L’événement culturel du moment, c’est le retour de la saison de Royaumont. Les festivités se poursuivent ce week-end avec trois rencontres transculturelles de haut vol et de la danse aussi. Voir l’interview vidéo.

 

LE PROGRAMME DU WEEK-END

Samedi 13 juin :

 

14h Bibliothèque musicale François-Lang.
Prélude à l’après-midi.
Présentation des performances chorégraphiques de l’après-midi.
Hervé Robbe, directeur du Programmes Recherche et Composition Chorégraphiques de Royaumont.
Durée : 45 min – gratuit.

 

15h Passage cloître et cloître.
Samuel Lefeuvre chorégraphie et danse.
Raphaelle Latini musique et platine.

Haute résilience.

Dans le prolongement de leur recherche autour de la résilience amorcée avec la pièce Accidens (ce qui arrive), Raphaëlle Latini et Samuel Lefeuvre extraient et étirent une des matières chorégraphiques et sonores de la pièce afin de la replacer dans un autre cadre de représentation.
Ils remettent ainsi en jeu les principes d’interactivité (son/mouvement) en se libérant de certaines contraintes de temps et d’espace dans un dispositif plus performatif, en contact direct avec le public. Ainsi naît Haute résilience un duo conçu comme un dialogue entre des textures sonores chauffées à blanc et une danse convulsive. Le danseur déploie un engagement physique impressionnant dans cette pièce où tout son corps semble en lutte avec des forces invisibles, renversé comme un fétude paille, mais se relevant toujours.
Durée : 20 min – Production : groupe Entorse.

 

 

Maud Le Pladec, Okwui Okpokwasili conception.
Okwui Okpokwasili texte, chanson, interprétation.
Jean-Etienne Sotty et Fanny Vicens accordéonistes.
Sur une musique de Kalevi Aho.

Hunted.

Hunted est un projet incantatoire, une mélopée dans laquelle la performeuse américaine Okwui Okpokwasili manie paroles, textes, chants, corps et la musique de Kalevi Aho.
Invoquant ici les figures de sorcières, à la fois inspirées par les personnages mythiques de Médée, les sorcières de Macbeth, Mary Wigman, Valeska Gert, Tatsumi Hijikata, ou encore les agitatrices telles que Nanny, les membres du collectif W.I.T.C.H (…) Hunted propose une forme hybride entre storytelling, récital et rituel “néo-paganiste”. Okwui Okpokwasili incarne un vocabulaire puisant sa source dans le folklore et la parole politique. Une présence entre réel et superstition faisant corps avec la musique de Kalevi Aho.
Hunted a été inspiré par l’ouvrage intitulé Sorcières pourchassées, assumées, puissantes, queer d’Anna Colin, qui accompagne le projet Plus ou moins sorcières, cycle d’expositions, de projections, de performances et de conférences présenté en 2012 à la Maison Populaire de Montreuil.

Durée totale : 50 min – Tarif C : de 8  à 12€.

 

 

17h30 Grande pelouse.

Maud Le Pladec conception, chorégraphie et danse.
Julien Gallée-Ferré danseur.
Tom Pauwels guitare électrique.
Fausto Romitelli (1963-2004) (Trash TV Trance), Tom Pauwels (création originale) musique
Sylvie Mélis création lumière et couleur.
Alexandra Bertaut création costumes.
Enora Rivière, Aurélien Richard regards extérieur.

Poetry.
Pièce chorégraphique pour deux danseurs et un musicien.

Après Professor, Maud Le Pladec poursuit son exploration chorégraphique de la musique de Fausto Romitelli. […] Elle a branché sa danse sur Trash TV Trance – bijou convulsif pour guitare électrique. […] Tel un burin, la guitare creuse l’espace scénique, l’élargit, transmet aux interprètes un courant continu qui les anime et diffuse dans les membres une lente modulation d’états. Présences obsédantes mais discrètes, flirtant avec les lisières, Maud Le Pladec et Julien Gallée-Ferré jouent avec l’essence répétitive du son, variant les manières de s’y glisser ou de s’en extraire, épousant son incessante métamorphose. Icônes fragiles, en friction avec les ritournelles et les larsens qui déchirent le continuum, ils cheminent vers un ailleurs, une fréquence commune. Entre le corps-noyau du guitariste agité de soubresauts et le corps automate des danseurs, tour à tour angoissant, méditatif ou burlesque se dessine une ligne d’horizon : le point de fuite d’un possible unisson entre les gestes, la musique et les mots.

Durée : 50 min – Tarif C : de 8€ à 12€.

 

 

19h Passage cloître et cloître.
Haute résilience.

 

 

20h45 Salle des Charpentes.

Magic Malik direction musicale, composition, flûte.
Jean-Luc Lehr basse, Maxime Zampieri batterie, Vincent Lafont claviers et Louis Sclavis clarinettes, saxophones, Napoleon Maddox rap avec Julien Reyboz ingénieur du son.

Jour de fête.

