Comment Jérôme Chartier s’est-il retrouvé en charge du projet de Valérie Pécresse ? Et pourquoi, alors qu’il est déjà député (Les Républicains) et maire de Domont, a-t-il été bombardé deuxième sur la liste des régionales sur le Val d’Oise ? Quel rôle entend-il jouer demain en cas de victoire de Valérie Pécresse aux Régionales en Ile de France ? Interview.

VOnews : Vous êtes responsable du projet de Valérie Pécresse, numéro 2 sur la liste des régionales sur le Val d’Oise. Votre candidature peut apparaître pour le grand public comme une surprise. On est venus vous chercher ou c’est vous qui avez décidé de vous engager ?

 

Jérôme Chartier : Je le reconnais, c’est en quelque sorte une surprise et je souhaitais m’en expliquer. L’histoire remonte au mois de février dernier où lors d’un diner, Valérie Pécresse m‘a fait la proposition de venir l’aider pour porter le projet régional. Je la connais depuis longtemps, nous avons une relation de confiance et d’amitié, ce qui n’est pas si fréquent dans la vie politique. J’ai réfléchi à sa proposition et j’y ai vu une opportunité pour que le Val d’Oise ne passe plus à côté de son destin.

 

VOnews : C’est à dire ?

 

Jérôme Chartier : Depuis 20 ans que je suis maire, j’ai observé que ce département que j’aime, que je connais depuis ma plus tendre enfance et qui a un potentiel exceptionnel est l’oublié de la région Ile de France. Situé à la frontière de Paris, il dispose de la plus grande plateforme aéroportuaire en Europe, d’un pôle universitaire à Cergy, d’entreprises de taille mondiale, de territoires magnifiques, d’un vrai patrimoine culturel… Que ce département puisse ne pas être respecté à la hauteur de ce qu’il représente, je ne le supporte plus. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est l’opération du Grand Paris qui nous a rayé purement et simplement de la carte. Le futur métro circulaire passe par tous les territoires d’Ile de France sauf le notre. J’ai pris la décision de m’engager pour que le Val d’Oise soit enfin reconnu à sa juste valeur au cœur des enjeux de la région Ile de France et que les valdoisiens se sentent reconnus et considérés par les grands pouvoirs publics.

 

“J’ai pris la décision de m’engager pour que le Val d’Oise soit enfin reconnu à sa juste valeur au cœur des enjeux de la région Ile de France et que les valdoisiens se sentent reconnus et considérés par les grands pouvoirs publics”.

“J’ai pris la décision de m’engager pour que le Val d’Oise soit enfin reconnu à sa juste valeur au cœur des enjeux de la région Ile de France et que les valdoisiens se sentent reconnus et considérés par les grands pouvoirs publics”.

 

Les élus de droite aux affaires n’ont ils pas une responsabilité dans cette situation ?

 

Je vais vous répondre en posant deux questions. Qui sont les ministres valdoisiens depuis vingt ans ? Madame Gillot et Messieurs Richard et Strauss Khan. Qui dirige la région depuis 17 ans : les socialistes et écologistes avec plusieurs valdoisiens de gauche aux responsabilités exécutives. Ils avaient tous la dimension et la capacité de porter les aspirations du département. Aucun ne l’a fait. Puisque Valérie Pécresse m’a offert l’opportunité de remettre le Val d’Oise au centre des enjeux de la région Ile de France avec les autres départements à travers le projet qu’elle porte, j’y prends toute ma part et en union avec toutes celles et tous ceux qui portent avec moi l’avenir du département, et parmi lesquels Arnaud Bazin, Axel Poniatoskwi, Francis Delattre, Hugues Portelli et Philippe Houillon.

 

Vous êtes en charge du projet de Valérie Pécresse, pourquoi ne pas conduire finalement la liste sur le Val d’Oise ?

