Certaines municipalités du département se mobilisent pour offrir un masque à chacun de leurs administrés avant le début du déconfinement.

215 000. C’est le nombre de masques en tissu, lavables une vingtaine de fois, commandés par la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise qui comprend les communes de Boisemont, Cergy, Courdimanche, Eragny, Jouy-le-Moutier, Maurecourt, Menucourt, Neuville, Osny, Pontoise, Puiseux-Pontoise, Vauréal et Saint-Ouen l’Aumône.

 

70 000 d’entre eux seront offerts aux publics vulnérables avant le début du déconfinement, le 11 mai prochain. Le reste sera livré aux communes de façon échelonnée jusqu’au 29 mai, de sorte à ce que chaque cergypontain puisse avoir un masque en tissu. “Ils ne sont pas forcément adaptés aux enfants”, prévient la communauté d’agglomération. 

 

100 000 masques chirurgicaux ont aussi été commandés pour les agents municipaux et communautaires (propreté, accueil du public, etc), alors qu’un supplément de 100 000 pièces doit encore être livré, en partie aux commerçants. Coût total du projet : 900 000€. 

 

Si les masques chirurgicaux sont intégralement pris en charge par la communauté d’agglomération, chaque mairie paiera la moitié du nombre de masques en tissu qui lui seront alloués. 

 

La commande a été passée auprès d’une entreprise traditionnelle de broderie située dans les Hauts-de-France. “C’est ce qui se fait de mieux en la matière”, précise l’administration qui souhaitait faire appel à une entreprise française “par solidarité” mais aussi par pragmatisme. “La région étant à proximité, la livraison est beaucoup plus simple qu’à l’étranger”, justifie-t-elle. 

 

Un masque 100% local

Du côté de Garges-lès-Gonesse, l’exécutif mise sur un masque 100% local. 48 000 pièces  lavables à 60°C, entièrement composées en coton et hypoallergéniques ont été commandées à une cheffe d’entreprise du cru. 8 000 d’entre elles seront des modèles pour enfants. 

 

Un moyen de “participer humblement à la relance économique de notre territoire”, explique l’adjoint au maire, Benoît Jimenez (DVD). Le trentenaire arrivé en tête au premier tour des élections municipales avec 42,36% des voix, est la tête pensante de l’opération. Il en a présenté les grandes lignes, ce lundi, au détour d’une publication Facebook. 

 

 

D’ordinaire, Nil Hanna, 35 ans, fabrique des vêtements de prêt-à-porter de grande taille qu’elle vend un peu partout en Europe. Depuis la semaine dernière, elle s’attèle uniquement à la fabrication de masques. “Je n’arrête pas de courir partout en ce moment”, résume-t-elle. 

 

Au total, 48 000 masques de ce type vont être produits et distribués aux gargeois avant le début du déconfinement.  

 

Déjà démarchée auparavant, elle avait préféré décliner par peur “de ne pas pouvoir assumer les commandes”. D’autant plus que le tissu et le coton se font rares actuellement. “Mais lorsque Benoît m’a appelé, j’ai tout déclenché, raconte-t-elle, j’ai recherché des élastiques, du tissu, j’ai appelé une vingtaine d’ateliers professionnels et un seul m’a répondu favorablement”. 

 

Nil Hanna a eu beaucoup de mal à recruter du personnel acceptant de travailler, “par peur d’être contaminé sûrement”, pense-t-elle. Elle a tout de même dû trouver un coupeur, un façonnier et un livreur tout en rentrant dans ses frais. “Car chaque centime compte”, explique l’entrepreneuse. Travaillant déjà avec un fournisseur au marché Saint-Just, elle a fait appel à lui pour avoir un prix sur le tissu. 

 

“Je voulais aider les gargeois”

Rizwan Pakis n’a pas hésité longtemps avant d’accéder à la requête de la cheffe d’entreprise gargeoise. “Je voulais tout faire pour que le déconfinement aille plus vite”, explique-t-il. Le marché étant fermé, l’homme de 32 ans n’a plus aucun revenu et craint pour sa famille. 

 

Je suis parti chez un commerçant que je connaissais bien qui a accepté de nous aider”, se souvient Rizwan. En négociant à la baisse les 2,50€/mètre habituels, il a pu fournir près de 5 000 mètres de tissu. Sa marge, dérisoire, n’était qu’une compensation. 

 

Ayant grandi dans la sixième ville la plus pauvre de France avec ses 11 frères et soeurs, Rizwan souhaitait simplement “aider les gargeois et s’engager pour sa ville”. Il se dit d’ailleurs prêt à fournir d’autres bobines de tissu en cas de besoin. 

 

Pour Benoît Jimenez, cette période de confinement doit aussi être l’occasion de “repenser notre modèle économique, faire travailler davantage notre écosystème local”.

 

« Un service absolument nécessaire »

Dans les autres villes du département, les initiatives varient selon les mairies. L’édile de Franconville, Xavier Melki (LR), a fait appel à la société Devaux pour commander 45 000 masques en tissu, soit plus d’un masque par personne pour les 35 000 âmes de la commune. “On n’en donnera peut-être pas quatre pour un foyer de deux personnes mais on souhaite que chaque franconvillois puisse en avoir un”, déclare-t-il en précisant que son son port se fera sur la base du volontariat.

 

Les villes de Deuil-la-Barre, Montmorency, Saint-Leu-la-Forêt et Montmagny ont préféré passer commande auprès de la région Île-de-France. Elles recevront, respectivement, 48 000, 40 000, 30 000 et 24 000 masques, soit près de deux pièces par personne.

 

Certaines communes ont préféré confier un local à des couturiers et couturières bénévoles pour confectionner des masques en tissu. C’est notamment le cas à Cormeilles-en-Parisis et de l’Isle-Adam.

 

D’autres sont encore en phase de réflexion. Taverny se concerte avec ses voisins pour organiser un achat groupé, tandis que le maire de Bezons, Dominique Lesparre (PCF), annonçait le jeudi 09 avril, “[chercher] les meilleures solutions et filières pour pouvoir vous rendre ce service qu[‘il] estime absolument nécessaire”. 

 

Si l’édile d’Eaubonne, Grégoire Dublineau (LR), n’a pas encore d’avis tranché sur la question, son homologue de Montigny-lès-Cormeilles, Jean-Noël Carpentier (MDP), a pris sa décision. Chaque ignymontain aura un masque. La distribution a déjà lieu tous les jours de 10h à 12h en mairie depuis le 16 avril dernier, « sous réserve des stocks disponibles », précise la municipalité. 

 

Pour rappel, aucune décision gouvernementale n’a encore été prise concernant le port du masque individuel.