du formalisme requis par le Code de procédure pénale ».

 

Une nouvelle expertise médicale, confiée en juillet à des médecins-experts belges, est attendue pour janvier.