LA POUDRE AUX YEUX de Eugène Labiche
du 14 novembre au 14 décembre
vendredi, samedi à 21 h, dimanche à 16 h

Mise en scène de Hubert Jappelle

>> Théâtre de l’Usine, 33 chemin d’Andrésy, 95610 Eragny-sur-Oise
01 30 37 01 11 – Tarifs : de 5 € à 15 €

La poudre aux yeuxLa poudre aux yeux est une comédie de mœurs en deux actes. Elle fût créée à Paris en 1861 et inscrite au répertoire de la comédie française en 1941.
Les Malingear sont de braves bourgeois vivant confortablement mais sans plus. Le couple a remarqué que Frédéric Ratinois (fils unique d’un négociant retiré) venait trop souvent faire de la musique avec leur fille Emmeline. Prié de s’expliquer, Frédéric déclare qu’il souhaite épouser Mlle Malingear. Il révèle aussi que ses parents vont venir sous un prétexte quelconque pour se renseigner.
Voulant en "mettre plein la vue" aux Ratinois par le luxe de leur train de vie, les Malingear vont déployer des trésors d’ingéniosité. Les Ratinois ne voulant pas être en reste, on assiste à une surenchère portée jusqu’au délire…

A juste titre l’œuvre d’Eugène Labiche fut longtemps méprisée par les intellectuels et réduite au comique vulgaire du théâtre de boulevard.
Il n’en est plus rien aujourd’hui : le surréalisme, la critique brechtienne et l’éloignement historique ont contribué à modifier le point de vue que nous pouvons porter sur un théâtre qui s’avère prodigieux. Le théâtre de Labiche nous apparaît désormais comme une satire, voire une critique féroce et lucide de l’univers bourgeois du milieu du XIXe siècle.
De fait, Labiche nous fait voir dans la dérision et le grotesque ce qu’Octave Mirbeau nous montre dans le sinistre avec, par exemple, Le journal d’une femme de chambre.

La poudre aux yeuxEugène Labiche vu par le surréaliste Philippe Soupault :
"Ceux qui exploitent l’œuvre d’Eugène Labiche le font encore avec une sorte de pudeur et comme en s’excusant. Auraient-ils compris que les personnages de Labiche, quand on les étudie, sont pour le moins "inquiétants" ?
Ils sont presque toujours avares, hypocrites, fats ou vaniteux. Les femmes sont souvent de fieffées menteuses, sans cœur, et bien entendu, elles sont aussi vaniteuses, quand elles ne sont pas bêtes, coquettes ou infidèles. Déjà du vivant de Labiche, les critiques ne voulaient ni ne songeaient à prendre au sérieux un auteur qu’ils ne considéraient que comme un "amuseur" habile, précisément, parce qu’il les faisait rire. "

Eugène Labiche est l’observateur le plus pertinent de la société du second Empire. Il a su la comprendre et la décrire avec une minutie et une énergie remarquables. Nous pénétrons avec Labiche dans ces intérieurs soigneusement clos, nous vivons dans l’intimité de ces hommes qui négligent ou refusent de se faire connaître.
Ces commerçants enrichis représentent une société. Nous apprenons leurs manies, leurs vices, mais nous connaissons désormais ce qui fait leur force et pourquoi cette force est si peu connue. Dépouillé de son atmosphère comique, le théâtre de Labiche est une peinture exacte et puissante de la société bourgeoise.

Philippe Soupault. Eugène Labiche. Mercure de France, 1964.