Stéphane Thidet, dont on a pu voir récemment des œuvres au Palais de Tokyo pour « Inside » en 2014, au Mac Val pour « L’Effet Vertigo » en 2015 et au Collège des Bernardins au printemps 2016, présente à l’abbaye de Maubuisson, du 11 novembre au 27 août 2017, « Désert », sa nouvelle exposition personnelle.

Stéphane Thidet, « Sans titre (Racetrack) » © Stéphane Thidet pour le site

Pour son exposition personnelle « Désert » à l’abbaye de Maubuisson, ancienne abbaye royale cistercienne, Stéphane Thidet a pensé trois œuvres contextuelles, en résonance avec le lieu. Ses nouvelles productions ont pour point commun leur rapport au sol, au paysage, au géologique, à une idée de l’épure en écho à ce monastère cistercien.

 

En investissant ces espaces monastiques, Stéphane Thidet s’est intéressé à ce qui constitue l’essence même de ces lieux, à savoir la retraite, la prière et l’introspection. L’image du désert en est le miroir, comme espace mental, de paix, d’isolement, de méditation, de silence, d’éternité et de contemplation. Parcourir le désert, c’est affronter le vide, l’inconnu. Le désert et ses espaces inspirants, cette impression d’être à la naissance du monde est évoquée par Honoré de Balzac qui nous dit : « Le désert c’est Dieu sans les hommes ».

 

Se reconnecter avec les origines et le cosmos, c’est l’expérience sensorielle proposée par l’œuvre « Le Son des planètes ». Plongé dans l’obscurité, le spectateur fait face à deux gongs vibrant à partir des fréquences des planètes, elles-mêmes captées de nuit, et retransmises le jour grâce à une antenne radio télescopique installée dans le parc de l’abbaye.

Stéphane Thidet, « Sans titre (Le Son des planètes) » © Stéphane Thidet

Dans la salle des religieuses de l’abbaye, le paysage lunaire et désertique de « Racetrack » constitue un de ces panoramas. Cette œuvre est une évocation du lac asséché Californien « Racetrack Playa » connu pour ses rochers qui se déplacent mystérieusement à sa surface. Comme souvent dans le travail de l’artiste, ses installations ne sont pas praticables. Stéphane Thidet nous veut spectateurs de ses œuvres qui ici sont tout autant de paysages autour desquels nous déambulons.

Ses productions sont le résultat d’un simple geste qu’il applique à des objets, des situations. La vue d’un désert (« Racetrack »), d’arbres ancrés dans un substrat improbable (des « Gattiliers », ou « arbre au poivre », l’arbre des moines, sortent de matelas placés sur six lits dispersés dans la salle du parloir), la puissance et la majesté du son d’un gong (« Le Son des planètes »), Stéphane Thidet propose des situations dans lesquelles l’épure est recherchée. Ces formes simples conservent « leur part de mystère, de révélation contenue, qui les rend si attractives»2 et hypnotiques.

 

Conçue comme un parcours initiatique, l’exposition intègre des matériaux bruts (ici, la terre, l’argile, le bois, les végétaux, la pierre) pour la difficulté qu’elle apporte et à laquelle l’artiste aime à se confronter. Elle associe également des éléments non préhensiles et maîtrisables tels que le son, l’émission des ondes électromagnétiques des planètes (« Le Son des planètes »), l’action du temps sur les matières qu’elles soient minérales ou végétales (« Racetrack » et « Les Gattiliers »).

 

Parce que l’art permet à chacun de vivre des émotions, parce qu’il aiguise les perceptions et nourrit l’imaginaire, parce qu’il est un moment de plaisir et de partage, parce qu’il offre un regard décalé sur le monde et sur nous-mêmes, parce qu’il est à la fois voyage individuel et collectif, les installations de Stéphane Thidet sont tout autant de paysages mentaux et poétiques propices au voyage et à la rêverie.

 

http://www.stephanethidet.com/