Suite à une réunion vaine avec la SNCF et Réseau Ferré de France (RFF), les élus du nord et de l’est du Val d’Oise interpellent le président de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon. Dans un courrier commun, ils dénoncent d’une seule et même voix, l’urgence de la situation sur la ligne D du RER et demandent « le retour immédiat » au dispositif d’avant le cadencement du 14 décembre.

 « Médiocre, erratique, indigent, absurde, obsolète, d’un autre âge, discriminatoire », les superlatifs pour qualifier l’état de la ligne D du RER ne manquent pas dans le courrier des élus du Val d’Oise, qui pour le coup se font les porte-paroles fidèles des usagers. En effet depuis le 14 décembre et la mise en place du cadencement (lire l’article), la situation s’est nettement dégradée selon les voyageurs. Ils ont d’ailleurs manifesté à plusieurs reprises leur mécontentement et les élus présents lors de réunion ont notés la « virulence des débats indicateurs extrêmement alarmant de l’instabilité de la situation. »

Le mieux est l’ennemi du bien

Le dispositif « D8 » qui régie le fonctionnement de la ligne depuis la mi-décembre pour diminuer les retards est « une catastrophe pour les utilisateurs de la ligne qui en plus d’une qualité de service indigente sont désormais sanctionnés par un nombre de trains revus à la baisse et un temps de trajet allongé » affirment les élus. Depuis, à l’initiative du député UMP Yanick Paternotte, les élus du nord et de l’est du département ont rencontré le 5 février la SNCF et RFF pour exposer les problèmes liés à ce cadencement mais selon eux  les « réponses apportées –quant réponse il y a eut – ne sont pas dignes de l’obligation de service public de ces établissements. »  En conséquence ils en appellent au président de la région et du Syndicat des Transports d’Ile-de-France (Stif), pour obtenir le « retour immédiat au dispositif D12 » prévalant avant le 14 décembre. 

« Un frein à la création d’emploi »

 Dans cette lettre adressée à Jean-Paul Huchon, les élus indiquent qu’ils « ne comprennent pas qu’un territoire aussi dynamique que le pôle de Roissy et les communes environnantes puissent bénéficier d’un service aussi erratique et répondant si peu aux attentes présente et à venir. » Véritables « freins à l’investissement et à la création d’emploi » les conditions de déplacement sur le bassin stigmatisent un territoire où le chômage est déjà important. Les élus parlent d’ « un territoire handicapé par des moyens de transport d’un autre âge sous dimensionnés et régis par des principes obsolètes (décret de 1949). »

La liaison Creil-Roissy : une goutte d’eau dans un vase bien rempli

Secteur dynamisé par le pôle de Roissy, la Plaine de France pâti d’un réseau de transport inadapté qui ne permet pas de profiter pleinement de la plateforme aéroportuaire. Au moment où les élus locaux réclament de plus en plus fort une liaison entre les RER B et D au niveau de Gonesse, RFF travaille sur un autre projet favorisant l’accès à Roissy aux Picards, un projet « discriminatoire » affirment-ils. « Comment justifier auprès des populations qui attendent le barreau de Gonesse depuis tant d’années que les pouvoirs publics sont prêts à dépenser ente 200 et 400 millions d’euros pour Creil-Roissy alors qu’eux-mêmes, pourtant distants d’un dizaine de kilomètres de Roissy-CDG, n’ont pas accès à la plateforme autrement qu’en passant par Gare du Nord ? » interrogent-ils.

Si elle ne résout pas les problèmes, cette initiative, qui réunit les politiques locaux de tous bords, devrait permettre de porter le débat au niveau régional. Et vu le vent de contestation qui règne le long de la ligne D du RER, Jean-Paul Huchon devrait prendre en considération cette demande de rendez-vous.

Adrien Hilpert