 

Je sais que cela n’a pas manqué de surprendre et je vais m’en expliquer très simplement. J’ai toujours soutenu Stéphanie (Von Euw, ndlr) pour qu’elle soit notre tête de liste avant que Valérie vienne me proposer de l’aider. Je trouvais juste et respectueux de continuer à la soutenir. C’est la reconnaissance de sa légitimité, de sa notoriété grandissante, et du travail qu’elle accomplit.

 

Cumul de mandats : « je déciderai lorsque la question se posera. Mais pas avant »

 

Sur le site de campagne de Valérie Pécresse, il est précisé en bonne place qu’elle abandonnera son siège de député si elle est élue le 13 décembre prochain à la tête de la région Ile de France. Vous êtes dans une situation comparable : vous êtes député et maire de Domont. Quel mandat allez-vous abandonner si vous êtes élu ?

 

C’est un choix auquel je serai confronté comme de nombreux autres candidats sur toutes les listes. Et je déciderai lorsque la question se posera. Mais pas avant.

 

Valérie Pécresse, elle, a choisi. Au moins c’est clair …

 

Valérie Pécresse a choisi parce qu’elle est la tête de liste régionale, qu’elle en a fait son engagement et qu’elle a raison de le faire. Mais je ne suis pas destiné à devenir président de région mais à aider la future présidente pour le Val d’Oise, pour la Région, et aussi pour elle. Donc je ne suis pas dans la même situation. Outre la réussite du Val d’Oise, je suis effectivement déterminé à faire réussir Valérie. C’est une femme engagée et volontaire, elle a une place à prendre et je ne suis pas le seul à le penser. Les valdoisiens le pensent. Les franciliens aussi et je l’observe d’ailleurs à travers mes déplacements partout en Ile-de-France comme ma responsabilité sur le projet m’y conduit.

 

"Sur les responsabilités futures, Valérie dit aujourd’hui à toute son équipe : « faites campagne et que chacun donne le meilleur de lui même, je jugerai aux résultats ». J’aime ce discours que j’ai toujours porté dans les responsabilités que j’ai exercées. La campagne révèle les personnalités et permet de détecter potentiels et talents."

« il n’y a pas de deal, pas de négo, il n’y a rien. Sur les responsabilités futures, Valérie dit aujourd’hui à toute son équipe : « faites campagne et que chacun donne le meilleur de lui même, je jugerai aux résultats ». J’aime ce discours »

Si Valérie Pécresse est venue vous chercher et si elle vous a demandé de porter son projet, ce n’est pas pour vous laisser siéger demain sur un strapontin dans l’hémicycle régional. Serez-vous son 1er vice-président ?

 

J’ai un principe. J’aime me consacrer au combat qui est face à moi. Et le combat, ce sont les élections des 6 et 13 décembre pour faire gagner la droite et le centre unis derrière Valérie Pécresse. J’y donne toute mon énergie, le meilleur de ce que je suis dans cette bataille stratégique, essentielle pour l’avenir des franciliens qui choisiront entre un avenir de croissance et d’emploi face à un avenir où l’humanité proposée par Bartolone ressemble surtout au chemin de la pauvreté. Néanmoins, je vais vous répondre. Dans un tête-à-tête que j’ai eu avec Valérie, je lui ai laissé la plus totale liberté, avec une demande : que le Val d’Oise figure définitivement au cœur des enjeux de la région, au même titre que tous les départements. A part cet engagement qu’elle a pris, il n’y a pas de deal, pas de négo, il n’y a rien. Sur les responsabilités futures, Valérie dit aujourd’hui à toute son équipe : « faites campagne et que chacun donne le meilleur de lui même, je jugerai aux résultats ». J’aime ce discours que j’ai toujours porté dans les responsabilités que j’ai exercées. La campagne révèle les personnalités et permet de détecter potentiels et talents. Elle fait la preuve de la valeur.

 

La liste Pécresse ressemble à un repère de filloniste avec vous mais aussi Florence Portelli, responsable du club de l’ancien Premier ministre sur le Val d’Oise. Vous allez être soupçonné avec Valérie Pecresse de vouloir faire de la région un laboratoire des idées de François Fillon pour la primaire de 2016 ?

