Dans son dernier rapport, la Chambre régionale des comptes constate une dégradation des finances de la ville entre 2013 et 2019. Elle juge la stratégie de la municipalité « non soutenable dans la durée ».  

La ville de Taverny vue du ciel

La gestion financière de Taverny a été analysée par la Chambre régionale des comptes sur la période 2014-2019.

Masse salariale trop élevée, épargne qui s’étiole et primes un peu trop généreuses. Avec des dépenses (+1,92 M€) qui progressent plus vite que les revenus (+1,42 M€), le résultat est sans appel : « la commune de Taverny a vu sa situation financière se dégrader », constate la Chambre régionale des comptes d’Île-de-France dans son rapport sur la gestion de la ville de 2013 à 2019.

 

En ligne de mire : les salaires qui représentent jusqu’à 69% des dépenses de fonctionnement en 2019. L’instance publique pointe notamment le versement d’une prime de fin d’année [normalement réservée aux fonctionnaires, ndlr]à la totalité des agents, « y compris ceux relevant d’un régime de droit privé comme les contrats aidés et les assistantes maternelles ». Une anomalie déjà pointée par la Chambre en 2007.

 

« Taverny doit retrouver des marges de manœuvre et, à cette fin, poursuivre et amplifier la rationalisation de ses charges de gestion et d’abord de personnel, qui restent trop élevées », conclut la structure chargée de contrôler les collectivités locales.

 

« Ce serait dégueulasse de leur supprimer ça »

Ce choix de verser un 13e mois à tous les agents, Florence Portelli, première magistrate de la ville de plus de 27 000 habitants, l’assume : « la majorité des emplois dans la fonction publique sont très mal payés, et ce serait dégueulasse de leur supprimer ça, alors que la vie est de plus en plus chère ». Si l’édile de droite assure entreprendre des efforts de rationalisation, elle souhaite le faire « proprement sur le plan social ». 

 

« Lorsque je suis arrivée en 2014, la gestion était apocalyptique », raconte-t-elle. Depuis, le régime indemnitaire a été remis à plat, certains avantages pécuniaires ont été supprimés, « tout en sacralisant l’éducation, la culture et la sécurité », se félicite Florence Portelli. Une police municipale a notamment été mise en place.

 

Thomas Cottinet, candidat divers gauche soutenu par les écologistes lors des dernières élections municipales [rallié à EELV depuis, ndlr], ne partage pas le point de vue de la maire en place. Il affirme que la ville était « en bonne santé » avant l’arrivée de Florence Portelli au pouvoir en 2014. Depuis, il constate « une casse des services publics », à commencer par la suppression du service municipal de santé [composé d’infirmières pouvant se déplacer à domicile, ndlr] lors de la précédente mandature. Son groupe d’élus dénonce également la gestion du personnel avec un pourcentage de promotion des agents ramené de 33% en 2014 à 23% depuis.

 

Si le conseiller municipal désapprouve la politique municipale, il estime aussi le rapport de la chambre régionale des comptes « contracyclique, avec des agents publics considérés comme un poids ». Pour Thomas Cottinet, « la période actuelle nous prouve qu’il est important d’avoir des services publics et que ce n’est pas le moment de faire de l’austérité ».

 

Des cessions immobilières importantes

Dans son rapport, la Chambre régionale des comptes souligne « des efforts d’économie réels mais encore trop limités ». À tel point que l’instance publique considère que la stratégie financière de la commune n’est « pas soutenable dans la durée ». Certes, l’encours de la dette est maîtrisé mais « au prix d’importantes cessions de son patrimoine immobilier »

 

La dernière en date, le terrain des grandes plantes recouvrait 5 000m2 de foncier. « On aurait pu y implémenter un autre service public », regrette le porte-voix de l’opposition, Thomas Cottinet, qui juge cette politique « court-termiste ». Florence Portelli, quant à elle, considère que « les comptes sont désormais sains » avec plus de 2 M€ d’épargne nette. « Les gens doivent comprendre qu’on ne peut pas vivre au-dessus de nos moyens », explique celle qui est aussi vice-présidente du Conseil régional.

 

La période évaluée n’a pas permis à la CRC d’évaluer l’impact de la crise sanitaire sur le fonctionnement de la collectivité.