Mis en cause dans un tract anonyme et par le président de l’Union syndicale des copropriétés  de Sarcelles pour ses frais de représentation en tant que président de la SEM Chaleur,  le maire de Sarcelles François Pupponi s’explique.

L’ÉCHO-RÉGIONAL : François Pupponi, on vous reproche d’avoir utilisé la carte Bleue de la Sem Chaleur à des fins personnelles. Comment justifiez-vous ces factures ?

François PUPPONI : Ces allégations contre moi sont scandaleuses et je les démens. Toutes les factures payées durant mon mandat de président de la Sem Chaleur l’ont été dans l’intérêt de la Sem. Quand vous sortez des documents de ce genre, vous pouvez leur faire dire n’importe quoi. Sur l’ensemble de ces factures, il y a un hôtel à Paris en trois ans. Si j’ai dû dormir au Napoléon (situé dans le 8e arrondissement de la capitale), c’est tout simplement parce que j’ai pris un train tard le soir et que je devais me lever tôt le lendemain pour un rendez-vous lié à la Sem.

– Dans ces relevés bancaires, on trouve également des notes de restaurant. À quoi correspondent-elles ?

– Oui, c’est vrai et je l’assume pleinement. Je suis désolé si  aujourd’hui la plupart des négociations se font dans les restaurants. Quand on négocie un contrat avec Dalkia (filiale de Veolia qui a repris la gestion du chauffage du grand ensemble de Sarcelles) pour plusieurs millions d’euros, cela ne se fait pas en claquant des doigts. Il faut aussi savoir que la majorité de ces repas ont eu lieu le midi à Sarcelles. Alors, oui, c’est vrai, j’ai invité une dizaine de fois des employés de la Sem à dîner ou à déjeuner. Encore une fois, je suis désolé mais on ne peut pas demander à quelqu’un de se défoncer et le traiter comme un larbin. Personnellement, je respecte mes collaborateurs, ce ne sont pas des chiens.

– Comment expliquez-vous ces nuits d’hôtel en province lors d’événements liés au Parti socialiste ?

– J’ai fait trois déplacements en province dans le cadre de mes activités professionnelles. À Nantes, c’était pour le congrès des HLM, où j’ai pu rencontrer des responsables de Dalkia et de la Caisse des dépôts et consignation. À Lille et au Mans, c’est vrai, c’était pour assister à des événements du Parti socialiste (États généraux du projet et congrès du PS Ndlr). Mais pas seulement. J’y allais également pour honorer des rendez-vous liés à la Sem. Dans ces cas-là, la Sem ne payait pas tous les frais de déplacement mais seulement la moitié.

– Quelles étaient vos activités au sein de la SEM Chaleur ?

– Je tiens d’abord à préciser que je n’ai jamais été rémunéré par la SEM Chaleur alors que j’aurais pu l’être. J’ai fait ça bénévolement, en plus de mon mandat de maire. Je n’avais pas de voiture de fonction et pas même de bureau. En trois ans de mandat, je n’ai dépensé que 13 000 euros de frais de représentation. Quand j’ai repris la direction de la SEM en juin 2004, le réseau de chauffage était catastrophique. Rien n’avait été fait pour l’entretenir et le moderniser. Il faudra d’ailleurs qu’un jour, mes prédécesseurs s’expliquent là-dessus. Je n’ai donc pas renouvelé le contrat avec l’ancien gestionnaire IDEX et engagé des procédures de rénovation et de rétrocession du réseau.

– La cession du réseau de chauffage urbain à Dalkia est contestée par l’Union syndicale des copropriétés de Sarcelles. Son président, Alain Chiche, reproche l’abandon de service public de la mairie. Qu’en pensez-vous ?

– Depuis un an, Dalkia gère effectivement le chauffage urbain. Des installations neuves vont être construites et le réseau va devenir moins polluant. Il y a eu abandon de service public parce que je ne trouvais pas normal que la ville de Sarcelles paye pour le grand ensemble alors que les habitants du village, eux, payent leurs factures de chauffage.

– Que comptez-vous faire de cette polémique ?

– Je me réserve le droit d’engager des actions judiciaires pour rétablir la vérité. Par ailleurs, en contestant les comptes de la Sem Chaleur, Alain Chiche entraîne les copropriétaires dans de graves déboires.

Propos recueillis  par Ludovic LUPPINO
ECHO REGIONAL

CHAUFFERIE COLLECTIVE
ça chauffe surtout pour le maire

Nuits dans des hôtels huppés et repas dans des restaurants chics, François Pupponi est mis en cause  pour les dépenses " personnelles " effectuées à l’époque où il était président de la SEM Chaleur.

François Pupponi est actuellement la cible de l’Union des conseils syndicaux de copropriété de Sarcelles. Son président, Alain Chiche, s’étonne en effet des frais de représentations déboursés avec la carte Bleue de la SEM Chaleur durant les années 2005 et 2006. À l’époque, le maire de Sarcelles était le président de cette société d’économie mixte qui avait pour vocation de gérer le réseau de chauffage du grand ensemble avant sa cession à l’entreprise privée Dalkia, filiale de Veolia.
Parmi ces dépenses : une nuit d’hôtel au Napoléon à Paris pour 258 e, deux repas au Train bleu, le restaurant huppé de la Gare de Lyon, et deux autres pour 126 e toujours dans la capitale au Café de Flore. Des nuits d’hôtel en province auraient également été réglées lors d’événements liés au Parti socialiste, à Lille (États généraux  du projet) ou au Mans (congrès du PS). Enfin, deux factures de téléphone portable de 332,90 e et 990 e auraient été effectuées à vingt-trois jours d’intervalle. Ces relevés bancaires ont valu au maire un article dans le journal Marianne daté du 7 au 13 juillet. Par ailleurs, un tract anonyme mentionnant le montant des factures circule dans les rues de Sarcelles et un dossier aurait été adressé au procureur.
Alain Chiche, qui conteste l’abandon de service public de la SEM Chaleur et le rachat du réseau par Dalkia, veut se servir de ce dossier pour faire pression. " Le maire nous a fait un rappel de plus d’un million d’euros sur la facture de chauffage alors que nous n’avons pas à la payer. J’ai demandé à consulter les comptes de la Sem mais il a refusé. Je ne vois pas en quoi une nuit d’hôtel ou l’achat de bouteille de champagne a pu servir les intérêts des copropriétaires ", explique-t-il.
À l’heure où nous mettons cette édition sous presse, François Pupponi n’a malheureusement pu être joint. Néanmoins, le maire de Sarcelles avait apporté quelques éléments de réponses dans l’hebdomadaire de Jean-François Kahn : " La journée, je suis à Bercy (le maire est fonctionnaire des Finances NDLR), ensuite je file à la mairie et, oui,  dans la soirée je m’occupais de la SEM. Si quelqu’un veut contrôler les 13 100 e dépensés en trois ans, je suis prêt ! J’assume avoir invité à dîner Me Lovichi (avocat de la SEM), Pierre Ferracci (expert comptable), Gregory Simonpoli (directeur de la SEM). "
Du côté des opposants politiques du maire, la réaction ne s’est pas fait attendre. Dans une lettre ouverte à François Pupponi, le conseiller régional et secrétaire fédéral du MRC Rachid Adda demande un " débat public sur les conditions de la cession du chauffage urbain " et qu’un audit soit effectué par un organisme indépendant.
" En cas de refus, je me verrais dans l’obligation de demander au préfet de saisir la Chambre régionale des comptes afin qu’elle examine la gestion de la SEM sous votre présidence ", assure-t-il.

Ludovic LUPPINO