LES REVENANTS
Henrik Ibsen / Thomas Ostermeier (Allemagne-France)
>théâtre

mercredi 22 janvier – 20h30
jeuid 23 janvier – 19h30
vendredi 24 janvier – 20h30

L’-Théâtre des Louvrais, place de la Paix / Pontoise

Dans l’intimité d’une soirée familiale, l’un des personnages, Oswald, celui qui va bientôt mourir, tente de se confronter à sa propre histoire. Mais ses proches, à l’inverse, fuient leur passé. La subtilité du texte de l’auteur dramatique norvégien, Henrik Ibsen est aussi une radicale critique de la société bourgeoise du XIXè siècle, confite dans le maintien des apparences et le puritanisme. Le directeur de la célèbre Schaubühne de Berlin, Thomas Ostermeier puise dans les relations des personnages, grâce à une distribution d’exception, toute la puissance d’un jeu qui, du plateau aux comédiens, va crescendo jusqu’au climax de la performance scénique.

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Hypocrisie et puritanisme au XIXè siècle sont au cœur du texte d’Ibsen. Ils hantent ce portrait de famille décrit par l’auteur norvégien. Thomas Ostermeier y joint son spectaculaire théâtre de la dévastation. Parce qu’il aime qu’un texte soit exigeant et l’oblige à se questionner, le célèbre metteur en scène allemand interroge aussi l’hypocrisie d’aujourd’hui, cet espace qui manque de mouvement entre la conscience et la réalité de l’action.

Ce géant de la scène européenne a le démon du jeu. Il est aussi toujours resté proche de ses auteurs fétiches. Ibsen est l’un d’entre eux. Altier comme l’iceberg, le patron de la Schaubühne de Berlin n’en démord pas. Durant toutes les répétitions et jusqu’à la première, immergé dans cette histoire de fils et de mère qui cherchent à échapper au fantôme du père, il a concentré son énergie tel un coureur de marathon pour accompagner les acteurs qu’il a choisis. Il a bataillé avec eux comme avec le texte. Un bonheur pour le théâtre et la création. Selon lui, l’acteur idéal vit les situations, il se laisse surprendre par elles, et prend plaisir à réagir. Il est à l’écoute de ses partenaires et avec eux cherche des solutions aux problèmes rencontrés, les invente.

Pour Ostermeier, le métier de metteur en scène tient à la fois du sculpteur et de l’entraîneur de football. « Alberto Giacometti, quand il sculptait réduisait jusqu’à l’extrême ses sujets. Je suis dans cette même logique : je n’ajoute rien, je soustrais. Mon ambition est de construire avec le moins d’outils possibles. Dans Les Revenants, il y a une scène tournante, une table et un sofa, c’est tout. Selon moi, la pièce d’Ibsen porte sur ces vieilles idées qui reviennent aujourd’hui comme des mantras. Nous vivons une crise terribe et les formules qui fleurissent viennent toutes d’un monde ancien : le bonheur domestique, le retour à la nation, le recours à la religion. Face à cela, je n’ai pas de réponses, que des questions. Le théâtre devrait servir à ça : exhumer la vérité d’une époque. »

« Pour Henrik Ibsen, fondateur du réalisme moderne, Les revenants raconte l’histoire d’une famille poursuivie par des spectres, témoins d’un secret dissimulé qui hante le corps et la conscience au point de les détruire. Ce monde fantomatique manifeste un état de crise sans le réduire à une étiquette pathologique. Plus qu’un symptôme de névrose, c’est un imaginaire très dense qui est mis en scène. Ces apparitions spectrales conduisent à un discours plus proche de la vision illusionniste que de l’expérience clinique.

Les événements observables sur scène ne constituent pas l’essentiel de cet univers complexe. Au moment où s’amorce le dialogue, la crise est déjà inéluctable, le drame enclenché et la catastrophe imminente. Le tragique naît donc moins de l’environnement social des personnages que de la tension des regards échangés entre eux.

D’emblée très remarqué, cela dès les débuts de sa carrière à la Baracke am Deutschen Theater à Berlin, Thomas Ostermeier est depuis 1999, directeur artistique de la Schaubühne am Lehniner Platz Berlin. Artiste reconnu à l’échelle mondiale, il a monté des pièces aussi prestigieuses qu’appréciées. Il a fait de Henrik Ibsen son auteur phare, à travers la mémorable Nora (en tournée sur cinq continents durant plus de cinq saisons), ou encore Hedda Gabler, Baumeister Solness et dernièrement L’Ennemi du peuple. Sa création Les revenants, véritable mise en scène de l’intime, est aussi garante d’un jeu d’acteurs radical et pénétrant. L’artiste allemand dissèque chaque personnage pour le mettre en situation, autrement dit en état de suggestion, pour le confronter à son ressenti, ses émotions refoulées, sa perversité et sa sensualité. Ce théâtre de l’intime est une introspection sur les ambiguïtés de chacun. Ce regard à la fois intrusif et abusif, fait surgir les réelles intentions, les mobiles de chacun. Rien de lisse ni de transparent dans cette dramaturgie scandinave qui use d’un biais extérieur à la subjectivité, un miroir tendu au moi par le truchement d’un autre. Idée habile que ce détour par l’interlocuteur pour capter les zones d’ombre d’un moi insaisissable et spectral. »
Inferno magazine, 03/11/2013.

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Distribution
d’après Henrik Ibsen • mise en scène Thomas Ostermeier • traduction et adaptation Olivier Cadiot, Thomas Ostermeier • scénographie Jan Pappelbaum • assistante à la scénographie Simira Raebsamen • dramaturgie Gianni Schneider • interprétation Valérie Dréville, Jean-Pierre Gos, François Loriquet, Mélodie Richard, Matthieu Sampeur • vidéo de scène Sébastien Dupouey • lumières Marie-Christine Soma • costumes Nina Wetzel • assistante costumes Marie Abel • musique Nils Ostendorf • assistante à la mise en scène Elisa Leroy • stagiaire à la mise en scène Ronja Römer • régie générale de création Julio Cabrera • construction décor Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne /// EQUIPE EN TOURNÉE : régie générale Sébastien Mathé • régie lumière Christophe Kehrli • régie son Denis Hartmann • régie plateau Philippe Puglierini, Matthieu Pegoraro • régie tournette Boussad Deghou • vidéo Stéphane Janvier, Giseppe Greco • habillage, coiffure Christine Emery • assistante à la mise en scène Elisa Leroy • administratrice de tournée Elizabeth Gay

informations pratiques
Tarif plein 19 € – tarif réduit 16 € – groupe scolaire 9 € – tarifs abonnés 5 € à 14€
Réservations au 01 34 20 14 14 – www.lapostrophe.net – reservation@lapostrophe.net