Jeudi matin, l’avocat général a requis une même peine à l’encontre des trois policiers accusés de « viols aggravés » sur des prostituées. Pour les quatre autres fonctionnaires qui comparaissent en qualité de complices, le magistrat a réclamé de la prison avec sursis.

 « Je tiens compte de leur repentance de l’image désastreuse qu’ils ont donné de la police et de la souillure, heureusement pas ineffaçable, qu’ils ont imposé sur l’institution policière ». Au terme de son réquisitoire long d’un peu plus d’une heure, l’avocat général Philippe Bilger lâchait enfin la peine requise à l’encontre des trois anciens fonctionnaires de la CRS 7 Romaric Leclercq, 28 ans, Yohann Mahé, 29 ans, et Cyril Dussart, 31 ans : « Au moins huit ans de prison, mais sans dépasser les dix ans. »

Ces derniers poussaient un soupir de soulagement alors qu’ils encouraient une peine de  vingt ans de réclusion criminelle pour « viols aggravés » sur des prostituées. De plus, quelques secondes plus tôt, Philippe Bilger indiquait que « si cela avait été monsieur Dupont ou monsieur Mohamed qui étaient accusés de viols à répétition sur une longue période, la peine aurait été au-delà de dix ans de prison. »  
La peine requise semblait donc d’autant plus étonnante qu’au-delà des crimes commis, « des affaires malheureusement ordinaires » lâchera l’avocat général, la gravité de leurs actes tenait également, et surtout, de leur fonction de policiers.

Prison avec sursis pour les quatre complices

Concernant leurs quatre complices présumés qui doivent répondre de complicité et non empêchement de crime pour ne pas les avoir dénoncés, l’avocat général a requis des peines avec sursis. Pour Gilles Gainaux et Stéphane Hiriguyen, qui faisaient « partie du groupe central », ayant « l’habitude de festoyer » avec les trois principaux accusés et de participer aux virées alcoolisées sur les boulevards des Maréchaux, Philippe Bilger a réclamé trois ans de prison avec sursis.
Pour Denis Godet et Christophe Fradelin considérés comme moins directement impliqués, l’avocat général a demandé 18 mois de prison avec sursis, tout en indiquant qu’il espérait « qu’ils ne reviendront pas dans la police. » Les quatre fonctionnaires sont en effet suspendus de leurs fonctions, contrairement à Romaric Leclercq, Yohann Mahé et Cyril Dussart qui ont été radiés.  

 Ils faisaient pression sur les prostituées

Ces derniers sont jugés depuis vendredi 7 septembre pour  onze faits de viols commis entre 2002 et 2003. Fonctionnaires à la CRS 7 section 5 affectée à la surveillance d’axes routiers de la périphérie de Paris et des abords du Stade de France, ils avaient en effet l’habitude de faire des virées nocturnes alcoolisées sur les boulevards des Maréchaux, en dehors de leur juridiction. Vêtus de leur uniforme, ils en profitaient pour faire pression sur des prostituées en situation irrégulière. Ils demandaient alors des tarifs réduits, et même « la pipe et l’amour » pour rien. « C’était comme le fait d’avoir des sandwiches à tarif réduit », concédera maladroitement Yohann Mahé à l’instruction.

La cours d’assises de Paris rendra son verdict vendredi soir.

Thomas HOFFMANN
L’Echo Régional

(plus d’informations sur le déroulement du procès dans le journal L’Echo Régional du 19 septembre)