Le plan Val-d’Oise annoncé par le gouvernement l’année dernière prévoit une extension du marché de Rungis dans quatre villes à l’est du Val-d’Oise. Si cette implantation ravit les maires de Gonesse, Goussainville, Bonneuil-en-France, ils souhaitent néanmoins que ce projet soit mieux défini. L’édile de Roissy-en-France, quant à lui, le trouve démesuré pour sa commune.

Vent debout contre l’extension d’un Rungis Bio aux portes de Roissy-en-France, le maire (SE) Michel Thomas a peur de voir bouleverser la « tranquillité » de sa commune. Annoncé par Jean Castex dans le cadre d’un « plan Val-d’Oise » en mai 2021, ce projet est l’une des réponses du gouvernement pour l’aménagement des terres agricoles du Triangle de Gonesse, après l’abandon en 2019 d’Europacity, méga complexe de loisirs et de commerces.
 
Appelée Agoralim, l’extension de ce marché d’intérêt national dédié aux produits locaux doit « accroître la part des circuits courts dans l’alimentation des habitants de l’Île-de-France » et « renforcer la résilience alimentaire francilienne », indique le gestionnaire Semmaris. Pour un coût d’1,4 mds d’€, il va s’implanter sur quatre sites du territoire, à savoir Gonesse, Goussainville, Bonneuil-en-France et Roissy-en-France, chacun hébergeant une activité différente du marché.
 
« La Semmaris a repéré des territoires et des surfaces de l’agglomération capables d’accueillir cette activité et recherché des terrains libres. Les maires sont ensuite libres de se positionner en faveur ou non », détaille Pascal Doll, président (LR) de l’agglomération de Roissy. Sur les quatre maires concernés, seul celui de Roissy-en-France est « plutôt en retrait ».
 

« Nos voiries ne peuvent pas supporter les flux de véhicules »

Michel Thomas ne voit pas d’un bon œil l’installation de la cuisine centrale du Rungis au nord de sa petite commune. « Nous sommes un village et nos voiries ne peuvent pas supporter les flux de véhicules liés à cette activité », fulmine l’édile. Il rappelle que ce type de structure vit en horaires décalés, ce qui pourrait entraîner des nuisances sonores. « On se bat déjà pour limiter les vols de nuit ! », ajoute l’élu.
 
Le maire s’inquiète aussi du nombre possible de nouveaux arrivants. Et pour cause, la Semmaris prévoit la création de 4000 à 5000 postes grâce à ce projet. Nouveaux emplois rimant bien souvent avec de nouveaux besoins en logement, Michel Thomas annonce d’ores et déjà la couleur : « nous avons peu d’offres d’hébergement car Roissy n’a pas évolué en dix ans, en termes d’habitants ».
 

Quelle agriculture sur le Triangle de Gonesse ?

Michel Thomas préférerait que la cuisine centrale soit installée ailleurs, notamment à Gonesse, ville voisine de 27 000 habitants. Une désignation qui fait grincer des dents le maire de cette commune, Jean-Pierre Blazy. « Michel Thomas a le droit d’avoir sa position. Effectivement, la question de l’impact du flux des camions doit se poser mais ce n’est pas la peine de renvoyer le problème chez les autres », soutient l’ex-socialiste. D’autant que Gonesse a déjà été choisie pour accueillir le centre de formation et la partie agricole du Rungis.
 
Fervent défenseur de l’urbanisation du Triangle de Gonesse, l’édile de gauche est heureux de voir s’implanter un institut de formation sur ces terres. En revanche, Jean-Pierre Blazy attend plus de précisions sur le volet agricole qui doit se déployer sur une centaine d’hectares. « Comment faire pour avoir de l’agriculture à cet endroit qui est enclavé dans un réseau routier ? C’est bien de dire volet agricole mais c’est mieux de dire comment on le conçoit et comment on le définit », affirme ce dernier.
 

Objectif 2027 pour les premiers aménagements

« Ils sont venus nous présenter le projet, mais ils n’ont toujours pas beaucoup d’éléments à nous apporter concernant les nuisances et le trafic », s’inquiète aussi le maire (SE) de Bonneuil-en-France, Abdellah Benouaret, qui a rencontré la Semmaris ce jeudi 30 juin. La ville doit accueillir les locaux de transformation du marché et la logistique du dernier kilomètre (circuit pour livrer les professionnels et les restaurateurs). « On est prêt à accueillir Rungis mais pas n’importe comment », souligne-t-il. En faveur du projet d’extension, l’élu est néanmoins aux aguets et se dit prêt à faire des contre-études au cas où il n’obtient pas de réponse à ses questions.
 
Contacté, le maire (SE) de Goussainville, Abdelaziz Hamida, n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations. C’est dans cette ville que l’espace de vente des producteurs devrait s’installer. Selon le président de l’agglomération Pascal Doll, cette partie dite « marché » est une « très bonne nouvelle ». « Elle devrait être une des premières des quatre sites à sortir de terre », soutient celui qui est aussi l’édile d’Arnouville.