"Il faut 45 minutes à 1 heure pour aller à Roissy en transports en commun alors que Villiers-le-Bel est à 8 km à vol d’oiseau de Roissy", dénonce Didier Vaillant le maire PS de Villiers-le-Bel et Président de Val de France. Avec une vingtaine de maires, Didier Vaillant – invité du JT de VOtv lundi – participe à une conférence de presse ce mardi pour expliquer l’opposition des élus à la création de la liaison ferroviaire à grande vitesse Roissy-Picardie, porté par Réseau ferré de France (RFF). Ce projet aurait pour conséquence de rendre plus accessible l’aéroport de Roissy aux picards depuis Creil (Oise) alors que les habitants de l’est du Val-d’Oise ne bénéficient d’aucune liaison ferrée directe malgré leur proximité géographique avec l’aéroport. Voir l’interview du maire de Villiers-le-Bel.
Invité du JT de VOtv, lundi, Didier Vaillant demande à l’Etat d’activer le projet ferré dit du "barreau de Gonesse" – une liaison RER entre la ligne D (Gare du Nord – Orry la ville) et la ligne B (Gare du Nord – Roissy). "On réclame que le schéma de principe, les études, voire les acquisitions foncières soient lancés dès maintenant".
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Urbaniste, socio-économiste, spécialiste des questions de Travail-Emploi sur l’Ile de France et candidate Europe-Ecologie Val d’Oise
Les maires du secteur Est du Val d’Oise ont parfaitement raison en ce qui concerne le constat que ce territoire est un « oublié du Grand Paris ».
Par contre, relier mieux Roissy à son territoire local ne résoud en rien le problème de l’inadéquation des emplois du pôle avec son environnement. En effet, Roissy est un « faux bassin d’emploi », car en raison de postes de travail très spécialisés, d’horaires décalés, etc… ce pôle a une aire d' »influence directe » (attraction principale sur son territoire) qui ne dépasse pas 2 à 3 kms et une influence « diffuse » (attraction faible sur un grand rayon d’influence) qui est inter-régionale (toute l’Ile de France plus le Sud Picardie). Les emplois de Roissy constituent donc un « leurre » : il y a plus de travailleurs aujourd’hui qui habitent l’Oise qui viennent travailler à Roissy, que d’actifs du 95 ou du 93… Le bassin d’emplois « naturel » du centre et du Sud de l’Est Val d’Oisien (et notamment les 3 communes qui accusent le plus gros déficit d’emplois de l’Ile de France: Sarcelles, Garges-lès-Gonesse et Villiers le Bel: – 50 000 emplois ) est ce qu’on appelle l’aile Ouest du grand bassin d’emplois de Saint-Denis. Le bassin dyonisien comporte une soixantaine de communes et ressemble à un grand papillon, dont la tête est constituée par le coeur de pôle Saint-Denis/St Ouen/ Aubervilliers et deux ailes : à l’Est, le bassin de Bobigny et de l’Ourcq; à l’Ouest le bassin de Sarcelles. L’aile Ouest a le malheur d’être située sur le 95 et n’a pas bénéficié d’une liaison rapide avec St Denis comme l’aile Est (tramway Bobigny) . Le bassin de Sarcelles envoie pourtant chaque jour un flux de 25 000 val d’Oisiens sur Plaine Commune.
En revanche, le pôle de Roissy a le plus mauvais « taux d’efficacité » d’Ile de France: pour que 2 emplois profitent au territoire local, il faut en implanter 10. Améliorer les liaisons avec Roissy ne résoudra pas le problème d’inadéquation entre les qualifications offertes sur la plate-forme aéroportuaire et les compétences des actifs val-d’oisiens.
L’urgence est donc davantage de développer des emplois locaux (et la reconversion écologogique, l’économie sociale et solidaire le permettent) et d’améliorer les liaisons « naturelles » domicile -travail Nord-Sud, plutôt que d’essayer d’améliorer des liaisons Est-Ouest qui ne modifient en rien l’inadéquation de Roissy avec son territoire.
En revanche, développer une liaison Roissy-Picardie ne fera qu’aggraver cette tendance au déséquilibre. En 20 ans, la zone de résidence des actifs de Roissy s’est très fortement déplacée vers le Nord, la vallée de la Goëlle, le Nord de la plaine de France, elle s’étend de plus en plus vers Chantilly et la banlieue de Creil. C’est une absurdité écologique et économique. Un habitant de l’Est du Val d’Oise perd en moyenne 7 années complètes de travail supplémentaires dans sa vie d’actif dans les transports : c’est un gâchis de ressources humaines et écologiques inacceptable.
Le programme d’Europe-Ecologie prône le rapprochement habitat-emploi et dénonce les délires de réseaux de transports aussi coûteux qu’inefficaces. Les transports doivent être au service des besoins des populations et non induire les localisations des habitants et définir les territoires.
Jacqueline LORTHIOIS