« Un seul regard suffit, on a le cœur ensemble » expriment ces deux frères sacrés d’une musique sans frontière. A l’écart de l’agitation des hommes, après plusieurs années d’amitié, le duo a enregistré dans le cocon malien d’un studio de Bamako (celui de Salif Keita) Chamber Music, délicate potion magique qu’ils vaporisent aujourd’hui auprès des spectateurs du monde entier…

 Côté pile, Ballaké Sissoko, grand et doux virtuose de la Kora, musicien malien, héritier d’une tradition de griot « djeli »- mandingue, aux côtés de son cousin Toumani Diabaté, et du bluesmanTaj Mahal. Côté face Vincent Segal violoncelliste hyperactif que l’on connait par ailleurs pour ses collaborations avec M, Sting, PJ Harvey, Marianne Faithfull ou encore au sein du groupe déjanté Bumcello. Ils tissent un dialogue de cordes lumineux et méditatif. Chamber Music sonne comme une grande respiration musicale où es ondes subtiles de l’improvisation et la vibration secrète du silence redoublent de densité. Deux sensibilités à l’unisson qui présagent un moment rare et précieux.
 
Ballaké Sissoko est né en 1967 à Bamako (Mali). Fils du virtuose de la kora Djelimady Sissoko, il reprend dignement la lourde succession malgré le souhait de son père et devient à son tour griot.
En 1981, à peine âgé de 13 ans, il recrée l’Ensemble Instrumental du Mali fondé par son père et joue avec son cousin Toumani Diabaté. Après cette expérience, Ballaké Sissoko accompagne la chanteuse Kandia Kouyaté en tournée à travers le monde et collabore avec Ami Koïta. Il réalise un premier disque solo sur le label français Cinq Planètes. Ballaké Sissoko retrouve Toumani Diabaté pour l’album Nouvelles Cordes Anciennes (1999, en référence au premier album de kora publié par son père en 1970) et crée le groupe Mandé Tabolo avec son épouse, la chanteuse Mama Draba, Fasséry Diabaté (balafon), Adama Tounkara (n’goni) et Aboubacar Dembelé (bolon). Les albums Déli (2000) et Tomara (2005) paraissent sur Label Bleu. Musicien autodidacte avide de découvertes musicales, Ballaké Sissoko joue également avec Taj Mahal et enregistre l’album Diario Mali (2003) avec le compositeur italien Ludovico Einaudi.A l’automne 2009, il accorde son art à celui du violoncelliste Vincent Segal sur Chamber Music

