Cinq artistes professionnels aux techniques différentes ont été sélectionnés par Jean-Luc Guin’Amant, peintre et commissaire de l’exposition : Bistra, sculpteur ; Elvire Ferle, peintre ; Élisabeth Gore, peintre ; Olivier Guilbaud, photographe et Abdellatif Moustad, calligraphe. Ces artistes présentent un travail qui exprime leur rapport au monde. Au sens propre ou figuré, les « Mots d’artistes » s’étalent sur la toile ou se lisent à travers les propositions…

Bruyantes ou silencieuses, narratives ou abstraites, les œuvres sont le langage des artistes invités cette saison. Chacun présente une dizaine d’œuvres, aux techniques, matières et formats variés, qui sont mises en espace et en relation par le commissaire de l’exposition.

La ville de Saint-Ouen l’Aumône présente la 13ème édition d’Art actuel en Val-d’Oise, du 14 juin au 14 septembre. Cette exposition collective, qui se déroule dans le hall de l’hôtel de ville, a pour thème les « Mots d’artistes ».

Cette manifestation est un événement culturel remarquable dans le Val-d’Oise et dans l’agglomération de Cergy-Pontoise par sa pérennité, par la qualité des artistes présentés et par l’ouverture à un très large public. Son accès est gratuit durant tout l’été et permet une réelle rencontre entre des artistes d’aujourd’hui, leurs œuvres et un public initié ou néophyte.

Le vernissage aura lieu le samedi 15 juin à 18h, en présence des artistes et avec la participation d’élèves-musiciens du conservatoire Maurice Ravel de Saint-Ouen l’Aumône. Ainsi les publics se mêlent, la musique et les arts plastiques se rencontrent.

Exposition dans le hall de l’hôtel de ville du vendredi 14 juin au samedi 14 septembre, place Mendès-France.

Entrée libre
Vernissage le samedi 15 juin à 18h en mairie.

Renseignements pratiques
Mairie – Service culturel : 01 34 21 25 70
2 place Pierre Mendès France à Saint-Ouen l’Aumône

Horaires d’ouverture
Lundi : 13h30 – 17h30
Mardi, vendredi : 8h30 – 12h / 13h30 – 17h30
Jeudi : 8h30 – 12h / 13h30 – 19h
Samedi : 8h30-12h

Bistra sculpte des œuvres lisses et satinées comme une peau, enveloppées dans des volumes irréguliers. Elles sont réalisées en résine et en polyester coloré.

« Il faut donc accompagner Bistra dans son silence et nous taire devant son œuvre pour que la magie agisse. La magie vitale. Celle de l’Art, dans on essence première. »
Sébastien Doubinsky, écrivain

« Toute l’œuvre de Bistra Lechevalier invite à la sensualité dans tous ses émois : le choix des coloris – du blanc peau au rouge le plus vif, jusqu’au noir fatal, le coulé tout en rondeur des formes suggestives, le satiné de la surface… chaque élément constitutif de son travail renvoie aux sens, ou plus précisément, appelle les sens, les capte, les instruit, les conforte et les relance, sans laisse de place au rationnel, à l’évidence géométrique, ou aux standards de la représentation. Il ne peut être question de calculer l’œuvre avant de la découvrir, de la connaître ou de la comprendre avant de l’estimer ou pire de la juger, mais de la vivre par tous ses sens, les siens et les nôtres, de la contempler avec envie, de la respirer follement, de la tourner dans son esprit avide d’émotion, sans œillère ni barrière de style ou d’école. »
Denis Caminade, professeur à l’IESA

« Dans les sculptures de Bistra, la couleur monochrome liée à la forme témoigne d’un mode de méditation sur la lumière. Les sculptures semblent projeter de manière lisible une conversation rétinienne avec le créé, avec la nature comme langage. Elles sont abstraites. On les regarde comme l’objet d’une pensée intime. Leur sensibilité vivre avec l’air jusqu’à son en-dehors… »
Jacques de Longeville, poète

Elvire Ferle présente des peintures de grand format. Elle travaille la peinture à l’huile et l’encre de Chine.

