Les élus d’opposition ont quitté la séance plénière de l’assemblée départementale ce vendredi, au bout d’une heure de débat. Ils remettent en cause la gestion du dossier de la maison départementale des syndicats par la majorité et appellent l’UVO « à revenir sur sa décision. » Arnaud Bazin, président du Conseil général, dénonce « un coup monté » et compte ne pas reculer.

Chaises vides conseil généralLa tension est encore montée d’un cran ce vendredi entre le groupe majoritaire UVO (Union pour le Val d’Oise) et celui d’opposition VOUS (Val d’Oise Utile et Solidaire) au Conseil général du Val d’Oise. Lors de la séance plénière mensuelle, les élus de gauche ont décidé de quitter l’assemblée, une heure après le début des débats. Au cœur du combat entre les deux groupes : la maison départementale des syndicats, propriété du Conseil général, qui assume les dépenses de fonctionnement de 200 000 euros annuels. La majorité a choisi en juillet dernier de mettre fin à la convention d’occupation du bâtiment par les syndicats, dans un souci d’économies.

Il faut dire que l’ambiance était déjà lourde, avant d’entrer dans l’enceinte du Conseil général. Dès 08h30, des vigiles postés à l’entrée contrôlaient les véhicules arrivant. Les syndicats valdoisiens avaient en effet décidé de manifester devant l’institution, comme le mois dernier. Seule une vingtaine d’entre eux a pu pénétrer dans la salle des débats. Dès le début de la séance, une question d’actualité posée par l’opposition sur la maison des syndicats déclenche les hostilités.

« C’est une fin de non-recevoir ! »

PS Conseil généralAprès une intervention de Yann Garroui, secrétaire départemental de la CGT du Val d’Oise, et un échange déjà musclé entre majorité et opposition, Didier Arnal, président socialiste du groupe VOUS, demande une suspension de séance accordée par Arnaud Bazin. Réunis en conciliabule, les élus socialistes et apparentés ne comprennent pas la position de leurs adversaires politiques.« Ils s’attaquent délibérément au monde syndical », regrette Dominique Lesparre (PCF). Pour Cédric Sabouret (PS), « 200 000 euros sur la masse financière, ce n’est pas grand-chose. » De son côté, Hussein Mokhtari (PS) dénonce « un choix politique. Les syndicats participent à la vie du département. » Les élus décident alors de retourner en séance annoncer qu’ils quittent l’assemblée.

Après un nouvel échange, les élus du groupe VOUS s’exécutent. « La moindre des choses pour la majorité, c’était de présenter aujourd’hui les comptes-rendus d’une ou deux réunions de négociation, estime Didier Arnal. Là c’est une fin de non-recevoir ! Ce n’est pas une manière correcte pour traiter un accord historique concernant une contribution au dialogue social dans le Val d’Oise. »Dans un communiqué, le groupe VOUS appelle solennellement « l’UMP-UVO à revenir sur sa décision et contribuer à un dialogue social serein. »

« La gauche essaye de trouver des rideaux de fumée ici ou là »

Avec le départ des élus de gauche, le quorum n’est plus atteint pour la tenue de l’assemblée. Il manque en effet deux élus au groupe UVO pour continuer la séance. A la place, ils tiennent une longue réunion fermée pour débattre de la position à tenir sur la maison des syndicats.

Conseil général majoritéLe président du Conseil général Arnaud Bazin, reste inflexible. « La position du Conseil général est constante : aujourd’hui, nous sommes absolument écrasés par l’augmentation des dépenses sociales et la baisse des dotations de l’Etat, explique-t-il. Nous devons faire des économies là où ce ne sont pas nos compétences. On ne veut pas entraver le fonctionnement des syndicats ou forcer leur départ, mais trouver les modalités pour mettre fin à ces dépenses. »L’élu a semblé particulièrement agacé par le départ de l’opposition. « Cela ne se justifiait en rien, estime-t-il. Ils ont montré leur mépris pour le débat et les affaires du département. C’était un coup préparé : au niveau national, la gauche est dans un tel désarroi qu’elle essaye de trouver des rideaux de fumée ici ou là. »

« L’argument n’est pas financier, mais simplement politique »

Si Arnaud Bazin ne compte pas modifier sa position, c’est également le cas des syndicats valdoisiens. A la sortie, ils l’ont réaffirmé : ils ne reculeront pas et resteront rue Francis Combe. « On ne nous écoute pas, donc on essaye de hausser le rapport de force, explique Yann Garroui, secrétaire départemental CGT 95. On veut qu’ils mettent fin à leur volonté d’expulser les syndicats, dans une maison qu’ils occupent depuis 35 ans. Arnaud Bazin n’a pas l’air de vouloir bouger d’un iota : j’ose espérer qu’il reviendra sur sa décision, car nous perturberons chacune de ses sorties. » Pour le syndicaliste, l’argument économique ne tient pas. Pour lui, c’est « un choix politique. La maison des syndicats représentent 0,017% du budget annuel du Conseil général.L’argument n’est pas financier, mais simplement politique. »

Ironie du sort : la séance plénière comportait une délibération concernant les syndicats ce vendredi. L’assemblée devait voter le versement d’une subvention annuelle aux organisations, équivalente à 31 632 euros pour l’année 2014. La délibération sera donc votée lors de la prochaine séance. Elle devrait se tenir dès la semaine prochaine.

Au fil des semaines, la question de la maison des syndicats cristallise de plus en plus les débats. A seulement 4 mois des élections départementales, le dossier pourrait devenir l’un des enjeux majeurs de la campagne à venir.