Vincent Ségal étudie dans des classes musicales dès l’école primaire. Il intègre le conservatoire de Reims dans la classe de Pierre Penassou, puis le Conservatoire national supérieur musique et danse de Lyon, où il obtient un premier prix. En 1986, il bénéficie d’une bourse pour étudier à la Banff Fine Art School, au Canada. De retour en France, il s’installe à Paris où il commence à multiplier les expériences musicales avec des musiciens de tous horizons (classique d’abord, et contemporain, mais aussi et de plus en plus jazz, rock, musiques africaines, …).  Invité aux États-Unis pour participer au premier album du groupe Papa’s Culture, il part ensuite en tournée avec Chuck Brown et les P-Funk All Stars. Il joue avec l’itinéraire et de temps en temps avec l’Ensemble inter contemporain (solo de violoncelle électrique de Professor Bad Trip de Fausto Romitelli). D’ailleurs, il joue aussi bien du violoncelle acoustique qu’électrique. Cela l’a amené à participer aux albums de nombreux artistes, comme Steve Nieve,Elvis Costello, Cesaria Evora, Blackalicious, Carlinhos Brown ou Alexandre Desplat (B.Os de Lust, caution, Un héros très discret, Le Voile des illusions), et de jouer sur scène avec Papa Wemba, Naná Vasconcelos, ou encore en duo avec Doudou n’Diaye Rose junior, et en trio avec le tromboniste de jazz Glenn Ferris, trio qui enregistre trois disques. En 1996, il participe à l’Olympic Gramofon, groupe de Julien Lourau dans lequel il rencontre Cyril Atef avec lequel il fonde peu après leur célèbre duo Bumcello, que leur ami Vic Moan qualifie de « musique industrielle pour pays du tiers-monde ». En 2006 Bumcello obtient avec l’album Animal sophistiqué une Victoire de la musique.
Il collabore avec Matthieu Chedid (-M-) dès le premier album de ce dernier, Le Baptême en 1997, puis sur les suivants. Il a réalisé les albums de Franck Monnet (les embellies prix Charles Cros), Jeanne Cherhal (12 fois par an), Dupain (Camina), Georges Moustaki (Solitaire) En 2002, il sort son premier album, T-Bone Guarnerius, puis Cello en 2007 disponible uniquement en vinyl.
2008 marque sa collaboration avec Tryo sur le quatrième album sur lequel il signe des arrangements.
En Octobre 2009, il sort l’album « Chamber Music » en collaboration avec le joueur de Kora Ballaké Sissoko et enregistré dans le studio de Salif Keita au Mali. Le même mois sort l’album de Sting « If on a winter’s night », album de chansons sur le thème de l’hiver. Vincent a participé à l’album, et suit Sting pendant la mini tournée qui suivit. Les deux hommes se sont rencontrés un an plus tôt, lors de l’enregistrement puis les représentations de l’opéra de Steve Neive « Welcome to the voice » au Chatelet, à Paris.

Chamber music
Pour tout musicien, le jeu en duo représente une expérience résolument à part. Parce qu’il poursuit l’idéal d’un têteà- tête dont les protagonistes fondraient leurs voix dans le creuset d’une pensée commune, il met plus que jamais le partage à l’origine même du geste instrumental. Il n’exige pas seulement une très haute qualité de parole, mais aussi une exceptionnelle qualité d’écoute. En duo, c’est aussi et surtout avec les oreilles – le premier véritable instrument du musicien – que tout se joue. Cet art de la conversation basé sur l’entente et l’attention à l’autre, le joueur de kora Ballaké Sissoko et le violoncelliste Vincent Segal le poussent à son plus haut degré de justesse dans Chamber Music. Cet album n’aurait pu être que le témoignage d’une brève rencontre placée sous le signe du métissage des cultures. C’est heureusement bien plus que ça. Jadis pensionnaires du même label (Label Bleu), les deux hommes ont d’abord pris le temps de tisser d’étroits liens d’amitié. L’idée de travailler sur un album commun a germé il y a quelques années dans l’esprit de Ballaké Sissoko qui, au festival de jazz d’Amiens, venait d’assister à un concert de Vincent Segal au sein de Bumcello, son duo explosif avec Cyril Atef. Mais pour l’un comme pour l’autre, il n’était pas question de précipiter les choses. « C’était important d’apprendre à se connaître musicalement », précise le musicien malien. Pendant pas mal de temps, on s’est retrouvé chez Vincent à chaque fois que j’étais à Paris, on a aussi donné quelques concerts. On a construit notre complicité petit à petit. Aujourd’hui, quand on joue, on se comprend sans même se parler : un simple regard suffit. On a le cœur ensemble. Ce soin apporté à la pâte humaine de toute musique, Sissoko et Segal le cultivent depuis une bonne vingtaine d’années – le premier en ayant notamment croisé ses cordes avec celles de Taj Mahal ou du pianiste Ludovic Einaudi, le second en ayant assumé les rôles d’accompagnateur, d’arrangeur ou de producteur avec une myriade de personnalités aussi différentes que Cesaria Evora, -M-, Blackalicious, Piers Faccini, Sting ou Marianne Faithfull. Leurs parcours respectifs disent l’importance qu’ils accordent à ces transmissions de pensées et de sensations. Issus de milieux musicaux multiséculaires (la tradition griotique mandingue pour Sissoko, l’école classique pour Segal), ils auraient pu s’enfermer dans des schémas de jeu et de vie tout tracés. Du poids historique dont leur instrument et leur culture d’origine étaient lestés, ils ont fait un bagage, qu’ils ont emporté avec eux pour mieux prendre le large et étancher leur soif de savoirs. Quand Sissoko et Segal, en mai 2009, ont enfin décidé d’enregistrer un disque à Bamako, c’était donc pour appliquer une fois encore les principes d’une simple et lumineuse morale commune, dont le Français saisit en quelques mots la teneur : « Tu vas juste chercher où tu peux le plaisir de la musique. » Le plaisir de la musique, ici, s’est condensé dans l’espace et le temps que les deux amis se sont aménagés : une pièce nue dans le studio Moffou de Salif Keita, trois sessions d’enregistrement sans overdubs, tissées dans le cocon protecteur de la nuit malienne.