« Qui regarde les toiles de Ferle à partir d’un angle mathématique pourra constater qu’elles sont soigneusement construites. Parce-que la toile est le chemin idéal entre passion et connaissance, entre l’élan et l’identité du coloris ».
Hugo Broutin, critique d’art

« Son travail est d’une très grande singularité. Pour moi, Elvire Ferle crée de nouveaux espaces, elle peint des ouvertures, des portes sur l’infini, vers une sorte de spiritualité issue du corps lui-même. Elle ouvre une porte sur un autre espace, une quatrième dimension. En regardant ses grandes toiles de couleurs, on est proche du trou noir, de la physique et des étoiles. »
Emmanuel Dayde, Historien d’Art

« Ferle se sert de la peinture à l’huile comme du lavis dont elle est passée maître, pour aller (certaines traces de pas en témoignent) au-delà. Elle va avec sa brosse comme fanal à travers cette obscurité qui précède le sens. Les tableaux font ainsi perdre aux murs leur opacité. (…) La lumière, structurée par la ligne ou la bordure, pénètre le tableau par l’intérieur, elle en devient le sujet, l’image qui donne vie au tableau. »
Jacques de Longeville, poète

La peinture d’Élisabeth Gore s’inspire de la nature. Elle travaille la matière par strates, la creuse, la grave, la gratte, toujours en quête d’une vibration émotionnelle.

« Depuis longtemps Élisabeth Gore accumule les recherches avec application et ténacité. Elle fait un travail en profondeur au cœur de la matière, avec la volonté d’aboutir à une peinture qui se révèle et s’exprime physiquement avec une forte présence. Il faut se rappeler ses premières expériences à travers une peinture figurative, très figurative, elle s’imposait déjà par la qualité technique et le choix des thèmes. Cette période m’avait beaucoup impressionnée. Cette envie de peindre est bien installée, elle vit en permanence les doutes, elle analyse avec assiduité ce que l’œuvre doit dire, ce qu’elle doit exprimer avec simplicité et avec peu de moyens graphiques. Comme la recherche l’exige, elle se formule dans une abstraction presque totale. (…) La matière et la pâte fascine car son contenu est intense, jubilatoire, costaud et dans cette matière elle s’y perd avec bonheur, elle se la fait sienne. Les teintes utilisées par Elisabeth Gore sont soigneusement travaillées, elles sont empreintes beaucoup aux teintes naturelles, les écrus, les pierres, les sables, le liège, le calcaire, les bruns et les terres, terre d’ombre, terre brulée, terre de sienne, les ocres toute une palette empreinte à la nature. Cette palette issue de la nature rassure, elles sont présentes dans nos environnements quotidiens. Que ce soit la rue ou la campagne. Une volonté d’aboutir la pousse à travailler en série sur des thèmes très affirmés comme dans ces recherches récentes, les failles ou les matrices. Des thèmes très ouverts, souvent ayant un contenu en rapport avec les êtres humains. (…) Demain sera un autre jour, une nouvelle série, une nouvelle conquête de la matière. Une vraie peinture.
Michel Savattier, peintre abstrait

« Oui, ce travail en série, patient, méticuleux, toujours dans une gamme de couleurs naturelles (comme à l’écart des effets tapageurs) a retenu mon attention et j’y sentais une analogie possible avec le poème travaillé en strophes. (..) Il y aurait là un poème visuel qui donne à voir, – comme des gestes et des traits nécessaires, indispensables -, ses biffures, ses corrections, ses accidents, ses progrès et sa coulée. (..) Il me semble avoir compris que l’évolution picturale d’Élisabeth Gore l’a menée du figuratif à l’abstrait. (..). L’œuvre se choisit un ailleurs, un nouveau territoire. Il y a une sorte de joie inquiète à marcher dans le sillage de cette œuvre qui avance. Précieux don que nous fait l’artiste »
Denys-Louis Colaux, écrivain

Olivier Guilbaud explore le mouvement des reflets sur l’eau et la réalité qu’ils transforment.