Magic Malik est une sorte de sésame musical à lui tout seul : architecture musicale, sensibilité, géographies imaginaires, nous sommes les captifs charmés de ce joueur de flûte enchanteur, qui est aussi un vocaliste qui nous bouleverse, comme si notre inconscient passait par sa voix. Son aisance hors pair le conduit de Bach à la musique africaine, de la musique contemporaine écrite ou improvisée de Francesco Filidei ou de Jay Gottlieb, de la musique caraïbe aux aventures transculturelles post jazz de Fabrizio Cassol et Aka Moon. Comme envoûteurs, ceux qu’il invite à rejoindre son quartet lui ressemblent : Louis Sclavis, pour qui la musique est langue, et Napoleon Maddox, pour qui le rythme de la parole est musique. Il en sort le bien nommé Jour de fête. «Travailler sur la joie », dit Malik. Belle définition de la fête. Autour de l’affect de la joie, Jour de fête vise à une fête populaire dont la musique est la traduction sonore.

Durée : 1h30 – Tarif B : de 8€ à 20€.

 

 

Dimanche 14 juin :

 

 

11h Bibliothèque musicale François-Lang.
Atelier critique (première partie).
Art et « Vivre ensemble »

Lorsque l’art se charge d’harmoniques poétiques qui font vibrer le politique, alors la communauté des sensibles devient aussi la communauté des lucides. Réflexions avec les chercheurs de l’EHESS.

Denis Laborde Directeur d’Etudes EHESS / CNRS, modération, Frédéric Deval Royaumont / PMT, Mateo Nocera, Julie Oleksiak, Claire Clouet doctorants EHESS (autour de Jour de fête), Emmanuelle Olivier directrice d’Etudes EHESS (autour de The Rhythm Alchemy), Camel Zekri compositeur, improvisateur, Pierrick Lefranc musicien.

Durée : 2h – Gratuit.

 

 

15h Réfectoire des Moines.

Keyvan Chemirani zarb, daf, udu, direction musicale.
Djamchid Chemirani zarb.
Bijan Chemirani zarb, daf, saz.
Prabhu Edouard tablas.
Stéphane Galland batterie.
Vincent Segal violoncelle.
Sokratis Sinopoulos lira crétoise.
Witness clarinette, beatbox.

The Rhythm alchemy II.

Dans ses expériences de création transculturelle les plus réussies, Keyvan Chemirani a su rendre palpable la puissance créatrice des universaux du rythme. Certes, rien n’est a priori plus universel qu’une structure rythmique dans sa mathématique. On trouve des rythmes impairs des Balkans à l’Inde, des rythmes pairs à peu près dans toutes les cultures, et des exemples de polyphonies rythmiques et mélodiques de la Centrafrique à la Géorgie en passant par l’Albanie. Autre chose est de découpler ces structures de leur culture « d’origine », de les charger d’un sens neuf et commun aux musiciens de cultures diverses à la recherche d’un espace musical inédit qui les réunisse. C’est ce que Keyvan Chemirani est parvenu à faire avec Le rythme de la parole, avec Melos. La culture persane lui avait rendu familière la proximité organique entre langue et rythme. Il élargit désormais la grammaire rythmique persane du trio familial (zarb, daf, udu) aux syntaxes de l’Inde (Prabhu Edouard, tablas) et de l’improvisation européenne (avec Stéphane Galland d’Aka Moon), ainsi qu’aux rythmiques du beatbox urbain avec Witness, également clarinettiste.

Durée : 1h – Tarif B : de 8€ à 20€.

 

 

16h30 Bibliothèque musicale François-Lang.

Atelier critique (deuxième partie).
Denis Laborde Directeur d’Etudes EHESS / CNRS, modération, Frédéric Deval Royaumont / PMT, Luigia Parlati doctorant EHESS (autour de Interzone Extended).

Durée : 45 mn – Gratuit.

 

 

17h30 Salles des Charpentes.

Serge Teyssot-Gay guitare électrique et co-direction.
Khaled Aljaramani oud et co-direction.
Keyvan Chemirani zarb, daf, udu, batterie.
Médéric Colignon trompette, bugle, idiophones.
Carol Robinson clarinettes et Marc Nammour poésie performée, rap.

Interzone extended.

D’abord parce qu’avec Serge Teyssot-Gay et Khaled Aljaramani en duo (2005), Interzone a trouvé l’alliagemagique : celui qui fond ensemble grammaires rock et modale des maqams arabes. Cet alliage a tenu bon dans l’aventure Extended, à cinq avec Keyvan Chemirani, Médéric Collignon et Carol Robinson (2012) puis à six avec Marc Nammour (Festival d’Avignon 2014).
Ensuite, parce que l’arbre Interzone a su croître d’écorce en écorce, en résonance avec son époque.
Marc Nammour exprime par sa parole toute la sève poétique contenue en filigrane dans Interzone, mais éveille aussi en nous la lucidité politique sur notre époque et ses menaces contre l’humain.
En 2002, Serge Teysssot-Gay rencontre Khaled Aljaramani venu de Syrie le voir à Beyrouth. Le Liban se reconstruit. En 2005, Interzone paraît, l’Europe doute. En 2012, Interzone à Royaumont : la Syrie est en guerre, les printemps ne sont plus arabes. 2014 : 200000 morts en Syrie, l’Europe est en crise. 2015 : ?
Interzone, ou l’art comme une peau de tambour.

Durée : 1h – Tarif B : de 8€ à 20€.