A l’écart de l’agitation des hommes et au cœur apaisé du monde, Ballaké Sissoko et Vincent Segal ont chassé de leurs esprits tout ce qui peut éloigner un musicien de son art – toutes ces vaines considérations de genre ou de style qui n’intéressent guère que les colleurs d’étiquettes – pour mieux se concentrer sur l’essentiel : l’imbrication harmonieuse de leurs langages et de leurs signatures, l’entrelacement de leurs chants intérieurs, auxquels les ondes subtiles de l’improvisation et la vibration secrète du silence sont venues apporter une densité supplémentaire. Leur complicité est telle que la kora et le violoncelle, loin de s’adonner à un trop formel échange de réparties, semblent s’exprimer d’une même voix : Sissoko et Segal mêlent ici leurs sangs et leurs sons pour conclure un pacte qui vise au jaillissement d’une parole justement unifiée, d’une incomparable limpidité. Ce qu’on entend dans Chamber Music est rare et précieux : deux sensibilités à l’unisson, sur la même longueur d’onde, créent une musique qui, littéralement, coule de source. Le même sentiment de concorde et la même impression de fluidité habitent les interventions des quelques amis auxquels Sissoko et Segal ont ouvert leur porte. La voix de la chanteuse Awa Sangho recouvre ainsi d’un fin voile de solennité le morceau Regret, composé en hommage au chanteur Kader Barry.

Sur Houdesti, longue plage vers laquelle toutes les forces tranquilles traversant l’album semblent converger, Mahamadou Kamissoko (ngoni) et Fassery Diabaté (balafon), présences fugitives mais pregnantes, achèvent de soulever de terre une musique arrachée aux courants et aux modes.
Sur deux titres, Demba Camara, lui, fait résonner les crépitements du karignan avec la science d’un maître du feu. Le tout est empreint d’une infinie douceur, de cette douceur qui favorise bien plus qu’elle n’altère la plus grande intensité d’expression. En enregistrant ce disque, Vincent Segal dit avoir songé à des musiciens comme le songwriter anglais Nick Drake ou la pianiste Annette Peacock, auteurs d’épures possédant la force d’inscription d’eaux-fortes.Les tableaux vibrants de Chamber Music valident naturellement ses visions : dépouillés de toute matière superflue, ils accèdent sans détours à la vérité première et bouleversante de la musique

Ballaké Sissoko et Vincent Ségal
Chamber musicAu Théâtre Paul Eluard, scène conventionnée de Bezons (95)- à 15 km de
Au Théâtre Paul Eluard, scène conventionnée de Bezons
162 rue Maurice Berteaux -95870 Bezons
Mardi 15 mai 21h
Vous avez la possibilité de vous restaurer à partir de 19h au bistrot du tpe et de réserver votre assiette charcuterie-fromage-crudité au 01 34 10 20 20.Paris)
Tarif de 10 à 18€ –  réservations 01 34 10 20 20
www.tpebezons.fr