 

La région c’est d’abord un laboratoire de renouvellement où toutes les sensibilités de la droite et du centre sont représentées autour de Valérie Pécresse. C’est vrai, il y a des proches de François Fillon que l’on connaît parce qu’ils ont annoncé leur engagement. Mais pour avoir des discussions avec beaucoup de colistiers franciliens, j’observe qu’il y a dans les candidats qui font partie de l’entourage direct de Valérie des soutiens de Nicolas Sarkozy, d’Alain Juppé, de Bruno Lemaire, de Xavier Bertrand, de Jean-François Copé… Bref, il y a des proches de tout le monde et qui travaillent ensemble pour l’Ile-de-France. C’est la vraie dynamique de Valérie : elle a la capacité à rassembler toute la droite et le centre. La primaire engagera ensuite les uns et les autres mais cela n’aura rien à voir avec la Région.

 

Les sondages restent toujours favorables à Valérie Pécresse. Vous êtes confiant ?

 

Une élection n’est jamais gagnée d’avance et la mobilisation de chacun sera déterminante. Ce que j’observe cependant, c’est que les sondages progressent pour Valérie continuellement depuis un an. Elle n’a pas démarré à ce niveau là. Elle conduit une campagne de terrain exceptionnelle. Elle connaît le Val d’Oise ainsi que tous les départements d’Ile de France comme sa poche pour y être tellement allée depuis cinq ans. J’étais avec elle récemment à Argenteuil, on l’arrête dans la rue, on fait des photos avec elle. Elle est connue et reconnue. Et ce travail accompli se retrouve mécaniquement dans les sondages.

 

Ce qui peut faire perdre Valérie Pécresse, c’est une progression du Front national ?

 

Ce qui peut nous faire gagner, c’est la mobilisation des franciliens en faveur de Valérie Pécresse les 6 et 13 décembre. Et oui, il y a trois façons de faire gagner la gauche : mettre un bulletin du FN dans l’urne, mettre un bulletin de Dupont-Aignan, mettre un bulletin Bartolone.

 

Dupont-Aignan n’est pas un danger, c’est une méprise. Il se sert de la région comme d’un tour de chauffe francilien pour son élection présidentielle.

 

La candidature Nicolas Dupont-Aignan représente aussi un danger pour les listes Pécresse ?

 

Dupont-Aignan n’est pas un danger, c’est une méprise. Il se sert de la région comme d’un tour de chauffe francilien pour son élection présidentielle. Je ne vois pas d’envie régionale, de volonté régionale, je ne vois pas de projet alternatif à la majorité sortante qui permettra de renouer avec une Ile de France de croissance et d’emploi.

 

Une union avec Dupont-Aignan au 2e tour n’est donc pas envisageable ?

 

Il a déjà annoncé qu’il ne souhaitait pas de fusion.

 

“Nous abordons sans tabou la route, et notre volonté de faire sauter les bouchons là où Monsieur Bartolone reste prisonnier de l’idéologie verte”

 

Parlons du programme. Beaucoup de propositions sur les transports, un sujet important pour les franciliens, sont similaires dans les documents de campagne de Valérie Pécresse et de Claude Bartolone. Quels sont les éléments de différenciation sur les transports ?

 

D’abord, le candidat Bartolone doit assumer le bilan des 17 ans de ses amis qui a été particulièrement inefficace sur les transports à tel point qu’ils accusent un retard de renouvellement considérable. Notre révolution des transports prend la mesure de cette situation calamiteuse. Elle est précise avec des échéances pour toutes les lignes de Transilien par exemple là où celui de Bartolone reste bien vague, et imprécis. De surcroît, nous donnons toutes les modalités de financement là où le flou des socialistes persiste. Enfin, nous abordons sans tabou la route, et notre volonté de faire sauter les bouchons là où Monsieur Bartolone reste prisonnier de l’idéologie verte. J’ajoute que nous garderons le Pass navigo au tarif unique et sans augmentation d’impôts alors qu’il manque pourtant 300 Millions d’euros pour le payer. Cette situation révèle une fois encore l’habitude tragique des socialistes à décider de mesures dont ils n’ont pas le premier euro pour les financer. Le candidat Bartolone reste muet d’ailleurs sur les moyens par lesquels il comblera ce trou financier béant.

