L’éruption volcanique islandaise, qui a pour conséquence de clouer au sol au moins jusqu’à mardi les avions des aéroports franciliens, ne fait pas que des malheureux. Si des touristes se désolent d’avoir du renoncer à partir et d’autres se désespèrent d’être toujours bloqués dans les aérogares, les riverains de Roissy ont le sourire. Ils louent le nuage de cendres qui leur a offert un week-end sans trainées d’avions et surtout sans bruit. « On revit, s’exclame Pierre Feuillastre qui réside depuis 1952 à Ermont à 18 kilomètres de Roissy. On a passé un week-end extraordinaire comme si on était à la campagne. On a mangé dans le jardin sans avoir à hausser le ton à chaque passage d’un avion. C’est une bouffée d’oxygène qui fait prendre conscience que les nuisances aériennes sont insidieuses ». Mais le monde économique s’inquiète des conséquences sur l’emploi : 90000 personnes travaillent sur la plateforme aéroportuaire et le Val-d’Oise compte de nombreux sous-traitants.
 
 Pierre Feuillastre, retraité et actif militant de l’association de riverains Advocnar, a fait ses comptes : « Ils passent habituellement un avion toutes les deux minutes. Aujourd’hui, Roissy c’est 560000 mouvements par an. Les prévisions c’est 900000 vols par an, soit un avion toutes les trente secondes qui passerait au dessus de chez moi ».
Des élus se réjouissent aussi de la situation à l’image du maire (divers droite) de Saint-Prix qui a monté un collectif réunissant des professionnels de santé pour militer pour un couvre-feu sur Roissy. « Il aura fallu un nuage volcanique pour connaître une nuit sans avions ! s’exclame Jean-Pierre Enjalbert. Ce que la sécurité demande pour les avions, la santé pour les riverains l’impose tout autant, car se sont des centaines de milliers de personnes victimes de la catastrophe sanitaire des vols de nuit et des nuisances aériennes ».

Pour le maire de Saint-Prix, le phénomène naturel volcanique est donc loin d’être une catastrophe. « La vraie catastrophe c’est le mépris de la DGAC à l’égard de la santé et des principes de développement durable » dénonce-il. Un discours relayé par le maire PS de Gonesse, dont la ville est située au pied des pistes de l’aéroport de Roissy. « Sur la question des vols de nuit, l’homme peut-il arriver, si ce n’est à un couvre feu, à leur réduction significative ou faut-il attendre que la nature s’en mêle? » s’interroge Jean-Pierre Blazy qui veut coire en « une prise de conscience et l’espoir d’un cadre de vie plus paisible pour les habitants résidant en zone de bruit ». 

Les élus et associations de riverains, souvent résignés, trouvent avec ce phénomène naturel un bon moyen de faire entendre leurs revendications. « La priorité numéro un, c’est l’arrêt des vols de nuit. C’est le plus préjudiciable pour la population », explique Pierre Pierre Feuillastre qui suggère le redéploiement du fret de Roissy vers l’aéroport de Vatry dans la Marne. Et pour réduire les nuisances existantes en journée, ce riverain veut encore croire à une révision des trajectoires et à la piste d’un troisième aéroport.
Si les riverains des aéroports franciliens profitent d’un ciel sans avions, le monde économique en redoute les conséquences. «  Avec 90000 emplois sur la plateforme de Roissy et des avions qui ne décollent pas, c’est des journées sans travail pour des valdoisiens et le risque de chômage technique si la situation perdure », analyse un acteur économique du Val-d’Oise. Déjà Fedex, qui emploi 2000 salariés sur l’aéroport, ne peut plus assurer son activité normalement tout comme Air France et de nombreuses sociétés de sécurité … et des sous-traitants du département pourraient aussi souffrir de la situation. Economiquement, on estime qu’un million de passagers transportés depuis Roissy génère un millier d’emploi. Depuis jeudi, 1400 vols quotidiens ont été annulés à Roissy.