Musique, danse, théâtre, cinéma et rencontres, le Festival Orphée Viva la Vida met en scène des personnes handicapées, du 24 septembre au 21 octobre, sur le Val d’Oise. Entretien croisé avec Jean-Joël Le Chapelain, directeur de la scène nationale l’Apostrophe et Olivier Couder, directeur du théâtre du Cristal, à l’initiative de l’évènement.

Credit : Anne Gayan

Credit : Anne Gayan

VOnews : Quels sont les temps forts du festival ?

 

Jean-Joël Le Chapelain : À L’apostrophe, il y aura trois temps forts. L’ouverture du festival Viva la Vida se fera au théâtre des Louvrais, à Pontoise, le 30 septembre avec Disabled Theater. Jérôme Bel, qui est un chorégraphe français, a travaillé avec un institut de personnes autistes, situé à Zurich, en Suisse. Nous accueillerons également le Cabaret des frissons garantis, monté par Olivier Couder. Le dernier temps fort sera un débat organisé en lien avec l’université pour échanger des points de vue sur les représentations. Quand on s’exprime sur le handicap, on est en plein dans ces interrogations.

 

Olivier Couder : J’ajouterais « Fichu serpent ! L’ombre d’Orphée », qui se déroulera au théâtre de l’Usine à Éragny le 8 octobre. Il s’agit d’une remarquable proposition jeune public. Si l’on veut intéresser des jeunes à la question du handicap, voilà une brillante façon de le faire. Le spectacle est un jeu d’ombres autour du mythe d’Orphée.

 

Olivier, parlez-nous un peu des œuvres présentées. Comment ont-elles été adaptées pour permettre à une personne en situation de handicap d’en profiter ?

 

Olivier Couder : Il s’agit uniquement de créations originales. Nous n’avons pas besoin d’adapter l’œuvre, mais simplement d’avoir des techniques d’accessibilité pour pallier des déficits auditifs ou visuels par exemple. On peut notamment ajouter une boucle magnétique permettant aux personnes équipées d’un appareil d’entendre un commentaire, ou de l’audiodescription pour les personnes aveugles munies d’un casque. Quatre spectacles seront également accessibles parce qu’ils sont traduits en langue des signes. Il y en aura joués par des femmes et des hommes en situation de handicap mental. Nous avons aussi un film et une représentation audiodécrits.

 

Il n’est pas toujours aisé pour des personnes en situation de handicap de se rendre dans les salles…

 

VivalavidaJean-Joël Le Chapelain : Des textes de loi ont été votés au fil du temps pour rendre plus accessibles les lieux publics. On sait que le calendrier d’exécution a pris un retard considérable. Des choses se font, mais ce n’est pas encore complètement en place. Cette dimension nous importe, car si les gens ne peuvent pas venir, cela est problématique.

 

Olivier Couder  : Il faut faire un vrai travail de communication et de rencontre pour que les habitudes se prennent entre les salles et ce public. De très nombreuses personnes handicapées nous ont aussi expliqué qu’elles ne pouvaient pas se déplacer en transports en commun pour venir voir les spectacles. Sur le Val d’Oise, nous avons donc organisé une navette pour que toute personne handicapée, qui en fait la demande, soit accompagnée et ramenée gratuitement à son domicile. Il suffit d’en exprimer le souhait 48 heures à l’avance.

Ce festival, c’est le rendez-vous du théâtre et du handicap. Vous espérez faire évoluer les mentalités ?

 

Olivier Couder : Il est important d’organiser ce type de manifestation pour remédier à l’idée reçue que les personnes handicapées ne seraient pas capables de créer.

 

Jean-Joël Le Chapelain : Nous suscitons des occasions de rencontre lors des spectacles et nous réfléchirons ensemble pendant le colloque « Handicaps, arts et culture. Nouvelles représentations, nouvelles mythologies ». Nous ferons intervenir des grands témoins, des professeurs d’université et des artistes des médias.

 

Vous organisez le festival Viva La Vida en parallèle du festival Orphée qui a aussi pour thème le handicap dans les Yvelines. Pourquoi ?

 

Jean-Joël Le Chapelain : Depuis la dernière édition de Viva la vida, en 2014, des rapprochements se sont opérés entre les directeurs artistiques des deux festivals. Comme la temporalité était comparable, cette année nous sommes dans une marche un peu hybride. Les deux évènements sont accolés.

 

Olivier Couder : Nous avons 40 établissements culturels et 60 représentations sur un mois, sur les deux départements, mais également à Paris. Comme il s’agit d’un festival biennal, nous avons l’idée de faire une extension en 2018, afin qu’il devienne régional. Nous voulons aussi nous ouvrir à l’Europe au niveau des créations. Nous sommes déjà en contact avec des théâtres importants. Il faut que cela évolue vers le festival de l’excellence Art et handicap en France.

 

Orphée et Viva la vida
Du 27 septembre au 21 octobre
www.orpheevivalavida.fr