 

Claude Bartolone vient de sortir un programme de 154 pages. Vous ne pouvez pas dire qu’il ne porte pas de propositions.

 

Il liste 160 propositions que j’ai toutes lues et évaluées. En synthèse, son programme est dépassé et dépensier. Il suffit de prendre à titre d’exemple la prime à la casse automobile pour remplacer les véhicules diesel, mesure typiquement socialiste, au coût faramineux et totalement inefficace.

 

Quels sont les éléments de différenciation avec le projet de Claude Bartolone ?

 

Valérie a fondé son projet sur trois valeurs : la liberté, l’autorité, la justice et j’en ajouterai une quatrième dont elle parle en permanence, le mérite. Je ne retrouve pas ces valeurs dans le projet de Monsieur Bartolone. Où est l’autorité lorsqu’il veut continuer à financer la quasi-gratuité des transports pour les clandestins ? Où est la liberté lorsqu’il ne veut pas renoncer aux normes supplémentaires aux lois fixés par la région Ile-de-France qui sont un carcan qui freine l’envie d’entreprendre et la création d’emplois ? Où est la justice lorsqu’il ne met pas dans son projet, comme nous le faisons, d’offrir 100 000 stages pour les jeunes franciliens afin de rééquilibrer les chances d’accès à l’emploi ? Le projet des socialistes a été confié à des communicants. Il a été rédigé à la va-vite et sent l’impréparation qui est à l’image de sa campagne. Reconnaissons en même temps que Bartolone n’est candidat que depuis juin et qu’avant cela il n’avait jamais été à la rencontre des franciliens au-delà des frontières de la Seine Saint-Denis…

 

L’Ile-de-France n’assume plus depuis des années son rôle de locomotive de la France

 

Claude Bartolone résume le projet de Valérie Pécresse à un programme pro-business quand son projet est, dit-il, pro-franciliens.

 

Les franciliens veulent une seule chose, l’emploi. C’est l’activité qui crée le travail. Enfermé dans sa tour d’Ivoire de l’Hôtel de Lassay (résidence du président de l’assemblée nationale, ndlr) Monsieur Bartolone croit que c’est l’administration qui crée la valeur ajoutée. Qui dans son entourage aura le courage de lui dire que ça ne fonctionne pas comme ça ? La valeur ajoutée est créée par l’entreprise. Aujourd’hui, les sociétés viennent moins en Ile de France que dans les autres très grandes métropoles mondiales. Résultat, l’emploi se crée moins ici qu’ailleurs. L’Ile de France accumule un vrai retard parce que jamais les entrepreneurs n’ont eu le sentiment que la région avait la volonté de tout mettre en œuvre pour attirer les entreprises et l’activité pour créer de l’emploi. L’Ile-de-France n’assume plus depuis des années son rôle de locomotive de la France. Le chômage augmente, la création d’entreprise baisse par rapport à la dynamique de toutes les autres capitales économiques du monde. Nous accusons désormais un sérieux retard. Valérie Pécresse veut être présidente d’une région tournée vers l’entreprise et ce pour permettre la création l’emploi. C’est là une immense différence avec le projet des socialistes. Elle affiche clairement sa détermination à renouer avec une croissance et la réduction massive du chômage en Ile-de-France et explique comment elle va procéder pour y parvenir. Valérie dit souvent qu’elle veut être une présidente entrepreneure. Mais je sais qu’elle sera également une présidente qui donnera le meilleur d’elle même pour que l’Ile-de-France réussisse, qui veillera à ce que la région soit moins dispendieuse avec les impôts qui sont notre argent, qui fera de l’Ile de France cette région conquérante, exemplaire et réunifiée.