« Mon intérêt se porte sur les seules images réfléchies, en excluant du champ de la photo les objets d’origine. Cela a donné naissance à un premier travail appelé Philtre, en référence aux déformations recueillies sur l’eau de notre environnement urbain. En isolant des portions de ces sujets, des trésors de matières colorées aux textures variées se sont révélés. J’ai exploré des endroits comme Venise, Amsterdam, le port de Honfleur…, et j’ai regroupé ces décors dans deux séries appelées Encres Photographiques (2008 et 2010), en référence aux papiers à la cuve fabriqués à Venise. (…) Lors d’un nouveau séjour à Amsterdam, je me suis consacré essentiellement aux combinaisons sur l’eau des teintes vives des véhicules garés le long des canaux, associées aux reflets des bâtiments. Des mondes, qui resteraient invisibles sans l’assistance d’un appareil photo, se dévoilent. On pénètre dans des univers qui paraissent sous marins où évoluent des d’êtres improbables, on devine des cavernes peuplées d’une vie étrange… Notre imaginaire est sans cesse sollicité pour donner un sens à ce qui n’est plus rattachable au monde connu dans lequel nous évoluons. Dans quelques cas, les reflets se combinent avec des objets flottant sur l’eau comme des pétales de fleur… Tout cela n’est qu’un mirage, une image éphémère, un instant saisis dans les reflets du monde que nous habitons. Cela permet à des mondes cachés de se manifester, sans avoir recours à des drogues psychédéliques, ou à des artifices technologiques. Il suffit d’être attentif et curieux pour que ces univers se révèlent à nous, et nous entraînent dans une méditation poétique. (…) »
Olivier Guilbaud

« Peintre décorateur de profession, Olivier Guillaud pratique la photo depuis son enfance. Travaillant en numérique depuis 2004, il s’intéresse essentiellement aux effets de matière sous toutes leurs formes tout en guidant son travail vers des horizons différents. (…) La série baptisée « reflets » a aussi débuté en Birmanie, en photographiant les villages lacustres du lac Inle. Olivier Guilbaud fut frappé par le fait qu’il prenait rarement en compte les reflets des objets photographiés dans ses cadrages. Pourtant, ces miroirs déformants recèlent une réalité bien différente de l’objet dont ils sont issus. Ce nouveau regard a poussé l’artiste à retourner à Venise et Amsterdam, villes qu’il avait maintes fois photographiées, pour y étudier le comportement des objets dans leurs reflets et découvrir ces cités lacustres différemment. A travers ces clichés, on découvre que chaque lieu a sa propre signature de couleurs, de contrastes, de formes. Les différences entre ces villes sont bien plus fortes, plus violentes, que le réel ne donne à voir. » Collectif Up

Abdellatif Moustad est un peintre et calligraphe d’origine marocaine.

« Chez Abdellatif Moustad, l’écriture et la calligraphie traditionnelles sont d’abord des signes, des images, avant d’être des mots. Elles ponctuent sa peinture comme des traces, des silhouettes, des surimpressions sur les couleurs de la terre: ocres rouges, sable. Tout en finesse, son travail recycle les éléments de l’ornementation traditionnelle : volutes, ornements, moucharabieh, dorures. Le rouge vif y apparaît parfois comme un trait, une griffure sur les pigments couleur terre. Miniatures ou grands formats, son travail évoque toujours la trace, le passage. Quelques fois, des silhouettes filiformes s’y mêlent, évoquant le passage de l’humain dans ces paysages intérieurs, sensibles, marqués par la multiplication des signes et l’extrême délicatesse des matières et couleurs. »
Art sud, Centre des Arts du feu, La Réunion

« La calligraphie, domptée par Abdellatif, est comme un murmure que porte le souffle d’une psalmodie reprise en cour. Tantôt forte, puissante, impérieuse, marquant ses exigences, elle impose un rythme, une cadence de lecture…tantôt fluide, libre, soulignant à peine un trait, elle ne fait qu’entrevoir en se laissant deviner. Portées par un jeu de couleurs terre aux nuances ocres et siennes, les œuvres d’Abdellatif nous ramènent au désert, à ses couleurs, aux sensations qui nous font toucher à l’essentiel : l’émotion première, celle des hommes libres. La lettre arabe utilisée est celle de la mémoire, celle du verbe, du vers, du ralliement, du poète, des fils du soleil…elle se joue de la terre, elle sait s’affranchir du sable, elle est compagne des airs, des chants d’oiseaux, elle aime s’ancrer au cœur des hommes…c’est sur ces registres que s’offrent à nous les calligraphies qu’Abdellatif ordonnance sur ses toiles. Une œuvre chaleureuse, où se mêlent la terre et le ciel. L’ancestral immuable et l’intemporelle poétique : la calligraphie arabe. Il se dégage de l’ensemble des œuvres proposées à cette exposition une densité dans les couleurs qui nous tirent de la nonchalance des tons nuancés ocres-dorés, vers l’émotivité affolée que soutiennent des rouges volcaniques. »
Michel Arab, Galerie Arcima